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Am�nagement du berb�re

Par Sa�d Chemakh*    

http://www.hebdo.amd-maghreb.org/index.php?option=com_content&task=view&id=150&Itemid=70

 

Les conditions historiques de l�am�nagement du berb�re en Alg�rie:
En travaillant depuis des ann�es sur la standardisation du berb�re en g�n�ral et du kabyle en particulier, de nombreux chercheurs se sont aper�us de la n�cessit� de tenir compte des donn�es historiques et sociolinguistiques dans leurs �tudes. Sans �tre directement impliqu�es comme l�est la lexicologie, par exemple, les donn�es sociolinguistiques s�av�rent �tre d�une importance capitale pour la standardisation de la langue car elles interviennent � deux niveaux de r�flexion :

Premier Niveau : la philosophie dominante en mati�re d�am�nagement linguistique du berb�re se fonde sur la standardisation convergente des vari�t�s existantes autant que cela est possible.

Deuxi�me Niveau : d�coulant du premier, pousse � favoriser les structures phonologiques, syntaxiques et lexicales communes au d�triment des ph�nom�nes strictement dialectaux. 

Or, comme les structures et relations syntaxiques sont assez stables pour l�ensemble du berb�re, la planification linguistique de corpus et plus pr�cis�ment l�am�nagement/ normalisation touchera essentiellement au lexique et � la notation de la langue. D�ailleurs, ceci �tait pr�visible vu que maintes planifications de corpus d�autres langues y sont pass�es. Dans son ouvrage "Politique et am�nagement linguistiques (1987)", J. Maurais note bien que : "l�am�nagement linguistique, c�est � dire l�intervention sur les structures linguistiques elles-m�mes, a surtout touch� l�orthographe et le lexique". Et cette normalisation est souvent faite pour r�pondre � des besoins de l�enseignement.

Les donn�es historiques permettent, quant � elles, de comprendre le processus de l�am�nagement d�une vari�t� linguistique et surtout de restituer chacun des contenus de cet am�nagement dans l�histoire.

Si on se limite � la d�finition de l�am�nagement linguistique comme �tant l�ensemble des efforts d�lib�r�ment effectu�s pour intervenir sur la langue tant sur son statut que sur son contenu (corpus), on pourra ais�ment parler d�un d�but d�am�nagement du berb�re d�s le XIXe si�cle. Ceci dit, le concept d�am�nagement linguistique n�est apparu qu�au XXe si�cle, et particuli�rement � partir des ann�es 60 ; il convient de pr�ciser sur quels crit�res on se base pour affirmer que l�intervention faite sur le berb�re par les militaires, les missionnaires et universitaires fran�ais (essentiellement) � partir du XIXe si�cle constitue le d�but ou plus exactement la base d�un "am�nagement linguistique".

Si l�on cherche dans toute la litt�rature linguistique berb�re, ce n�est qu�en 1983, que la notion de planification linguistique appara�tra dans un article �crit par S. Chaker : "De la description � la planification linguistique : un tournant dans le domaine berb�re". Or, cela ne veut pas dire que l�am�nagement du berb�re ait commenc� en 1983. Dans cet article d�ailleurs, S. Chaker revient sur les raisons qui poussent � formuler explicitement l�id�e d�une planification, alors que les diff�rents travaux des berb�risants et autres acteurs ont jet� les bases d�une �planification� implicite.

Comment, par exemple, est-on arriv� � avoir une notation usuelle en caract�re latin ? Cette derni�re n�est pas cr��e ex nihilo, elle est bien le r�sultat d�un processus de codification d�une transcription du berb�re en caract�res latins.

Or, un aper�u historique peut apporter des �claircissements sur ce long processus qui s��tale sur pr�s de deux si�cles et qui commence par une description du berb�re pour aboutir dans les ann�es 60 et 70 sur des vell�it�s explicites de standardisation/ am�nagement de la langue.

Cet aper�u historique peut �tre divis� en deux parties correspondant aux deux p�riodes essentielles :

1- la p�riode coloniale allant du XIXe si�cle jusqu�� 1962.

2- la p�riode actuelle allant de 1962 � nos jours.

Cette subdivision peut �tre justifi�e par le fait que les actions et les discours sur la langue berb�re diff�rent radicalement. De m�me que les acteurs et leurs motivations ne sont plus les m�mes.

  

Du XIXe si�cle � 1962.

Peu de choses, pour ne pas dire rien, �taient faites par l�Etat colonial pour standardiser et/ou am�nager le berb�re. Hormis dans le domaine de l�enseignement o� des institutions �taient cr��es, aucun autre effort n�a �t� entrepris pour la cr�ation de cadres, organes pouvant permettre � la langue berb�re de se d�velopper.

