Une science médicale sans compassion - - le passé et le présent

Histoire rétrospective de la CIAvs le LSD

Leo Goldberger, Ph. D.

New York University

 

Ce n'est pas une belle histoire, mais le seul fait de mentionner la CIA évoque de sales affaires et des préoccupation très éloignées de Science, enfermée dans sa tour d'ivoire. Toutefois, on ne le sait que trop bien, le monde de la science s'entremêle à celui des affaires, de la politique et du pouvoir et, plus souvent qu'autrement, ces mondes peuvent entrer en collision du fait de leurs hypothèses de bases et de leur système de valeur, qu'elles soient implicites et ne soient jamais examinées. Ce fut assurément le cas aux Etats-Unis dans les années cinquante et soixante où l'on a pu constater de graves manquements dans la conduite d'expériences sur l'humain.

Ces manquements ne se sont pas linités à l'administration de LSD et autres drogues psychotropes (psychoactive) ou peu connues à des personnes qui n'en savait rien (soldats, étudiants collègiaux et patients psychiatriques) et servaient de cobayes, ils englobent également une longue liste d'interventions plus macabres, telles que des radiations, des substances épuisantes, et l'usage d'instruments et de matériel paramilitaire. Certaines expériences ont fait appel à des formes drastiques de déprivation sensorielle et à des drogues paralysantes telles que le curare ou le Sernyl. Da'utres expériences ont combiné la déprivation sensorielle avec les technique de soi-disant (Psychic driving), ou encore le (Brainchild) du Dr. Ewen Cameron, un psychiatre important en son temps, qui consistait à soumettre des patients psychiatriques à une

p.2 répétition intensive (16 h. par jours pendant six ou sept jours, ou davantage) de signaux verbaux préarrangés accompagnés de chocs électriques violents. Entreprises à tout le moins hasardeuses fondées sur des idées pseudo-scientifiques et saugrenues et, assurément, un manquement évident à l'éthique. L'utlisation de diverses modalités d'évaluation de la personnalité et des techniques (invasive) sont également tout à fait inacceptables. Dieu merci, certaines techniques telles que l'exploration chirugucale du cerveau (our étudier les centres de la douleur) furent abandonnées parce que jugées trop dangereuses.

Les coupables qui conclurent un pacte quasi-faustien avec la CIA, compromettant ainsi leur credo scientifique, appartenaient au début à des catégories distinctes qui le devinrent par la suite de moins en moins. Tout d'abord il y eut le soi-disant personnel technique de la CIA, qui comprenait quelques scientifiques et qui, dans le cas des sciences du comportement (terme que j'utilise ici de manière très générale en y incluant toutes sortes de branches des sciences de la vie tout autant que des sciences sociales et des domaines de la santé mentale) étaient peu nombreux. En fait, la personne qui s'est rapidement élevée à la tête de l'unité du CIA's Mind Control, le Dr. Sidney Gottlieb, un protégé du directeur de la Cia lui-même, Richard Helms, était un pharmacologue qui avait un doctorat en biochimie et avait servi dans l'aile chimique du Technical Service Division et travaillé sur des armes bactériologiques et autres armements innommables. Mais le Dr. Gottlieb s'entoura bientôt de tout un personnel de psychologues et de psychiatres (willing) qu'il engagea à plein temps ou, dans certains cas, comme consultants au fur et à mesure des besoins. C'est essentiellement ce petit groupe qui a franchi l'abîme habituellement infranchissable qui sépare la Tecnical Division du CIA et l'Operational Division, celle-ci érant l' organisme dont les agents (p.3) sont responsables des actions sur le terrain et qui font en fait le sale travail.

La seconde catégorie était constituée d'un grand nombre de scientifiques, dont la plupart étaient, ou du moins le prétendaient, ingénuement ignorants de leur lien avec la CIA. (Il comvient de noter, pour ce que cela vaut, que selon la CIA, un quart des hommes de sciences américains qui furent contactés par la CIA acceptèrent de collaborer!) Ils bénéficiaient de boureses accordées par quelques fondations privées de recherche médicale. trois ou quatre en tout, qui servaient secrètement d'intermédiaires pour donder des recherches de type plus ou moins scientifique, mais qui présentaient un interêt immédiat ou potentiel pour la CIA.

