Les premiers pas du "Retour à Freud":

Le séminaire sur l'Homme aux loups

19/12/89

 

Jean Imbeault

 

Alors que j'étais étudiant à l'Institut de Psychanalyse, je m'étais inscrit à un séminaire qui devait porter sur l'Homme aux loups et, en fait, ce qui m'avait beaucoup bouleversé dans ma naïveté à ce moment-là, c'était que pendant ce séminaire on avait lu énormément de textes sauf sur l'Homme aux loups. Et je pense que c'est avec un peu d'hésitation que j'ai accepté une fois de plus de parler de l'Homme aux loups parce que si les psychanalystes ne se sont jamais privés de parler de ce texte-là j'ai cependant la conviction qu'il demeure l'un des textes les plus méconnus, plus encore que le reste de l'oeuvre de Freud qui l'est beaucoup, et que c'est un texte qui est essentiellement connu par ouï-dire. On dit que Freud a écrit sur l'Homme aux loups telle ou telle chose, on propose telle ou telle interprétation, mais dans notre monde contemporain on peut dire que c'est un texte qui circule essentiellement par ouïe-dire, c'est une version voire même une légende du texte de Freud qui circule parmi nous. Alors, bien sûr, j'ai le sentiment de donner tête baissée là-dedans en venant vous en parler. Aussi je vous enjoindrais de ne pas prendre pour du cash ce que je vais vous dire d'une part, d'autre part, j'espère que ce qu'on pourra dire ou discuter ce soir vous donnera le goût d'aller le lire.

Quand on dit : "lire un texte de Freud" ce n'est pas tout à fait comme lire une brochure publicitaire, c'est nécessairement un travail parce qu'il n'y pas un seul texte de Freud pourrait-on dire qui soit refermé sur lui-même. Tous ses textes sont éminement ouverts, tous ses textes sont construits comme des espèces de structures emboîtées, qui envoient des prolongements, des pseudopodes dans toutes les autres parties de son oeuvre. Et l'Homme aux loups, certainement, non seulement n'échappe pas à cette architecture-là, mais on pourrait que d'une certaine manière c'est le texte ou l'un des textes le plus exemplaire de cette écriture freudienne, c'est-à-dire un texte qui est construit de façon à renvoyer à la fois au passé de l'oeuvre, à ce qui a déjà été construit auparavant dans les textes préalables de Freud, qui, donc, à la fois renvoit au passé de l'oeuvre et projette des choses dans l'avenir. Si bien que, par exemple, on se rend compte - je crois que l'on pourrait fort bien démontrer çà - que dans Le Moi et le ça, dans lequel on soutient que ce qu'on a appelé la seconde topique ou la théorie structurale d'appareil psychique est développée, il y a énormément d'éléments de ce texte de 1923 qui sont proprement construits ou déjà établis dans l'Homme aux loups. On pourrait d'ailleurs dire çà d'un très grand nombre d'autres textes.

Je vais encore vous dire quelques mots sur la situation de l'Homme aux loups dans l'oeuvre de Freud parce que je pense que çà demeure une chose très importante, peut-être une des plus importantes de toutes. Je pense qu'on pourrait concevoir l'oeuvre de Freud et la représenter comme une espèce de sphère, donc une structure en trois dimensions, mais une sphère très irrégulière qui aurait des espèces de points d'attache avec les savoirs contemporains de l'époque de Freud mais aussi avec toute une culture antérieure, toute une culture qui lui appartenait et qui était immense. On peut donc la concevoir un peu comme une, sphère même si cette sphère est très irrégulière et ouverte en différents points, une sphère dans laquelle il y aurait des tas de troncs d'où partiraient des pseudopodes, des espèces de tuyaux qui viendraient se raccorder avec toutes sortes de savoirs, toutes sortes d'éléments de la culture de Freud. Mais c'est également une oeuvre qui est noyautée, une oeuvre qui est centrée par une espèce d'idée obsédante, qui est obsédée parl'idée autour de laquelle, la question, peut-on dire, autour de laquelle Freud construit son oeuvre. Et c'est une question qui sert aussi, d'appui à l'ambition de Freud de construire une oeuvre qui va traverser le temps, une ambition extrêmement grande, mais qu'on pourrait dire à la hauteur de l'idée qui centre toute son oeuvre. Autrement dit, Freud ne vend pas de "gomme balloon", Freud a énormément d'ambition et veut conquérir le monde avec son oeuvre, çà c'est clair et il s'en confesse souvent, mais ce n'est pas en vendant n'importe quoi. C'est en posant une question qui est à la fois au centre de ses préoccupations d'ordre philosophico-scientifiques mais qui également s'enracine dans toute sa nature, sa nationalité, sa nature de Juif. Alors on pourrait essayer de situer L'Homme aux loups quelque part dans cette oeuvre-là, mais en même temps, pour reprendre ce que je vous disais tout à l'heure, même si on situe ce texte en fonction de sa date et qu'on l'introduise entre un certain nombre d'autres textes, lorsqu'on le lit, on s'aperçoit qu'on ne peut pas, en le lisant, faire l'économie de ce qui est venu bien avant et de ce qui viendra bien après, si bien que par la date et par un certain nombre d'éléments, on peut situer le texte dans l'oeuvre de Freud mais d'une certaine manière, on peut dire que dans l'Homme aux loups il y a un microcosme de tout ce qu'on va retrouver dans le reste de son oeuvre.

Si on regarde le texte lui-même, il est en fait construit un peu comme tous les autres textes cliniques, un peu comme Dora en parlait la dernière fois, c'est-à-dire qu'il y a dans ce texte plusieurs sauts, plusieurs virages imprévus. Ce n'est pas un texte qui est linéaire, c'est un texte qui part dans une certaine direction et qui continue par la suite dans une direction complètement différente. C'est un texte qui commence d'une façon fort traditionnelle avec une anamnèse, qui n'est pas extrêmement intéressante, et qui n'est pas écrite de façon particulièrement intéressante. Et, soudainement, Freud nous dit - il l'a déjà annoncé dans son titre - que çà va être la narration d'une névrose infantile, non pas une névrose d'enfant ce qui serait un petit peu différent, mais une névrose infantile, c'est-à-dire une névrose qui a eu lieu, sans doute, qui n'a pas été notée par ses effets de façon particulière mais qui semble au coeur, au centre même du problème qui dans la vie actuelle du patient qui vient consulter le préoccupe. Donc, une névrose infantile est une névrose qui d'une certaine manière prend son efficacité après-coup et je pense que c'est sous cet angle qu'on doit concevoir la notion de névrose infantile qui est autre chose qu'une névrose de l'enfance. Alors, à partir de là Freud développe son texte en annonçant ou en établissant que cette névrose tient toute entière, est essentiellement appuyée sur un rêve. Et je reviendrai sur ce rêve-là tout à l'heure, non seulement sur ce rêve-là mais sur un autre rêve qui est également important dans le texte.

