NOTRE-DAME DE PARIS :
Esmeralda est italo-québécoise


Platine, January 1999 

 

Victor Hugo n'en reviendrait pas : en trois chansons, Vivre, Belle et Le Temps des cathédrales, la comédie musicale de l'Italien Cocciante et du Québécois Plamondon est devenue une référence. Après bientôt cent représentations à Paris (et plus de 100 000 spectateurs), un million d'albums (et un million de singles), Platine a décidé d'aller plus loin et de rencontrer les sept chanteurs solistes...

 
Hélène Ségara : Esmeralda
Entre deux albums, celle qui a déjà une jolie carrière derrière elle a accepté le rôle d'Esmeralda. Elle nous parle de sa première comédie  musicale et de son prochain album.
Comment gérez-vous votre double carière entre la promotion de Notre-Dame et celle des Vallées d'Irlande, votre dernier single?
C'est difficile, aujourd'hui, je n'ai même pas eu le temps de manger.

Vous imaginiez-vous que cela représenterait autant de travail?
Non, c'est vrai que je n'ai plus beaucoup de vie privée. Mais ce n'est pas grave, ce n'est qu'une passe.

Vous ne regrettez pas le succès de Notre-Dame de Paris qui empêche, peut-être, aux Vallées d'Irlande de décoller?
Mes Vallées existent bien déjà, en une semaine, on a vendu 20000 disques! Et puis, je ne peux pas lutter contre le raz de marée de Notre-Dame, même si je ne vais pas me laisser enterrer par un projet aussi énorme que celui-là.

Pourquoi avoir refait une nouvelle version des Vallées d'Irlande ?
La première était une berceuse que j'aimais beaucoup, celle-là est plus rythmée, plus radiogénique. Mais c'est le dernier extrait de mon premier album.

Votre palette semble large : les auteurs-compositeurs de Dion, Nicoletta... pour Je vous aime adieu, l'ex-bande d'Ophélie Winter pour Les Vallées d'Irlande, Cocciante et Plamondon pour Notre-Dame...
Pas tant que ça, je ne pourrais pas faire du rap, quoique je viens de revecoir un rap classique qui est magnifique.

Qui auriez-vous envie de chanter à l'avenir?
Stevie Wonder ou Sting... Pour mon prochain album, j'ai reçu d'Italie et d'Amérique deux belles chansons. J'aimerais que mon deuxième album soit à la fois plus vocal et plus accoustique, un mélange de musiques celtes et de rythmes orientaux.

Votre premier album Coeur de verre sort au Québec?
Oui, comme je pars quatre mois là-bas avec Notre-Dame, je vais aussi en faire la promotion.

Vous avez participé à Ensemble?
Pascal Obispo m'avait demandé si j'avais une idée de duo. Je me suis souvenu alors d'une histoire très drôle qui m'était arrivée en studio avec Garou où nous avions chanté ensemble en duo L'amour existe encore en improvisant nos parties. avions chanté ensemble en duo
L'amour existe encore en improvisant nos parties.

Richard Cocciante et Luc Plamondon, qui étaient à côté de nous, n'ont même pas réalisé que c'était leur chanson en nous demandant, un peu émerveillés, ce que c'était ! (Rires.) C'est vrai qu'en duo, ça n'avait plus rien à voir avec la version de Céline Dion, qui, en France, n'avait pas eu l'impact qu'elle aurait mérité. Voilà pourquoi nous l'avons faite pour Ensemble.

Il paraît que Céline Dion est venue voir Notre-Dame et qu'elle est passée en coulisses?
C'est une grande dame, car elle a su rester humaine alors qu'elle est devenue une star mondiale. Elle a un grand coeur et une belle âme. Je la respecte profondément, car elle n'a pas pris "la grosse tête". On s'est dit des choses vraiment profondes, ça a été un vrai coup de foudre entre nous. Je ne suis pas jalouse des autres chanteuses. J'adore Native également, et je pense qu'elles n'ont pas encore une gloire à la hauteur de leur talent ! Et je ne passe pas de la pommade, car, quand je n'aime pas, je suis incapable de faire un compliment.