Pour cette p�riode, on peut d�j� citer la cr�ation de l�enseignement du berb�re � la Facult� de Lettres d�Alger d�s les ann�es 1880 suivie par la cr�ation d�un brevet de langue kabyle en 1885, la cr�ation d�un dipl�me des dialectes berb�res en 1887 et par l�instauration d�une prime annuelle aux instituteurs titulaires du brevet ou du dipl�me de berb�re. Ces premi�res actions seront d�ailleurs accompagn�es par la publication des premiers manuels.

A partir de 1913, l�enseignement du berb�re se consolide avec la cr�ation du cours de berb�re � l�Inalco (Paris). D�autres chercheurs (A. Basset, J.M. Dallet, A. Picard...) viendront assurer les cours au sein de la chaire de berb�re de l�Universit� d�Alger. L�existence de ce p�le scientifique de recherche et d�enseignement n�exclut pas la cr�ation et la naissance d�autres espaces d�enseignement et/ou de recherche sur le berb�re tels le centre du Fichier de Documentation Berb�re cr�� par les P�res Blancs � Michelet en 1946 ; ou le Centre d�Etudes R�gionales de Kabylie � Tizi-Ouzou.

C�est dans le mouvement nationaliste des ann�es quarante que se pose pour la premi�re fois le probl�me de la reconnaissance de la langue et de l�identit� berb�re et surtout lors de la r�daction des textes, m�morandums... sur l�ind�pendance alg�rienne par, ceux que les historiens appelleront plus tard, "les berb�ro- nationalistes"*.

  

De 1962 � nos jours.

A l�ind�pendance, le pouvoir politique qui s�est mis en place en Alg�rie a combattu tout ce qui est relatif aux Berb�res et � la berb�rit�. L�Etat alg�rien se revendiquant comme un Etat arabe, ne reconna�t comme langue officielle que l�arabe. La langue, la culture tout comme l�identit� berb�re sont pr�sent�s comme des cr�ations du colonialisme fran�ais quand elles ne sont pas rejet�es sous pr�texte de g�ner la r�alisation de l�unit� id�ologique arabe.

Les m�canismes de lutte id�ologique contre le berb�re sont alors mis en place d�s 1962. Les premiers textes fondateurs de l�Alg�rie ind�pendante, � savoir la Charte de Tripoli (juin 1962) et la Charte d�Alger (1963) sont tr�s clairs en la mati�re.

Cette situation perdurera jusqu�en 2002, bien qu�� partir des ann�es 90, certaines attitudes officielles tendent � se modifier (pseudo- int�gration) mais sans reconnaissance explicite de la langue berb�re dans les textes fondateurs de l�Etat.

C�est dans le secteur de l�enseignement que les premi�res cons�quences des orientations politiques du nouvel Etat alg�rien vont appara�tre imm�diatement apr�s 1962 avec notamment : - La chaire de berb�re de l�Universit� d�Alger qui est supprim�e.

- La recherche universitaire dans les domaines des sciences sociales qui est bloqu�e d�s lors qu�elle porte sur les Berb�res ou touche � la langue berb�re.

Et c�est autour du couple reconnaissance/enseignement du berb�re que va se cristalliser l�ensemble des revendications qu�adressent les diff�rentes composantes de la mouvance berb�re entre 1962 et 2001. C�est d�ailleurs ce qui appara�tra dans le bref historique qui va suivre.

A partir de 1962, seule la cha�ne de radio de diffusion kabyle semble �chapper � ce processus de n�gation/exclusion du berb�re, peut-�tre du fait qu�elle sert de vecteur de l�id�ologie officielle de l�Etat.

A partir de 1965, le mouvement de revendication de la reconnaissance de la langue berb�re �tait l�apanage de l�Acad�mie Berb�re (Paris) et de certains groupes universitaires tant en Alg�rie qu�en France avant de devenir un ph�nom�ne social et gr�gaire au Printemps 1980, l�enseignement de la langue a connu un chemin assez diff�rent.

Bien qu�en 1965, M. Mammeri put assurer des cours de berb�re au sein du D�partement d�Ethnologie de l�Universit� d�Alger, ce dernier fut supprim� lors de la r�forme universitaire de 1971.

A partir de 1980, plusieurs cours "sauvages" (pour reprendre le qualificatif usit� � l��poque), furent organis�s aux Universit�s d�Alger et de Tizi-Ouzou et � travers quelques lyc�es de la r�gion.

On remarquera � travers les publications de cette p�riode (1980-88), constitu�es pour la plupart de revues et de brochures ron�otyp�es l�existence de cours tir�s des manuels comme "La langue berb�re- Initiation � l��criture" �dit� par le G.E.B � Paris ou de "Tajerrumt n Tmazight" (grammaire berb�re) de M. Mammeri. Ce n�est qu�apr�s 1988, que l�enseignement du kabyle conna�tra un certain essor avec la libert� de cr�ation d�associations culturelles. Certaines d�entre elles (FNACA, Idles,...) ont assur� pendant des ann�es un enseignement de qualit�.