Freud nous donne donc d'abord la narration de ce rêve-là et une première interprétation très vite faite, une espèce de déballement d'un premier niveau d'interprétation qui va d'ailleurs très très loin et, au terme de cette interprétation-là, on est rendu à la fin du troisième chapitre du texte. Par la suite, Freud déploit, pourrait-on dire, les leçons, les prolongements qui sont à tirer de ce rêve-là. Et il déploie ces leçons-là- je crois qu'on peut risquer de le dire - dans trois dimensions différentes. Il nous a déjà dit dans son interprétation du rêve qu'il renvoyait à une scène sans plus en préciser la nature ni en qualifier les dimensions. Dans les conséquences qu'il va en tirer, Freud va développer, expliciter, pourrait-on dire, la nature et la définition de cette scène mais dans différentes dimensions. Et ce déploiement-là va se faire d'une façon qui est propre à Freud. Il n'y a pas de textes cliniques que je connaisse dans la littérature psychanalytique jusqu'à date - j'en ai parlé récemment avec François, je suis en train de faire une petite enquête pour essayer de savoir qu'est-ce que les psychanalystes appellent des textes cliniques - qui ressemblent vraiment, qui soient construits comme les textes de Freud et, en particulier, comme l'Homme aux loups. Donc, les conséquences de cette interprétation du rêve, cette scène proposée, supposée, cette hypothèse de scène, sont développées en partant d'un certain nombre d'indices, d'éléments puisés dans le déroulement de la cure de l'Homme aux loups. Il y a là-dedans de l'anecdote qui réfère à ce que l'Homme aux loups a vécu avec sa soeur. On peut dire que c'est quelque chose de proprement anecdotique. Ce sont des souvenirs dont on peut penser qu'ils sont relativement authentiques et qui font référence à des rapports pendant l'enfance, des rapprochements sexuels avec sa soeur aînée dans lesquels l'Homme aux loups se perçoit comme passif, comme celui qui est séduit. Il y a du contre aussi, il y a des éléments puisés dans ce qui venait nourrir, informer l'imaginaire et la mythologie de l'enfant qu'était l'Homme aux loups, et parmi ces contes, il y a celui des Sept Chevreaux, qui va être très important pour articuler un certain nombre de développements que Freud va établir.

Il y a aussi un certain nombre de ce qu'on pourrait appeler - j'hésite à employer ce mot-là parce que si je l'emploie je risque de suggérer quelque chose qui va être entendu comme un contre-sens mais je l'emploie tout de même - signifiants. On pourrait dire de mots-clés. On pourrait dire aussi de termes semblables à ceux que Freud appelait dans le texte sur le souvenir-écran, des points de contact, des éléments dans la scène, des éléments irréductibles, qui ne peuvent pas être décomposés en unités plus petites, des éléments qui tiennent à la fois du mot et de l'image et qui viennent articuler et donner sa singularité à un souvenir-écran bien particulier, singularisé au nom de quelqu'un. Il y aurait : fleur jaune, goût du pain, goût délicieux du pain, une certaine qualité de lumière, culbuter dans la lande avec sa petite cousine, cueillir un bouquet avec sa petite cousine, tout cela fait partie du souvenir-écran que Freud analyse dans son texte. Il y a donc un certain nombre d'éléments comme ceux-ci qui sont, pourrait-on dire et si on imagine le souvenir-écran comme un tableau ou une espèce de scène, des éléments absolument caractéristiques de cette scène. Freud les compare d'ailleurs à des éléments un petit peu burlesques qui ressortiraient comme en relief. Ce ne serait pas vraiment un tableau esthétique, mais ce serait un tableau comme on en voit, dit-il, dans les cirques ou dans les foires populaires pour attirer les clients dans une roulotte où on va exposer une dame, sur l'affiche on met l'image d'une dame et puis, pour bien distinguer ses rondeurs, on met en relief les seins et les fesses. Et dans le souvenir-écran, ces éléments, ces points de contact sont de même nature que çà. Ils sont un petit peu incongrus dans la scène. Ils sont trop forts pour le reste de la scène. Il y a de ces éléments-là dans l'histoire de l'Homme aux loups. Le mot "queue" ou l'image ou l'objet, si on veut s'exprimer ainsi, joue un rôle liant, pourrait-on dire, dans une bonne partie de l'histoire de l'Homme aux loups. Le blanc est une couleur ou un mot ou un flash d'une importance inouïe parce qu'on pourrait dire que c'est lui qui sert à Freud à faire la jonction, à jointer le rêve qui est dominé par le blanc et la scène qui est dominée par les draps blancs, draps sur lesquels d'ailleurs va se détacher à un moment donné quelque chose d'une autre couleur. On reviendra là-dessus.

Il y a comme çà donc un certain nombre d'éléments anecdotiques, un certain nombre d'éléments, appelons-les au sens large et non-impropre du terme, signifiés, ils servent à articuler constamment les développements que Freud va donner à sa première interprétation du rêve. C'est ce qui vient coudre le texte, lui donne sa logique, et ce qui en fait un texte extrêmement difficile à la fois à résumer et à contredire, voire à attaquer parce que pour le suivre et en suivre l'argumentation, il faut épouser chacune des coutures, il faut découdre chacun des éléments du texte. Et Karim se souviendra qu'on avait travaillé un tout petit peu ensemble, et lui, en particulier, sur un certain nombre de ces éléments ou de ces séquences interprétatives que Freud utilise pour ses développements. Dans une optique un petit peu différente et dans un autre lieu, je me souviens que Karim avait apporté un développement. Peut-être pourra-t-il y revenir un peu tantôt si sa mémoire lui est fidèle. Il s'agit d' un certain nombre d'éléments, d'idées ou de signifiants clés dont Freud se servait dans certains épisodes du texte à la fois pour arriver à certaines conclusions et pour lier les conclusions les unes aux autres.