Vous n'êtes pas jalouse du duo de Noël d'Andrea Bocelli avec Céline Dion?
Non, je suis même certaine qu'ils ont dû s'entendre à merveille, surtout qu'Andrea m'en avait parlé. Il rêvait de la rencontrer. Il me disait qu'elle utilisait sa voix comme un instrument de musique. C'est une chanteuse de variété qui l'interpellait vraiment.

Vous avez, paraît-il, regretté de ne pas avoir de clip pour Je vis pour elle...?
Cette rencontre avec Andrea Boccelli était tellement jolie que cela m'aurait laissé un beau souvenir. Surtout que, de tous les duos de Vivo per lei en Europe, celui que j'ai enregistré en français est le seul qui ait marché.

Pourquoi votre single de Vivre est resté à l'état de disque promotionnel?
Noa l'avait sorti peu de temps avant. Et ça ne se fait pas de reprendre un titre si rapidement.

Surtout que beaucoup de gens m'avaient déjà trop comparée à elle. On a chacune notre personnalité, notre façon d'interpréter. J'ai surtout enregistré Vivre pour le mettre sur mon propre album et faire plaisir à mes fans. D'autant plus qu'aujourd'hui, sur la version live intégrale, c'est moi qui ai pris le relais. Je pense avoir composé le personnage sur scène, lui avoir rajouté de la douceur, une espèce de mutisme. Je rajoute quelque chose chaque jour.

-Vous avez chanté Loin du froid de décembre, la B.O. d'Anastasia. Pourquoi?
Un dessin animé, ça ne se refuse pas. Surtout que depuis son succès, je me rends compte quand je la chante sur scène que j'ai un impact sur les enfants qui la connaissent par coeur. Si parmi les trois titres, j'ai choisi la valse, c'est qu'ils me l'ont fait écouter dans une boîte à musique, qu'ils m'ont laissée en souvenir.

On raconte dans le métier qu'il y aurait un problème juridique entre la production de Notre-Dame et celle de vos disques?
Je n'ai pas envie d'en parler, mais il faut savoir que le problème est entre Charles Talar, le producteur de Notre-Dame, et Auréa Musique, ma première production, et non pas Orlando, mon producteur actuel, qui est quelqu'un de très droit. Je suis 100% avec lui.

Il y a quelques années, Julie Pietri a enregistré le générique de Dans un grand vent de fleurs alors que vous étiez pressentie?
C'est vrai, j'ai même enregistré la chanson, mais il y a eu un désaccord : Orlando voulait que je sois payée par un forfait et ils n'ont pas voulu mettre un budget minimum pour ma séance studio, ils me donnaient simplement des droits sur les ventes éventuelles du single, donc on a refusé au dernier moment.

Avez-vous envie de devenir actrice?
On m'a fait une proposition il n'y a pas longtemps, et c'était même aux Etats-Unis, mais j'ai refusé à cause du script : le rôle était celui d'une fille un petit peu provocante, très sexy... Il y avait un trop gros décalage avec mon image.

Fin février, vous partez en tournée?
Oui, je vais faire le Nord, la Belgique et le Canada. J'aimerais faire ma région, la Provence-Côte d'Azur, mais ça n'est pas certain que j'aie le temps et l'énergie. Ca fait déjà soixante-dix représentations que je suis sur scène, c'est épuisant. Céline Dion m'a dit : "C'est inhumain." Pour une voix, chanter tous les soirs, c'est un massacre.

