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Bela�d ath Ali

Le premier romancier kabyle

http://www.depechedekabylie.com/read.php?id=18923&ed=MTE2MQ==

Bela�d ath Ali est n� � Azrou Oukellal (Azru Uqellal), un village assis sur une colline � une port�e de canon de cette ville de haute montagne qu�est Michelet. C�est aupr�s de sa m�re qu�il t�tera les rudiments de sa culture. Titulaire d�un brevet d��tudes, exploit rare � l��poque pour une femme, elle apprend � son Bela�d les secrets de la langue fran�aise.

Bela�d ath Ali est cet �crivain que les nombreuses anthologies de la litt�rature alg�rienne ont ignor� faisant mine de regarder ailleurs que vers cet authentique auteur kabyle, tout impr�gn� des traditions du pays. La marginalit�, il l�a connue de son vivant et qui se poursuivit manifestement apr�s sa mort.
En effet, il n�est pas ais� de cerner et de retracer l�itin�raire d�un �crivain hors-pair qui a toujours fui et march� sur les routes de tout son saoul jusqu�� perdre sa sant�, sa vie.
Pour retrouver les traces de ce boh�mien d�un autre temps, il faut prendre les chemins tortueux de la montagne, remonter � Michelet (rebaptis� "A�n El Hammam" [1] apr�s 1962) et chercher dans les derni�res sources de la premi�re moiti� du si�cle pass�. Et encore aucune �cole ou lieu symbolique ne porte encore son nom.
Ainsi, pour retrouver les traces du premier romancier d�expression kabyle, nous nous rabattons sur les Archives des Cahiers d��tudes berb�res.
Bela�d ath Ali est n� � Azrou Oukellal (Azru Uqellal), un village assis sur une colline � une port�e de canon de cette ville de haute montagne qu�est Michelet. C�est aupr�s de sa m�re qu�il t�tera les rudiments de sa culture. Titulaire d�un brevet d��tudes, exploit rare � l��poque pour une femme, elle apprend � son Bela�d les secrets de la langue fran�aise.

Le glas des chemins perdus

Apr�s quelques ann�es pass�es � l��cole d�Azrou, qui seront pour lui les plus belles, le glas de l�errance sonne pour Bela�d. Entre temps il sera appel� sous les drapeaux o� il brillera par son intelligence et obtient le grade de sergent-chef. A Alger, il joue au dandy, selon les archives des P�res Blancs. Avec son verbe facile et son fran�ais impeccable, il s�duit certaines familles de la bonne soci�t�. Mais le temps de gr�ce sera court pour lui, car d�s qu�elles apprirent sa v�ritable identit�, elles lui ferment la porte au nez. Le revoil� seul errant et passant ses nuits, quand il en a de quoi, dans les bains maures.
En l�an 1939, la Seconde Guerre mondiale �clate. A l�instar des milliers de Nord-Africains, il est mobilis�. Fin 1942, il participe � la campagne de Tunisie sur les lignes Mereth. Fragile, il est atteint du scorbut et perd toutes ses dents. Bela�d aimait � n�en plus se passer la dive bouteille. P�ch� qui pr�cipitera sa chute. Un jour de l�ann�e 1943, alors que son r�giment devait d�barquer en Corse, lui s�en est all� cuver. Trois jours durant, il s�adonnera aux plaisirs de Bacchus et rate l�embarquement. Sans le sou, malade, �dent� et, le comble de tout, d�serteur, Bela�d vend son uniforme pi�ce par pi�ce pour...assouvir sa soif de l�ivresse. Il reprend le chemin d�Alger dans la clandestinit�.