Cette architecture est extrêmement singulière et je dirais qu'elle est propre à Freud. Pour en arriver à ces dimensions de la scène que Freud fait apparaître, je me disais qu'on nr risquait pas trop de se tromper si on postulait trois dimensions sous lesquelles Freud fait apparaître ou essaie de penser ou essaie de théoriser cette scène, cette première interprétation qu'il a donné du rêve. Une première dimension qu'on ne développera pas trop tout de suite, est celle qui renvoit la scène à quelque chose de Réel. C'est une obsession de Freud, et depuis très longtemps, d'essayer de déterminer quelles sont encore une fois les points de contact ou les éléments qui permettent de faire le joint entre ce qui reste, s'imprime du côté psychique et ce qui est de l'ordre de ce qui se serait réellement passé, de ce qui serait survenu du côté des événements. On sait que toute une partie de l'Homme aux loups, est une réflexion sur l'appartenance de la scène au Réel ou à ce que Freud appelle, si ma traduction est bonne dans le texte, la réalité. Et puis il y a toute une autre dimension de la scène postulée, interprétée, que Freud essaie de rattacher d'une façon ou d'une autre à ce qu'on pourrait appeler dans le sens extrêmement large du terme et en introduisant là-dedans des éléments du trésor des contes, du trésor des mythes, de tout ce qui peut servir à construire donc des récits de cet ordre-là, donc toute une autre dimension de la scène que Freud essaie, tente, parvient tant bien que mal, pas complètement, à rattacher à la dimension que j'appelle, au sens large encore une fois, fantasmatique, fantasme. Mais au fantasme peut-être pas au sens que nous, les modernes, donnons aux fantasmes; fantasmes au sens où Freud a encore tendance à l'employer. Par exemple, dans le texte sur l'inconscient en 1915 quand il parle de l'objet fantasmatique, c'est quelque chose qui équivaut pour lui, puisqu'il le dit comme çà, à l'image, l'objet imaginaire, donc toute une dimension qui ressort de près ou de loin à ce qui est de l'ordre de l'image. La scène est donc renvoyée d'une part au réel et, d'autre part, à l'image. Une autre dimension dans laquelle Freud essaie de rattacher la scène est celle qui passe nécessairement par le goulot, par le détroit du refoulement, c'est d'ailleurs à partir de là que Freud a donné sa première interprétation de la scène en disant que le rêve, c'est le refoulement de la scène, c'est à ce moment, au moment où l'Homme aux loups enfant fait le rêve du loup, qu'il refoule la scène et c'est à ce moment-là, simultanément, que la scène vient dans le domaine des représentations. C'est Lacan - je vais y faire appel parce que je suis à court de mots - qui dit que c'est à ce moment-là que la scène reçoit sa frappe, c'est-à-dire que jusque-là on pourrait concevoir que la scène n'était qu'un élément virtuel un peu comme quelque chose qui sert à - j'ai oublié le mot - étamper pas un moule mais quelque chose de cet ordre-là, à faire un moule. Donc, Lacan dit que le moment du rêve c'est le moment où la scène reçoit sa frappe. A ce moment-là quelque chose de la scène apparaît sous la forme du rêve fait simultanément au moment où ce qui est de l'ordre de la scène est refoulé dans le rêve lui-même et c'est ce par quoi, dit Freud, la scène se raccroche ou prend une dimension symbolique. C'est-à-dire que si dans le fait qu'elle représentera sous forme d'image une séquence imagée, elle relève de l'ordre de ce qu'on appelait tout à l'heure les images, par ailleurs, du fait qu'elle reçoit à ce moment-là cette frappe, du fait qu'elle passe dans l'ordre de ce qui est frappé, de ce qui est visible, de ce qui est rêvable, elle est marquée au coin du symbole et toute une partie de l'Homme aux loups, toute une dimension relève de l'ordre dy Symboliuqe. Bien sûr vous n'allez pas la retrouver dans un chapitre séparé parce que les trois dimensions dont nous parlons sont inter-reliées, sont comme tressées les unes avec les autres dans chacun des développements dans les cinq chapitres qui suivent le troisième; donc, ces trois dimensions-là vont être étroitement liées les unes aux autres et la dimension symboliques est l'une de celle que Freud a essayé de faire apparaître le plus.

Je ne dis rien ici de ce que Lacan développe et sur quoi François ou quelqu'un d'autre reviendra, à savoir : la position centrale du père dans cette dimension symbolique. Donc, les trois dimensions selon lesquelles Freud développe sa première interprétation du rêve de l'Homme aux loups, constituent, pourrait-on dire, le coeur du texte. Par ailleurs, on pourrait dire - et là j'aimerais revenir un petit peu pluus sur le rêve lui-même, en fait sur les deux rêves qui balisent le texte, qui polarisent ou marquent les deux extrémités du texte - que le texte se déploie entre le rêve des Loups et un autre rêve, le rêve de l'Abeille, le rêve de la Guêpe, le rêve qui est, expliqué, raconté à la fin du texte et dont Freud dit que quand ce rêve fut fait, la cure était terminée. Et de fait, si on regarde le texte et si on regarde le déroulement de la cure telle que Freud semble l'avoir conçue, c'est exactement ce qui s'est passé. D'une part, d'une certaine façon - même si ce n'est pas exactement vrai ce que je vous dis là - l'analyse de l'Homme aux loups a été inaugurée par la narration faite par l'Homme aux loups du rêve des Loups et elle s'est terminée par le rêve que l'Homme aux loups fait à la fin de sa cure où l' on peut voir plusieurs dimensions surs lesquelles je vais revenir Une de ses dimensions est que s'y trouvent résumées beaucoup de choses que Freud lui a dites et que d'une certaine manière il lui donne raison. C'est la preuve que sa cure n'était pas si terminée que ça, mais en tout cas... Moi, j'aime bien imaginer que, d'une certaine manière, l'Homme aux loups tel que je le conçois, arrive - même s'il était plus naïf que ça, mais quand même - chez Freud et à un moment donné, lui dit, sous-entend - il ne lui dit pas çà mais il le pense danns sa tête - "Freud, tu es apparemment très bon dans les rêves, eh bien amuses-toi donc avec ça"... et lui raconte le rêve des Loups. De fait, c'est un rêve qui est fascinant à plusieurs titres et Freud n'échappe pas à cette fascination. Mais le côté le plus fascinant de ce rêve, c'est que peut-être dans toute la littérature psychanalytique, c'est celui qui met le plus en évidence, insiste le plus, met le plus l'accent sur l'extraordinaire fragilité de la ligne de démarcation entre ce qu'on peut appeler la vie éveillée et le rêve.

En fait, le vrai drame, ou à un premier niveau le drame de ce rêve-là, son côté proprement cauchemaresque c'est çà, c'est un petit garçon riche entouré de domestiques, névrosé pour toutes sortes de bonnes raisons - on ne va pas trop expliquer ici mais Lacan insiste un petit peu là-dessus dans son texte - qui, à la veille de son anniversaire qui est aussi le jour de Noël, donc au moment où il attend des gratifications importantes se couche et donc s'endort dans son lit avec devant lui une fenêtre aux volets fermés. Mais il sait très bien, même s'il est tout petit, et parce qu'il est capable de voir dehors, que derrière ces volets il y a un noyer et comme c'est l'hiver, c'est un noyer sans feuilles aux branches décharnées. Il s'endort et les volets s'ouvrent. Sur le noyer il y a cinq ou six loups avec de longues queues et le plus extraordinatire, c'est que ces loups, qui sont très vivants il n'en doute pas, sont parfaitement immobiles et le fixent du regard. Il s'éveille dans une extrême angoisse dont on peut dire que c' est par peur d'être dévoré par les loups, ce qui est de la `bull-shit', on peut dire que l'angoisse est la peur d'être fixé comme çà par les loups, ce qui n'est pas beaucoup moins de la `bull-shit', en fait l'angoisse surgit parce qu' à ce moment-là et pendant un instant il est impossible de savoir de quel côté est la veille et de quel côté est le rêve. Le terrible de rêve-là c'est qu'il place le sujet pendant un instant indéfini sur cette ligne de démarcation, cette ligne virtuelle. Et je pense que c'est ce qui saisit Freud le plus.