Quelques scientifiques reçurent des bourses pour des travaux qui, de toute évidence, n'avaient que peu ou pas de pertinence pour la CIA; en fait ces projets et leurs poublications qui faisaient comme il se doit mention de la bourse et de la fondation, servaient de couverture. Leurs noms conféraient un certain lustre à la fondation qui dissimulait la CIA et semblaient lui conférer une certaine légitimité. Ce fut le cas, par exemple, pour Carl Rogers, le célèbre fondateur de la thérapie centrée sur le client : B. F. Skinner et Hans Eysenck, des psychologues mondialement connus, en sont d'autres exemples. Mais d'autres scientifiques savaient parfaitement d'où provenaient les bourses, ils étaient en fait directement en contact avec des agents de la Cia ou devinrent des consultants réguliers. Quelques uns canalisèrent des informations vers la CIA, ils l'informaient sur ce qui se passait dans les laboratoires, le revues, les réunions scientifiques et avait un intrêt potentiel. Une sorte de réseau d'espionnage scientifique, pour ainsi dire -- très, très secret dans la mesure où les enjeux relevaient de la "sécurité nationale" et oùil en allait également de la réputation de scientifiques associés à la CIA. (p4)

Mais je devance mon récit, il me faut tout d'abord indiquer quels furent mes interêts et mon rôle dans cette sordide affaire. Je vais indiquer brièvement comment je m'y suis inscrit, tout en continuant à narrer la partie pertinente de l'histoire.

En 1952 alors que j'étais un étudiant gradué en psychologie de l'Université McGill (Montréal, Canada), je fus sollicité pour servir de sujet dans une expérience. Je serai payé 1 dollar de l'heure et devrais réserver plusieurs jours. A court d'argent et poussé par le louable désir d'aider un étudiant gradué de mes amis à terminer sa thèse de recgercge, j'acceptai. Ainsi que je l'appris plusieurs années après, cette expérience était la première d'une longue série, connues sous le nom générique de déprivation sensorielle. J'étais isolé dans une petite pièce insonorisée et je devais rester allongé sur le dos, complétement immobile, avec des lunettes transparentes. Aucune activité, aucune stimulation sensorielle à lexception d'un test occasionnel de procédure par intercome afin d'évaluer mes fonctions mentales. Dans mon cas, l`expérience a duré vingt quatre heures. Dans mon souvenir ce fut plustôt une expérience ennuyeuse, uniquement interrompue par des moments de sommeil ou des rêveries fantasmatiques, mais ce ne fut ni particulièrement dramatique, ni débilitant et n'accsionna aucun stress. Bien que j'eus donné mon consentement en toute connaissance de cause, on ne m'a pas fourni par la suite d'explications bien satisfaisantes. On m'a simoplement indiqué le motif générale de la recherche - il s'agissait d'évaluer certaines hypothèses concernant la relation du système sensoriel avec le fonctionnement cortical - mais on ne m'a certainement pas dit toute la vérité qui, je l'ai appris plus tard, était qu'il s'agissait d'un examen des soi-disant techniques de lavage de cerveau. (p5) L'étude se faisait sous contrat pour le Canadian Department of Defense, et elle était ultra secrète.