La descente aux enfers

A Alger qu�il a regagn�e apr�s des jours de gal�re, il vit d�exp�dients divers et des poubelles des nantis. Dans une de ses lettres au P�re Dallet, celui qu�il appelle "Bou lebsa tamellalt", il raconte : �D�cembre 1945. Par une nuit d�ivresse, Popey (c�est son sobriquet) s�est fait compl�tement d�shabill� par ses agresseurs. Il se retrouve avec une chemise devant un immeuble. La concierge, effray�e puis apitoy�e par ce qu�elle a vu, lui donne un sac de jute : il est sauv� ! Le sac enroul� autour de la taille, Popey peut d�sormais circuler. Il y met tout ce qu�il trouve dans les poubelles dedans. Entre-temps, il a aussi trouv� une vieille toile cir�e qu�il a attach�e sur ses �paules. Maintenant, il peut se m�ler � la compagnie des cloches.� Malade, Bela�d d�cide de remonter au village ; retrouver les siens. L� haut au moins il ne mourra pas de faim. Il retrouve m�me un travail ; sachant lire et �crire, il est embauch� comme magasinier � l�usine d��lectricit� de Ljem�a, situ�e � une dizaine de kilom�tres de chez lui. De ces moments, Bela�d profitera �norm�ment pour lire, �crire mais aussi jouer la mandoline qu�il affectionnait particuli�rement. Est-ce pour autant la fin de l�errance pour lui ? H�las ! c��tait compter sans l�inv�t�r� buveur qu�il �tait, car il sera vite remerci� pour �bri�t� au travail. Le revoil� � la maison les bras ballants. Les rapports avec sa m�re deviennent impossibles. Na Dahbia quitte le village pour habiter chez une de ses s�urs � Alger. Le revoil� encore seul, sans le sou et avec la peur d��tre arr�t� par les gendarmes pour d�sertion. Ces ann�es �taient en effet les pires du dernier si�cle pour les Alg�riens : les maladies, la famine... C��tait le temps des bons de ravitaillement aupr�s des autorit�s coloniales. Bela�d, �tant d�serteur, ne pouvait y pr�tendre. Il ne tirait sa subsistance que des quelques lettres qu�il �crivait aux villageois ou de l�aide d�un ami qui lui donnait � manger. Et parfois - oh ! Quelle b�n�diction ! - du caf� et des cigarettes. Ces pr�cieuses cigarettes qu�il fumait avec parcimonie lui tenaient compagnie pendant ses longues nuits de r�veries. C�est sans doute � cette �poque de faim et de solitude frisant le d�lire que Bela�d a �crit ses r�cits et po�mes �Culture du march� aux puces�. Mais Azrou devenait trop petit pour Bela�d et l�appel de l�errance devenait de plus en plus fort. Il prend la direction de Rabat (Maroc) o� son fr�re, Mohand Sa�d, mari� � une Fran�aise, est install� depuis 1947. Arriv� au Maroc d�sargent�, Bela�d fait le trajet Oujda-Rabat � pied. Sur place, il sombre vite dans le vagabondage et la boisson. G�n�, Mohand Sa�d devait se d�barrasser d�un Bela�d peu recommandable et peu enclin � la stabilit�. La rue reprend dans son giron Bela�d. Ce s�jour sera fatal pour lui. Gu�ri d�une pneumonie, il contracte une m�chante tuberculose. Expuls� du Maroc, il regagne Tlemcen par Maghnia. Dans son courrier au P�re Dallet, il �crit : �Pourquoi et comment j�ai quitt� Maghnia ? Jeudi je me suis r�veill� dans le commissariat. J�y avais �t� conduit, la veille para�t-il, dans l��tat que vous devinez. Le jeune secr�taire du commissaire me dit : "Nous avons remarqu� que vous �tes instruit. Il me semble d�ailleurs que vous savez faire autre chose que porteur d�eau et l�ivrogne. Allez donc � Tlemcen, voici une r�quisition sign�e du maire pour une place dans le train et voici un paquet de cigarettes que vous fumerez � ma sant� !"�. Arriv� � Tlemcen, Bela�d vend ses 14 derni�res cigarettes pour acheter de quoi calmer sa faim. Apr�s une nuit pass�e � la belle �toile, il est engag� le lendemain par un mara�cher. Il le fera travailler durement, mais Bela�d ne s�en plaignait pas. �Je vais faire griller quelques poivrons avec un oignon et une tomate. Ce qui me manque le plus est une bonne tasse de caf�, et aussi une lampe et un livre. Un bon livre volumineux substantiellement.� En d�pit de sa condition infrahumaine, la m�me avidit� et les m�mes plaisirs irriguaient la vie de Bela�d ath Ali. Ainsi dans les conditions les plus insoutenables qui feront capituler plus d�un, il trouve le temps de lire et d��crire.
Apr�s avoir pass� sa vie � errer, commence pour lui les hospitalisations r�p�t�es pendant lesquelles d�ailleurs il retrouvera quelque qui�tude pour apaiser sa soif intellectuelle. Bela�d �tait exigeant dans ses lectures. Dans Le journal d�Alger, il a �t� publi� une enqu�te sur le "g�ant kabyle". Ayant lu l�article et connaissant ses limites, il �crit : �... Je ne crois pas qu�il y ait eu jamais un seul �crivain qui nous d�crive et d�peigne objectivement... Seul, sans doute, un Kabyle pourrait le faire, parce que, seul il a acc�s � certains coins de l��me de ses ...cousins.� En �crivant ces lignes, le po�te ne savait pas qu�un certain Mouloud Feraoun avait �crit, mais sans le publier encore, l��uvre �Le fils du pauvre� qui rendra fid�lement ce que, justement, lui appelait "l��me kabyle".
Malade, il sera transf�r� de l�h�pital d�Oran � Saint-Denis de Sig. Puis, en 1951, � Mascara � l�asile des vieillards o� il rendra l��me.  Bela�d ne connut jamais le r�pit. D�s son enfance, il est marqu� du sceau de la faim. Cette faim qui �tait le pain commun � tous les Alg�riens de son �poque. Bela�d n��crivait pas pour �tre publi� et devenir une personnalit� reconnue. Il �crivait parce qu�il voulait exorciser le mal profond qui lui tordait les tripes. Pour l�apaiser. C��tait sa nourriture � lui. Parfois, pour oublier il s��panchait sur le papier d�un paquet de cigarettes qu�il recopiait par la suite.
Sa vie d�errant l�a malmen� et ne lui a pas laiss� le temps pour voir �clore pleinement son talent d��crivain. Il est le premier romancier ayant �crit en kabyle. Ses manuscrits, constitu�s de contes, de r�cits et po�mes, il les envoyait au Fichier d��tudes berb�res dirig� par J. L. Dallet. R�unies en deux tomes sous le titre g�n�rique �Les Cahiers de Bela�d� ou �La Kabylie d�antan�, ces �uvres gagneraient � �tre r��dit�es, lues et expliqu�es. Tout le g�nie de Bela�d ath Ali s�y trouve.

Hamid Arab

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