En tout cas, c'est une interprétation que je vous donne. Je vous ai mis en garde avant de commencer à parler, mais mon impression c'est que c'est ce qu'il y a de plus vivant dans la préoccupation de Freud. Je n'insiste pas sur ce que Freud va en faire par la suite parce que vous êtes capables de le lire. Je n'insisterai pas non plus sur la scène qu'il postule à la base de tout cela. De fait, le jeu de Freud - je pense que Karim avait travaillé aussi là-dessus - c'est d'inverser le sens d'un certain nombre de mots et de dire que ce qui est là immobile cache en fait une extrême agitation. Dans ses différents développements à propos de la scène - j'en choisirai un au hasard - Freud est amené, précisément au sujet de cette ligne de démarcation, à postuler ou à réimaginer tout ce qui est mis en scène, c'est-à-dire de raviver ce qui est mis en scène dans le rêve de la façon suivante en remarquant aue l'Homme aux loups alors petit enfant est placé soudainement dans cette scène devant quelque chose qu'il ne comprend absolument pas : le coït de ses parents - ses parents qu'on peut imaginer en sous-vvêtements, partiellement, presque totalement dévêtus à part les sous-vêtements blancs sur des draps blancs. L 'Homme aux loups, même s'il est tout petit, est mis très exactement sur la même ligne d'indécidabilité quant à savoir de quel côté sa pensée va aller. Il est mis en présence de cette extraordinaire ténuité de la démarcation entre ce qui est de l'ordre la veille et la pensée réunis, et ce qui est de l'ordre du rêve, on pourrait dire également ce qui est de l'ordre de l'hallucination et ce qui est de l'ordre de la perception. Et ce que trouve l'Homme aux loups à ce moemnt-là, c'est la possibilité de s'éjecter, d'éjecter quelque chose de cette scène-là tout en marquant, tout en frappant quelque chose d'indélibile dont il ne pourra plus jamais s'affranchir de façon complète par la suite, c'est le recours à une zone érogène, en l'ocurrence la zone anale. Et Freud affirme à ce moment-là dans une drôle de formulation : "J'avais omis de vous dire une chose mais là je vais vous le dire pour que vous sachiez tout. Ce qui s'est produit à ce moment-là, c'est que l'enfant sur le drap blanc a émis une selle, a fait apparaître un point complètement différent, quelque chose d'une différence radicale et - çà serait trop long de développer tout çà ici mais ce qu'il est important de dire c'est que l'un des éléments essentiels que Freud détache de son interprétation de la scène, c'est très précisément ce moment où quelque chose est abandonné, quelque chose est éjecté à travers quoi la scène se fixe de façon indélébile, mais une partie des représentations de l'Homme aux loups va se détacher et va circuler désormais en dehors de cette scène-là ne pouvant que faire retour sous la forme de quelque chose d'entièrement étranger dans d'autres circonstances.

Il me resterait à dire une dernière chose parce que j'ai déjà beaucoup parlé. Il faut dire quand même quelque chose du deuxième rêve, du rêve de la Guêpe. Vous savez comment s'est déroulée la cure de l'Homme aux loups, c'était une cure qui a piétiné pendant longtemps où Freud a fait beaucoup d'élucubrations sauf qu'il avait le sentiment que rien ne fonctionnait et de fait, tout s'est mis à fonctionner lorsque Freud a posé un ultimatum à l'Homme aux loups en lui disant : "il faudra que tu craches le paquet parce que çà va se terminer d'ici x temps, alors prends-en ton parti, moi je commence à en avoir marre, çà va s'arrêter.'" Et alors l'Homme aux loups déballe tout son sac à ce moment-là et termine la cure par le rêve de la Guêpe. Ce serait assez long de détailler ce rêve mais il est précédé par la trouvaille du souvenir d'une jeune bonne qui avait, selon Freud, très certainement été la première, la vraie séductrice de l'Homme aux loups. Cette jeune bonne portait un nom de poire, d'une poire très particulière dans le nom duquel le jaune jouait un rôle très important, et l'Homme aux loups, lorsqu'il décide de résumer l'interprétation de Freud, rêve qu'on arrache ses ailes à une `espe'. Freud demande à l'Homme aux loups, "Espe qu'est-ce que c'est?" et l'Homme aux loups le lui décrit. Alors Freud dit, `Vous voulez dire une Wespe, une guêpe.' L'homme aux loups avait enlevé dont le W. et il reconnaît : "ah! on dit Wespe, je croyais qu'on disais Espe, S.P. ce sont les initiales de mon nom, S.P. c'est moi." A ce moment-là Freud veut postuler - il y a un très long développement auquel je ne ferai pas justice ce soir - que çà c'était le moment symbolique par excellence où l'Homme aux loups établissait, trenscendait, pourrait-on dire, son père réel qui n'était pas du tout un père castrateur Il retrouvait ou établissait quelque chose de l'ordre du père symbolique, c'est-à-dire non pas du père réel mais du père institué comme l'agent au compte de qui est porté la castration, mot dont on n'a pas du tout parlé mais la castration est un concept qui joue un rôle central dans ce texte.

Alors, pour conclure, je dirais que contrairement au texte sur Dora où Freud tout de même à la fin se préoccupe de cette dimension transférentielle qu'il a un peu loupé, et qu'il sait qu'il a loupé, dans l'Homme aux loups on pourrait dire que Freud ne fait même pas du tout allusion au transfert et d'une certaine manière on a le sentiment que la dimension transférentielle dans cette cure lui échappe ou du moins que quelque chose d'essentiel dans cette dimension transférentielle lui échappe, tellement que lorsque l'Homme aux loups reviendra le voir, Freud va entendre le discours et la demande de l'Homme aux loups comme si elle s'adressait directement à lui. En effet, L'homme aux Loups revient le voir plusieurs années plus tard et lui fait part du fait qu'il est mal pris, qu'il est pauvre, qu'il a de la difficulté, des difficultés de tous ordres et Freud ne trouve rien d'autre à faire à ce moment-là que de ramasser de l'argent pour lui, de lui donner l'aumône. On peut donc dire qu'il a alors réagi comme si le discours de l'Homme aux loups lui était directement adressé, mais très certainement on peut dire également que quelque chose de çà existait déjà dans la première cure et qu'il n'y a pas de doute que devant le défi que l'Homme aux loups lui lançait avec sa névrose et avec ses rêves, Freud a réagi d'une certaine manière comme si le discours de l'Homme aux loups s'adressait non pas à quelqu'un d'autre mais directement à lui.

 

François Peraldi

 

Cette absence d'analyse de la dimension transférentielle dans l'Homme aux loups prend tout son relief lorsqu'on compare le travail de Freud avec celui de Ruth MacBrunswick qui est presqu'entièrement consacré à l'analyse du transfert de l'Homme aux loups sur Freud. Cela me fait penser à quelque chose que Michelle Montrelay m'a souvent dit à propos des gens qu'elle a repris en seconde analyse après Lacan. Une des constantes du travail qu'elle avait à faire était précisément d'analyser le transfert des analysants de Lacan sur Lacan. En somme, çà se résumait à çà: ce qu'elle remarquait - et çà rejoint ce que tu viens de dire - c'est qu' à la limite on pourrait presque entendre que Freud aurait fait, si l'on peut dire, la première analyse axée sur le signifiant puisqu'en somme il arrive à un signifiant primordial, peut-être pas complètement mais c'est certainement quelque chose qu'il aurait pu poursuivre jusqu'au bout. Et toute la question qui se pose dans l'analyse qui est axée sur le signifiant et sur le signifiant primordial, c'est dans quelle mesure elle ne peut se faire que soutenue par un transfert, certes, mais qui reste totalement hors analyse. Et à la limite çà impliquerait qu'il faudrait toujours une seconde analyse pour que l'analyse du transfert puisse se faire ailleurs. Et curieusement on pourraut alors entrevoir un processus sans fin, c'est-à-dire qu'il faudrait renvoyer à une troisième pour analyser le transfert du second, et comme çà où on pourrait imaginer un cauchemar sans fin dans une sorte de tentative d'épuiser les possibilités transférentielles de l'analysant. Mais je plaisante peut-être et dans le cas de l'Homme aux loups il suffit de reconnaître simplement deux temps d'analyse parce qu'elle semble bien finalement avoir réussi à analyser le transfert sur Freud.