En 1954, toujours étudiant, mais cette fois-ci à New York, j'ai été employé comme chercheur en psychologie au Cornell Medical Center du New York Hospital, dans un programme nommé "Human Ecology Program", et qui fait nommément partie du département de neurologie qui était alors dirigé par un éminent professeur de neurologie, le Dr. Harold G. Wolff, connu pour ses travaux pioneering sur les maux de tète, la douleur et les stroubles psychosomatiques. (Le dr. Wolff avait été rédacteur en chef des Archives of Neurology and Psychiatry de l'AMA et, en 1960, il avait été nommé président de l'American Neurological Association.) On m'avait assigné la tMche de participer à un porjet d'atude interdisciplinaire de l'adaptation de 100 chinois, hommes et femms, à la vie en Amérique. Il s'agissait d'un groupe de chinois qui était qui étaient venus aux Etats Unis sur une base temporaire afin de poursuivre des études post-graduée dans divers domaines. Lorsque les Communistes priprent le pouvopir en Chine, notre gouvernement décida d'empêcher le retour chez eux de ces hommes et de ces femmes dont la plupart se retouvèrent coincés aux Etats Unis loin de leur famille et faisant face à un avenir incertain. L'jquipe dont je faisais partie étudiait sur le vif - la tension due au dépaysement géographique et ses conséquences sur l'adaptation - afin de déterminer "les aspects ecologiques de la maladie," Pour citer le Dr. Wolff. Dans ce groupe interdisciplinaire, mon rôle était d'évaluer les chinois en utilisant toute une batterie de tests de personnalité et d'intelligence. Les anthropologues et les sociologues les interrogèrent sur des questions culturelles et de parenté, tandisqu'un psychiatre et un psychanalyste poursuivirent des entretiens exploratoires plus en profondeur. (p6) Pour leur participation à notre projet, le chinois eurent droit à un examen physique complet et gratuit, qu'ils apprécièrent tout particulièrement. Ils étaient également intrinsèquement motivés à nous parler de la Chine et de sa culture, sinon de leur vies interrompues.

Combien j'ignorais alors quil avait été prévu par d'autres que mon travail avec les Chinois pouruivait de tout autres buts. Ce n'est qu'en 1977, vingt ans plus tard, qu'au reçu d'un appel d'un journaliste qui voulait m'interroger sur mon implication dans le Human Ecology Program, que j'appris la vérité. Je fus surpris et choque d'apprendre quwe le programme auquel j'avais participé avait été entièrement financé par la CIA. (Incidemment, le projet chinois fut soigneusement copié, en utilisant des combattabts pour la liberté de la Hongrie en 1956, sous le douteux prétexte d'étudier les caractéristiques des "défecteurs.")

Subséquement, on a révélé que seul le Dr. Wolff, et peut-être une oudeux personnes de son équipe ainsi que d'autre plus haut placés dans l'université et l'adminstration de l'hopital ètaient au courant du rôle tenu par la CIA derrière la scène. Il semble que le Dr. Wolff ait été un ami personnel de Allan Dulles qui était alors directeur de la CIA. L'attrait de subventions continues, sur une grande échelle, qui pouvaient être redistribuées sur tout un évantail d'autres projets de recheche plus traditionnels sous la direction du Dr. Wolff, a du paraître bien tentant à ce bourreau de travail, absorbé par la science, ascetique et émotionnellement détaché. Sans doute, les sentiments patriotiques ont joué un rôle significatif étant donné l'air du temps. (p7). En 1955, en réponse à la vision grandiose et enthousiasre de Wolff d'une " Participation synergique entre la science et la CIA, celle-ci augmenta son programme d'étude pour la CIA en une fondation de recherche (l'argent venait présumément de riches donateurs privés et d'anciens patients, en fait de la CIA) qui fut connue sous le nom de "Society for the Investigation of Human Ecology,", dont Wolff était le président. Grace à ces mécanismes de fondation contrôlés par la CIA, Wolff accrut ses efforts et celui de son personnel au profit de l'Agence, efforts qui le menèrent loin au-dela de Cornell. Wolff avait de vastes ambitions scientifiques, c'est le moins qu'on puisse dire. Ainsi, il écrivit à la CIA qu'une qu'il aurait réussi à se représenter "comment l'esprit humain fonctionne", ile se faisait fort d'indiquer à l'Agence " comment il est possible d'amener un homme à penser, sentir et se comportern selon le désir d'autre hommes, et, inversement comment il est possible d'éviter d'être conditionné de cette manière."

Lorsque j'y repense, quelque évennement particuliers auraient du, pendant les deux années que j'ai passé avec le Human Ecology, éveiller ma suspicion que les choses n'étaient pas ce qu'elles paeraissaient être.

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