Au cours des ann�es 70 et 80, les multiples d�marches sont men�s par M. Mammeri, S. Chaker... pour l�int�gration du berb�re au sein de l�universit� alg�rienne se sont sold�es par le refus des autorit�s qui pourtant pr�nent un discours d�ouverture destin�e � l�opinion internationale.

Du fait de cette n�gation, aucune exp�rience d�enseignement institutionnelle n�a �t� tent�e pour le berb�re.

Toutefois, si toutes les tentatives de cr�ations de cours de berb�res au sein de l�Universit� alg�rienne avaient �chou�, au cours des ann�es 70/80, en 1990, un d�partement de langue et culture berb�res est cr�e � Tizi-Ouzou. Une ann�e apr�s, un autre voit le jour � l�Universit� de Bgayet (B�jaia).

Suite au boycott scolaire de 1994/95 et � la cr�ation du Haut commissariat � l�amazighit� (H.C.A), des enseignements "facultatifs", compl�mentaires... ont �t� autoris�s pour les classes d�examens de certaines r�gions berb�rophones.

Cet int�r�t port� � la reconnaissance du berb�re en g�n�ral et � son enseignement en particulier, va de plus en plus grandissant. Dans son ouvrage Textes en linguistique berb�re (1984), S. Chaker notait : "en quelques ann�es, la sensibilit� berb�re, la revendication d�un minimum de reconnaissance institutionnelle sont devenues, malgr� un contexte tr�s hostile, un ph�nom�ne de masse. De strictement kabyle qu�il �tait � l�origine, ce fait s��tend rapidement aux autres zones berb�rophones et l�on voit m�me se d�velopper un sentiment, voire une solidarit� pan-berb�re, en particulier dans les jeunes g�n�rations. Le mouvement est certainement irr�versible et il est probable que dans les d�cennies � venir, l�identit� maghr�bine elle-m�me conna�tra de ce fait une transformation assez sensible".

Bien que sur le plan institutionnel et dans les textes juridiques, le r�sultat reste tr�s maigre : suite au boycott scolaire de 1994/95, le r�gime en place cr�e l�institution, le H.C.A. charg� entre autres de �l�introduction de la langue amazighe dans le syst�me de l�enseignement et de la communication" (Article 4 / alin�a 2)�. Et dans l�expos� des motifs du d�cret portant cr�ation du HCA, le berb�re est mentionn� ainsi : "la langue amazighe, langue de tous les alg�riens".

Et dans le pr�ambule de la constitution de 1997, l�amazighit� est pr�sent�e comme un des fondements de l�identit� nationale � cot� de l�arabit� et de l�Islam.

Suite aux �v�nements qui ont secou� la Kabylie pendant les ann�es 2001 et 2002, un amendement de l�article 3 de la constitution a �t� vot� par les deux chambres le 07 avril 2002. Cet amendement appel� article 3 bis consiste-en :

- Tamazight est �galement langue nationale.

- L��tat �uvre � sa promotion et � son d�veloppement dans toutes ses vari�t�s en usage sur le territoire national.

Le fait notable, apr�s ce qu�on vient de voir concernant la politique officielle vis-�-vis du berb�re est qu�un changement minimum s�op�re dans le discours officiel o� l�on passe de la n�gation/exclusion de la r�alit� berb�re � une timide "int�gration". En l�absence d�une politique r�elle de prise en charge effective du berb�re, les r�sultats enregistr�s jusque-l� restent mitig�s et discutables dans les domaines suivants :

- l�enseignement o� le berb�re est facultatif, non g�n�ralis� m�me dans les r�gions berb�rophones et est limit� � deux ou trois ann�es 7� et 9� (et Seconde).

- les institutions publiques o� en dehors d�un journal t�l�vis� en trois dialectes diffus� par la cha�ne ENTV, le berb�re n�est pas utilis� dans les administrations publiques ex�cutives et l�gislatives (collectivit�s, assembl�es...) ni judiciaires...

- la culture o� la prise en charge �tatique des diff�rentes productions culturelles et artistiques (non priv�es) est quasi-absente,

- la loi fondamentale o� la reconnaissance en tant que langue nationale n�existe que depuis avril 2002 est exemple de minoration dont souffre le berb�re. En effet, ce dernier n�est qu� ��galement langue nationale� alors que l�arabe est pr�sent� comme langue nationale et officielle.

- sur le plan juridique, aucun d�cret d�application n�a �t� adopt� par une quelconque institution de l�Etat, ni m�me propos� en vue d�une r�elle prise en charge du berb�re dans un quelconque domaine que ce soit.

 

R�agir

 

*Sa�d Chemakh, Docteur en linguistique berb�re, enseignant � l�Universit� de Tizi-Ouzou.

*Appelation de Amar Ouardane.  

Tamazgha : novembre 2006.

 

 

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