Mais la manière dont Freud rentre carrément dans la dimension contre-transférentielle n'est pas sans évoquer aussi la manière dont Lacan à la fin de l' analyse de Leclaire a pu, non pas lui assurer une rente, bien sûr, mais l'équivalent d'une rente en lui déclarant un beau jour devant tout le monde: "Tu es un analyste!" Ce qui me semble être une formule particulièrement ambigue et sans doute fort agréable à entendre d'un certain point de vue de satisfaction narcissique, de gratification comme on dit, sauf que Leclaire n'a pas pu dénouer çà sur un autre divan. Il me semble qu'il serait intéressant de penser à l' analyse comme devant se faire deux fois, sur deux divans, en deux lieux différents. Un peu comme si l'écoute du signifiant, la mise en évidence du signifiant primordial qui devait se faire en premier mais en laissant le sujet passablement narcissiquement blessé de telle sorte qu'il lui faut aller se récupérer, se réparer autre part. Ce que Michèle Montrelay avait l'impression de faire dans ce travail de seconde analyse et ce qu'a fait Ruth MacBrunswick dans l'analyse avec l'Homme aux loups, est un extraordinaire travail de réparation finale de ce que l'analyse première pouvait avoir eu de terriblement décapant sur le plan narcissique.Or, Lacan insiste bien là-dessus, toute la dimension d'animosité infantile de l'Homme aux loups se tient dans le registre du narcissisme et c'est à ce niveau qu'a porté le travail de l'analyse.

 

Jean Imbeault

 

Il y a là plusieurs problèmes. D'une part on pourrait peut-être se demander si dans une analyse, il ne pourrait pas y avoir deux temps qui ressortiraient chacun des deux types de transfert que tu présentais il y a deux semaines, deux temps logiques qui ne seraient pas nécessairement deux moments chronologiques, mais deux dimensions du transfert. A partir de là, on pourrait peut-être se demander si, dans les analyses faites par des analystes qui se sont posés, à tort ou à raison et chacun dans un contexte différent, comme les seuls analystes d'une époque donnée comme ce fut le cas pour Lacan et Freud, les particularités des analyses qu'ils ont menées ne sont pas dues à cette situation très particulière et qu'en raison de la singularité de la manière dont ces analyses se sont déroulées, les deux temps du transfert ne pouvaient pas être alternativement travaillés. Cà c'est la première idée.

La deuxième idée est qu' il peut peut-être exister certaines analyses où la dimension du transfert est passablement négligée, méconnue, tenue à son expression la plus simple, décharnée; peut-être existerait-il des analyses où l'accent est parfois mis carrément sur l'analyse du signifiant. Le transfert y serait systématiquement, non pas méconnu, mais traité avec, pourrait-on dire, le minimum de moyens parce que l'analyste n'aimerait pas toucher à çà. Mais alors il s'agirait de savoir qu'est-ce qui advient après si, comme c'est le cas avec l'Homme aux loups ou avec ce que tu rapportes du rapport de Lacan avec Leclaire, il y a une prise de position de l'analyste, il se peut que ça crée une certaine situation bien particulière. Mais si pour d'autres raisons les ponts étaient rompus après une telle analyse où il y aurait eu des références ou des allusions minimales au transfert, peut-être alors n'y aurait-il pas les conséquences que çà a eu sur l'Homme aux loups.

 

 

 

François Peraldi

 

Mais on peut penser au livre de Pierre Rey qui est sorti il n'y a pas longtemps, où l'auteur, qui fut un analysant de Lacan, est parti, et justement ce que tu évoques comme étant une cassure s'est faite sans qu'il cherche aucunement à revoir Lacan, sans que Lacan ne lui ait fait d'ailleurs aucune déclaration du genre : "tu es un analyste". Il est parti en claquant la porte et effectivement il y a quelque chose qui l'amène quand même à illustrer, à participer à l'élaboration d'une imago. Il n'a pas l'air de s'en porter plus mal pour autant d'ailleurs. On n'a pas l'impression que dans le récit qu'il fait de son analyse la dimension transférentielle ait été particulièrement travaillée. Pendant le travail analytique, elle est là, présente, et Lacan l'utilise. Pierre Rey lui apporte ses cigares de Genève, il le transporte en voiture, il l'amène le soir rue de Solférino chez sa maîtresse. C'est sûr qu'il y a du transfert, mais ce n'est pas là-dessus que Lacan travaille. C'est dans le transfert que l'analyse se fait. Cela a toujours été la position de Lacan. Comme pour Freud, l'analyse de l'Homme aux loups s'est faite dans le transfert, mais il a appartenu à un autre analyste d'en analyser l'importance.

 

Mireille Lafortune

Mais est-ce que tu en ferais une règle?

 

François Peraldi

Non, quelque chose qui apparaît après coup comme s'étant passé de cette manière ne peut pas nécessairement servir de règle. On peut se demander par contre si on ne pourraitt pas prévoir des tours successifs, des temps d'analyse où justement à un moment donné le transfert pourrait être pris en compte autrement que comme ce dans quoi l'analyse se déroule. Mais je ne suis pas sûr de çà justement.

 

Jacques Mauger

Mais est-ce que ce n'est pas un cas d'exception quand même, parce que si on pense à Freud, cette méconnaissance-là pourrait être volontaire.

 

 

 

François Peraldi

Je ne pense pas que ce soit une stratégie volontaire.

 

Jacques Mauger

Cà le dépasse de beaucoup, le transfert. On a l'impression que çà tient au fait que son intention est de découvrir quelque chose, pas uniquement pour l'Homme aux loups mais comme découvreur. On trouve çà chez Lacan aussi. Alors faut-il passer de ces analyses faites par des découvreurs à d'autres analyses qui ne seraient pas marquées par ces intentions-là, en tout cas avouées, et en faire une loi plus générale? J'ai l'impression, dans le cas de l'Homme aux loups, que pour Freud du fait de la tension qui est placée justement à élaborer cette découverte faite à l'occasion de cette analyse-là - même si bien sûr çà a pu être aussi une découverte pour l'Homme aux loups - c'est comme si deux niveaux de découverte s'élaboraient en même temps et que çà a contribué beaucoup à la méconnaissance du transfert. On a aussi cette impression-là avec Dora.

 

 

 

François Peraldi

Oui mais pour Dora, Freud reconnait qu'il s'est fait avoir et qu'il s'est trompé ou du moins qu'il n'a pas été assez vif dans son appréhension du transfert. ***

 

 

 

Oui, çà c'est autre chose. Mais je dis çà parce que ce n'est pas tellement pour interpréter Freud comme pour essayer de voir la proposition que tu faisais dans lequel tu semblais généraliser çà.

 

 

 

François Peraldi

 

Oui, parce que ce serait un peu comme une sorte d'indication de ce que pourrait être le travail d'un ami. C'est une des recommandations de Freud qui me plait beaucoup. C'est quand il dit que dans tous les cas, donc dans chaque analyse, toute la psychanalyse est à réinventer, c'est-à-dire que tout analyste, me semble-t-il, devrait être découvreur d'une certaine manière, même s'il découvre après-coup que ce qu'il a découvert a déjà été découvert. Cà n'a pas tellement d'importance. Cà fait peut-être une différence de degré mais j'aurais de la difficulté - encore que dans le milieu on sait que les choses se passent comme çà - à faire une distinction trop marquée justement entre Freud-Lacan découvreurs donc faisant des analyses d'un genre très particulier parce que découvreurs, et le reste des analystes qui seraient là pour...

 

 

 

Je pense qu'il y a une ambigüité sur le mot découvreur. La façon dont tu en parles, c'est le mot découvreur au sens de chercheur. Alors que découvreur quand on fait le métier d'analyse, bien sûr heureusement que çà devrait toujours être dans cette optique-là, mais ce n'est pas nécessairement dand le but d'en faire une métapsychologie.

 

 

 

François Peraldi

 

Non ce n'est pas ce que je veux dire, la métapsychologie elle se fait après mais c'est découvreur. J'aime bien le mot découvreur parce que çà veut dire qu'il ne se contente pas de chercher, il trouve. Ce sont des trouveurs. Dans ce sens-là ce sont des découvreurs. Et c'est peut-être çà qui ferait la différence entre une analyse où on ferait que chercher, qui peut durer indéfiniment, et les analyses où on découvre, où on trouve.

 

 

 

Mais disons çà autrement en terme de représentation au loup. On peut dire que pour Freud, même si on peut comparer le fait qu'on puisse souhaiter que n'importe quelle analyste, n'importe quelle analyse refasse la découverte de la psychanalyse, mais c'est par une sorte de glissement de sens qu'on dit çà. Il me semble que les représentations de la découverte freudienne, genre des allusions en combien de sens il l'a présenté, sont très avouées. la découverte qu'il voulait faire, ce qu'il voulait laisser justement. Alors est-ce que à ce moment-là en terme de représentation, ce n'est pas beaucoup plus marqué chez quelqu'un comme Freud ou Lacan, ou d'autres chercheurs ou découvreurs, que chez tout un chacun qui bien sûr peut dans ce sillon-là reprendre çà à son compte comme étant la meilleure des choses.

 

 

 

____________________________ (246) et d'une certaine façon il la propose au patient pour remporter son ascension ____________________ (251) puisque dans d'autres textes il nous parle qu'il n'emporte pas le sentiment du patient dans ce qu'il nous propose d'autre sur _______ (254). Je veux dire par là que d'une certaine façon, Freud lui aussi a un transfert ________ (257), un peu similaire à celui qu'il avait vécu _______________ (259). Et je me demande comment finalement il peut concevoir ce choc des deux transferts, le transfert théorique dans lequel Freud a forcément besoin de son patient. _________________ (265) pour voir la réaction inconsciente et consciente du patient. Ce choc de transfert peut se terminer par un glissement vers une curem ____________ (269).

 

 

 

Je prendrais le relais de çà en parlant dans une direction un petit peu différente, mais je pense que çà reste attaché à ce que Karim nous dit, même si c'est ce que Jacques vient de dire. Pour Freud, à tout le moins, mais j'ai l'impression pour Lacan aussi que çà définit un petit peu la psychanalyse de la façon la plus élémentaire. Mais en tout cas pour Freud, je suis assez sûr de çà. Etre psychanalyste c'est ce qu'on pourrait appeler déchiffrer les conserves et mettre l'inconscient en acte, dirait Lacan. Pour Freud, de façon assez naïve si on veut le prendre comme çà encore en 1937, la construction en analyse, psychanalyser c'est recevoir quelqu'un, l'écouter et puis faire deux types d'intervention, ce que Freud appelle l'interprétation, c'est-à-dire relever le lapsus ou l'oubli ou l'incohérence ou l'incongruité de telle phrase, et à partir de là orienter l'attention du patient sur la porte qui vient de s'ouvrir et donc cheminer. Cà c'est un des éléments de l'activité de l'analyste, l'interprétation. Et la construction. Comme dit Karim, construire quelque chose, reconstruire un scénario et puis mettre sur la table, dire au patient "Cà fait tu çà? Est-ce que çà marche çà?" Et pour Freud, c'est çà la psychanalyse, et ce n'est pas le transfert. Le transfert c'est la mélasse, c'est quelque chose qui est extrêmement emmerdant, c'est quelque chose avec quoi il fait faire en deux sens, dit-il, parce que à cause du "maudit transfert positif", je ne peux jamais savoir si ce que je lui suggère, il l'accepte parce qu'il a un transfert envers moi et qu'il le prend comme une suggestion sans référence à aucune forme de réalité, ou bien si c'est parce que ma suggestion, elle marche. Et d'autre part, quand il se met à ne plus rien vouloir savoir, quand il manque des séances, ou quand il déforme tout ce que je lui dis, là c'est un autre type de transfert mais qui même tout, qui enraie, qui entrave la marche de l'analyse, mais pour lui à l'origine, c'est un obstacle, c'est quelque chose d'extrêmement désagréable. Et je pense que quand nous modernes on en vient à dire "pas d'interprétation en dehors du transfert", et çà je pense qu'on le dit sans trop se poser de questions, il reste qu'on ne peut dire çà qu'en se souvenant que d'une certaine manière le transfert, okay on ne peut pas faire d'analyse sans lui, mais çà demeure quand même un obstacle. Autrement dit l'analyse ne peut se dérouler que dans le transfert, lequel est quand même une arme à deux tranchants, quelque chose qui à la fois on ne peut pas faire sans, mais en même temps c'est quelque chose qu'on ne peut jamais prendre pour du `cash'. Et en ce sens-là on n'a pas à prendre pour acquis qu'on va être des spécialistes du transfert parce qu'à chaque fois qu'il va se produire çà va être en quelque sorte la pelure de banane sur laquelle on risque de glisser sur le plan de la pensée. Cà va toujours être quelque chose qu'on ne peut pas éviter. Donc, on va devoir s'en servir, on va devoir marcher toujours sur un plancher où il y a des pelures de banane, mais en même temps çà demeure des pelures de banane quand même. Et je crois que dans une certaine acceptation, une certaine conception de la psychanalyse, c'est comme si le transfert allait de soi, que c'était une bonne chose, que c'est parfaitement maîtrisé, que "envoyez-le le transfert on est des spécialistes de çà, on va interpréter çà", alors que c'est jamais comme çà. C'est toujours par les pires méandres les plus imprévisibles, que ce qu'il y a de véritablement singulièrement transférentiel dans une analyse, se produit, et à ce moment-là c'est toujours l'impasse d'une certaine manière au sens où on se retrouve devant la même aporie que Freud, à savoir que "ce que je dis là est-ce qu'il le reçoit parce qu'il le reçoit comme une suggestion ou est-ce que çà a un rapport quelconque avec une vérité", si on garde çà en termes naïfs.

 

 

 

François Peraldi

 

Il y a quand même l'idée qui vient un peu répondre à cette question-là, c'est l'idée qui est soutenue d'ailleurs tout au long de l'Homme aux loups - tu y as fait un peu allusion. C'est l'idée que c'est pas tellement au fond la scène primitive qui est découverte qu'à travers des éléments baroques, des restes, des souvenirs, c'est cet espèce de masse comme çà de matériaux, il y a comme un linéament logique qui est à mettre en évidence. C'est le travail de l'analyste là-dedans, c'est pas tant de pouvoir repérer une chose comme il aurait du repérer la scène primitive, mais de repérer en quoi cette scène primitive est comme l'élément-clé du logis, qui non seulement est la logique de l'inconscient de l'Homme aux loups, l'autre logique comme dira Leclerc, et une logique qui en plus de çà, comme dirait Lacan à ce moment-là, sous-tend toute son histoire puisque je trouve très beau la manière dont Lacan traite la partie sur le père comme la plus intéressante, celle où il situe plus tôt qu'effectivement Freud passe son temps à se demander: Est-ce que çà a vraiment existé ou est-ce que çà n'a pas existé? Est-ce que c'est réel la scène de séduction ou est-ce que c'est un fantasme? Au fonds ce n'est pas la question de ne jamais la résoudre, ce qui s'agit de repérer là c'est qu'il s'agit d'une histoire, que cette histoire possède quelque part une cohérence qui fait défaut pour s'y reconnaître et le travail de l'analyste, c'est justement de réussir à introduire, pas un coup d'éclat transférentiel d'une certaine manière, mais un élément qui fait se cristalliser brusquement toute une logique dans laquelle le sujet n'a pas à se reconnaître parce qu'il y aurait Freud ________ (365), mais ne peut pas faire autrement que de se reconnaître. Il y a là comme un troisième possible entre "oui, je veux bien de votre histoire parce que je vous aime bien" et "va te faire foutre avec tes conneries". Entre ces deux pôles-là, il y a quand même ce qui ne peut pas ne pas apparaître pendant un moment transférentiel d'un autre type de transfert comme vrai, comme vérité, comme quelque chose "ah, c'est çà". Mais ce n'est pas plaisir ou déplaisir que la chose est acceptée ou pas. Alors pour en revenir à l'histoire de l'analyste chercheur ou trouveur ou n'importe quoi, il y a quand même quelque chose dans toutes les analyses où l'analyste est tendu vers une découverte qui n'a pas peut-être pas l'ampleur ou l'importance de celle de ce que Freud avec l'Homme aux loups, mais on repère bien et on le sait tous comment les analyses qui semblent se travailler le plus sont aussi celles où l'analysant travaille autour de questions qui nous sont particulièrement vives à ce moment-là même si elles n'ont pas l'ampleur de celles de Freud et où des questions se posent, des découvertes sont à faire.

 

 

 

Moi, je pense que tu pourrais affirmer plus directement ce que tu viens de dire parce que çà c'est très important cette tension vers le repérage d'un lien logique ou d'un ligament logique, comme tu dis, c'est ce qui donne au fonds, c'est le seul sillon qui peut donner une certaine légitimité au processus.

 

 

 

François Peraldi

 

Et c'est le seul qui fasse que ce soit quelque chose d'autre comme nous le dit Lacan.

 

 

 

_______________ (392) quelqu'un qui fait de l'analyse structurale, qui cherche les belles constructions logiques. _______________(395).

 

 

 

Ils n'ont pas d'efficacité si quoi?

 

 

 

S'il n'y avait pas de transfert malgré les relations _________ (397).

 

 

 

François Peraldi

 

Alors, ce qu'il fait dans une analyse, c'est le transfert ou c'est la vérité. La vérité de la scène par exemple, la vérité logique de la scène, peut importe que, à la limite, que d'ailleurs l'Homme aux loups son histoire de cercles j'y ai jamais cru, peut importe, qu'il y croit ou qu'il y croit pas. Mais qu'à un moment donné çà puisse ne pas apparaître autrement que comme vrai en dehors de tout phénomène de suggestion ou d'accepter par lassitude parce qu'on en a marre. C'est tout l'enjeu du travail de Lacan posé là-dessus. Est-ce que c'est parce qu'il nous aime que le patient "guérit", ou est-ce que c'est parce qu'à un moment donné peut lui être - dans les termes de Lacan à l'époque - restitué l'intégrité logique de son histoire. De quelle logique est-ce qu'il s'agit? Est-ce que c'est une logique esthétique? Est-ce que c'est une logique _________ (410)? Ce sont des questions qu'on peut se poser quant à la nature de cette logique, de cette autre logique, à laquelle d'ailleurs se trouve assujetti aussi bien l'analyste dans son interprétation de l'analysant lorsque çà lui apparaît comme vrai. C'est vrai, c'est vrai, c'est çà. On n'a rien à en dire de plus. Je crois que c'est important de faire cette distinction. En même temps c'est vrai qu'il y a quelque chose que tu évoquais tout à l'heure qui reste encore une question, quand tu évoquais ces figures de foi où sur un fonds comme çà d'affiche, type image, type ______ (419), on met en relief des seins, des fesses. Et je pensais à des tableaux de Gustave Moreau où il incrustait comme çà dans la peinture des pierres fausses d'ailleurs pour faire renforcer l'effet de vrai. On peut se demander effectivement qu'est-ce que c'est que cette esthétique, puisque c'est de l'esthétique, qui nous fait repérer comme çà cet en trop, cet excès, ce _______ (425) un peu, qui serait à déchiffrer comme des espèces de points, des points de capiton dirait Lacan, ou alors comme des points comme çà particulièrement signifiants. Cà pose une question extrêmement complexe finalement à propos d'une sorte d'universalité de l'esthétique qui fait qu'elle pourrait se trouver transgressée comme çà par un ________ (429) qui serait signifiant au bout de l'inconscient, alors qu'au fonds il est signifiant au niveau d'une espèce de goût qu'on pourrait supposer comme un tous. En tout cas, çà c'est une parenthèse. Cà rejoint quand même un petit peu la question que lui soulevait de la suspicion qu'on pourrait faire porter sur cette belle logique que Freud met en évidence comme constitutif de l'inconscient de l'Homme aux loups et comme constitutif de son histoire du sujet.

 

 

 

Il y a quelque chose d'extrêmement intriguant pour moi dans tes questions parce que tu sembles opposer, à propos de l'efficacité de l'analyse, transfert et logique. Mais pourquoi? Cà serait quoi que tu entends par transfert quand tu disais: C'est quoi qui fait l'efficacité de l'analyse? Est-ce que c'est les belles constructions logiques ou le transfert? Tu entendais quoi par transfert?

 

 

 

 

François Peraldi

 

Est-ce que c'est çà qui fait que le travail est possible? Est-ce que c'est justement parce qu'il s'y oppose? C'est à la fois ce qu'il le rend possible le fait qu'il s'y oppose d'où la nécessité par exemple de mettre une tarre, de dire je partirai dans six mois. C'est bien que ce qu'il le fait rester c'est quand même un obstacle puisque Freud peut être amené à mettre une fin, que çà s'arrête, sinon çà aurait duré dix ans les belles histoires que l'autre lui racontait dans son transfert amoureux.

 

 

 

_________________ (456)

 

 

 

François Peraldi

 

Si c'est bien, il dit que pendant deux ans au moins ou deux ans et demi je crois, l'analyse n'apporte rien. Il parle, il parle, il parle. Il est très riche alors effectivement il vient, il paie, il paie très très cher en plus de çà pour cette période-là, et puis à un moment donné Freud dit pour des indices une phrase merveilleuse qu'il ne doit pas mais qui est justifiée sur le moment, il lui dit ce que j'en disais, "Clac, çà s'arrêtera dans six moi", je crois ou quelque chose comme çà, ou dans huit mois. Effectivement, comme dit Jean, il déballe tout. Mais ce qui le faisait venir régulièrement payer très cher pour de la psychanalyse, çà ne servait à rien. Cà le servait à revenir mais çà ne servait à rien. Bien, çà ne servait à rien, non. Mais à la fois çà le sous-tendait et à la fois çà faisait ostacle. C'est un travail d'analyse, de déchiffrage, de découvrement de la logique de l'inconscient qui se fait.

 

 

 

Pour moi ta question est très importante parce que je dirais qu'elle me donne l'occasion de revenir sur un point sur lequel j'ai pris parti depuis quelques années, en tout cas dans les occasions que j'ai eu de le faire. Si tu dis que l'efficacité de la psychanalyse tient au transfert, à un certain versant du transfert, çà pourrait vouloir dire que c'est à cause de la dimension transférentielle au sens où Freud l'entend, c'est-à-dire que le patient est prêt à accepter les suggestions, les idées, les pensées de l'analyste que çà marche. Cà serait çà qui en ferait l'efficacité. Cà serait un premier sens qu'on pourrait donner à ton interprétation. Ou alors l'efficacité de l'analyse dépendrait du fait que pour que le discours analytique ait une certaine prenance et pour que l'interprétation ait l'effet de quelque chose qui va dénouer, qui va modifier quelque chose, il faut que çà se produise dans le cadre, dans un moment transférentiel, il faut que çà soit sous-tendu par la dimension transférentielle. Mais là on n'a pas vraiment défini ce que c'est que le transfert mais en tout cas on dit çà. Cà je n'ai pas vraiment d'objections là-dessus parce que je pense que c'est vrai qu'il y a une partie de ce que l'analyse dit qui a un efficace à cause du transfert, à cause du fait que l'analysant l'investit comme sujet supposé savoir comme disait Lacan. Je pense aussi que c'est vrai qu'il y a une partie de l'efficacité de l'analyse qui dépend de ce que l'interprétation est faite dans le contexte, mais si - mais là peut-être que ce n'est pas çà que tu voulais dire - on oppose transfert à déchiffrage logique pour dire que l'analyse, ce qui en fait l'efficacité c'est quelque chose qui tourne autour de cette notion qu'est le transfert, de fait ce qui est efficace, ce qui est bon, ce qui est guérissant dans l'analyse, c'est la qualité de la relation, c'est la dimension relationnelle, c'est le fait que c'est quelque chose qui se passe à un niveau où l'affect ou l'émotion est prise en compte, etc. Mais j'y reviens parce que j'ai pris très souvent parti contre çà parce que je crois que c'est une idéologie qui est encore répandue hélas, l'idée que ce qui serait vraiment efficace, par exemple, dans l'analyse, ce serait cette dimension-là, ou encore qu'un succédané de çà - c'est une idée peut-être un peu plus sophistiqué - ce serait l'idée que par exemple - là j'ai lu encore récemment sous la plume d'un analyste montréalais - ce qui fait la différence entre le Freud du début et le Freud ultérieur, c'est qu'à un moment donné, Freud s'est auto-analysé, et qu'à partir du moment où il a été auto-analysé, ce qu'il écrit - et çà c'est texto - a une véritable portée psychanalytique. Mais ce qu'il a écrit avant de s'auto-analyser, l'esquisse, çà, ah non, on ne peut pas tenir çà pour un texte psychanalytique, on ne peut pas tenir çà pour un texte qui a vraiment une dimension, une portée psychanalytique, une force psychanalytique parce qu'il a fait avant de s'auto-analyser. Et çà c'est un analyste qui a quand même un certain renom à Montréal qui écrit des choses comme çà, mais c'est pour dire à quel point justement la logique est bafouée encore dans la psychanalyse, à quel point parfois on dit que la psychanalyse ce n'est pas une affaire de logique, il faut qu'il y ait de l'affect là-dedans. Et de fait il n'y a pas de porte plus grande ouverte vers la charlatanerie et vers l'obscurantisme que cet appel à l'émotion, à l'affect, que le fait d'avoir été analysé çà donnerait une espèce d'aura et d'entité, d'essence, çà transformerait l'essence de quelqu'un, ce qui ferait qu'à partir du moment où il a été analysé, ce qu'il dit n'a plus la même portée. Cà je trouve que c'est de l'obscurantisme, et mon oreille se pointe toujours quand on oppose logique et transfert ou des choses de cet ordre-là, parce que je me dis que là si on ne fait pas attention à la définition des termes, on va glisser sur une pelure de banane.

 

 

 

Justement sur le plan métalogique, c'est intéressant cette position qu'a pris Freud de dire à l'Homme aux loups: nous terminerons telle date. Il semble qu'on l'entende, si je t'ai bien compris, comme Freud se rendant compte que cette analyse ne donnait pas grand chose, qu'ils tournaient en rond, etc., mais on peut poser la question par ailleurs dans l'autre sens, c'est-à-dire c'est Freud qui en pouvait plus. C'est Freud qui ne pouvait plus endurer çà. Cà ne _________________ (534) pas du tout le fait qu'il tourne en rond comme çà. On en a des analyses qui durent pendant un bon bout de temps. C'est intéressant ce que Lacan a dit d'ailleurs dans le texte quand çà commence ______________________ (536). A ce moment-là le sentiment que j'ai eu c'est que Freud a enlevé son chapeau et puis que c'est possible que çà ait eu une valeur interprétative comme parfois les choses qui _____________ (541) quand on dit: je me suis entendu dire que et c'est en train de se dire et là advienne que pourra, ___________ (542). Mais là Freud en avait plein son chapeau. Et je me demande si ce n'est pas surtout l'attitude parce que je suis tenté de retourner voir le texte à cette partie-là et d'essayer de comprendre qu'est-ce qui a pris à Freud.

 

 

 

François Peraldi

 

Il dit qu'il y a des indices mais il ne dit pas lesquels.

 

 

 

 

C'est çà. C'est qu'il ne dit rien là-dessus. Alors on peut l'entendre de différentes façons. Peut-être qu'à cette époque-là, les analyses étaient courtes et puis qu'à un moment de voir une analyse comme çà qui dure...

 

 

 

François Peraldi

 

C'est énorme. Elle a duré trois ans.

 

 

 

C'est énorme. Même plus tard que çà, on faisait encore des analyses de deux ans.

 

 

 

Pour rejoindre ce que Karim disait tantôt, je crois que Freud avait hâte que l'Homme aux loups apporte des choses qui d'une certaine manière allaient corroborer les constructions.

 

 

 

A ce moment-là, Freud quelque part il charrie, il se fait inquisiteur, il cherche à prouver quelque chose.

 

 

 

Oui, mais je pense que l'essentiel du travail de déchiffrage avait été fait bien avant çà. C'est-à-dire que comme dit François, le fait de transmettre quelque chose, çà ne provoque pas nécessairement d'assentiment du sujet, mais çà ne veut pas dire que c'est pas dans la ligne de ce qu'il fallait repérer. Cela dit, je pense que quand Freud décide de lui dire `bon, écoute, déballe ton sac, là, parce qu'il te reste tant de temps', je suis tout à fait d'accord pour suivre les intuitions que tu as, mais je crois que l'essentiel du travail était déjà fait, c'était juste par méconnaissance d'un certain type de transfert et peut-être parce qu'il voulait boucler la boucle avec ses propre constructions.

 

 

 

Alors ce qui m'a mis sur cette piste-là, c'est ce que tu as rappelé de ce qui s'est passé quand l'Homme aux loups est retourné voir Freud...

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