Bruno Pelletier : Gringoire
Avec trois albums et deux trophées, Pelletier est une vedette au Québec. En France, avec le Temps des cathédrales ça ne saurait tarder.
Après deux Félix québécois du meilleur interprète masculin fin 1997 et fin 1998, comment vivez-vous le fait d'être une révélation en France?
J'ai 37 ans cette année, alors ça me fait drôle... surtout que j'ai quinze ans de carrière dont huit médiatisés.

Comment avez-vous débuté?
J'ai beaucoup chanté dans les bars jusqu'en 1990. Ensuite, j'ai été engagé pour jouer dans La Légende de Jimmy au Québec, mais le spectacle s'est arrêté au bout de trois semaines et il n'y a pas eu de hit.

Comment expliquez-vous ne pas avoir explosé avec starmania à Mogador de 1993 à 1995?
Seuls les créateurs en 1978 pouvaient se faire connaître avec Starmania. Johnny Rockfort pour le public, c'est Daniel Balavoine, pas moi. Pourtant, j'ai sorti ici Banlieue Nord et Quand on n'a plus rien à perdre en singles, mais ça n'a pas fonctionné.

Renaud Hantson, en reprenant le rôle en 1988, avait cependant réussi à se faire un nom?
Oui, c'est vrai.

Vous risquez d'avoir une carrière à la Lara Fabian : Le Temps des cathédrales va vous permettre d'exploiter les hits que vous avez eus au Québec?
De toute façon, mon troisième album est le seul qui ait marché, il est aujourd'hui double platine au Québec. Le premier, que j'ai enregistré en 1991, n'est pas terrible car j'y exorcisais dix années de ma vie, il n'a eu qu'un succès d'estime. Le second, vers 1994, a eu un parcours correct, sans plus.

Vous n'avez pas de maison de disques en France?
Non, mais je ne suis pas pressé. Pour l'instant, je cherche des chansons pour enregistrer mon quatrième album. Ca fait cinq ans que j'essaie de sortir un disque en France et, tout d'un coup, tout le monde est intéressé.

Pour vos trois premiers albums, vous avez travaillé seul?
Non, je collabore beaucoup avec des auteurs, des compositeurs. J'ai notamment chanté du Plamondon, Aime, qui a été un gros hit et que Luc avait écrite pour mon petit garçon. J'ai envie d'être interprète avant tout... et de m'impliquer au niveau de la réalisation. Comme je suis considéré comme un chanteur à voix, je dois savoir comment je peux exploiter cet aspect sans devenir ringard, racoleur... en chantant l'amour. J'ai besoin de me mettre en valeur au niveau vocal tout en ayant un son moderne.

Le titre de votre troisième album est Miserere. C'est pour la crédibilité, parce que ça fait opéra?
Pas du tout. Miserere est une chanson que je chantais en tournée il y a longtemps, mais pour faire rire, en parodie d'opéra. Un jour, on m'a demandé de la chanter dans un gala humanitaire à la télévision. J'étais coincé car je ne pouvais pas la tourner en dérision hors du contexte de mon spectacle, donc je l'ai faite d'une façon sérieuse, et ça a eu un impact incroyable sur les deux millions de téléspectateurs. A partir de ce jour-là, je l'ai toujours faite de fçon sérieuse. Quand j'ai choisi les chansons du troisième album, j'ai décidé de l'enregistrer comme il faut, avec un coach italien. J'ai même donné son nom à l'album et je lui dois mon succès au Québec, même si les radios ne l'ont pas joué.

pourtant votre culture n'est pas l'opéra. Vous avez même joué dans plusieurs groupes de rock?
C'est pour ça que je dois être vigilant quand les gens me disent de refaire de l'opéra. Ca a été une clé, mais je ne dois pas reprendre la même recette à chaque fois. C'est vrai que j'ai une culture rock, bilingue et que je ferai un jour un album en anglais.

Votre explosion ressemble à celle de Pagny lors de sa reprise de Caruso...
On nous compare souvent, mais je ne le connais pas personnellement. De plus, "variété" est un mot très péjoratif chez vous, vous dites même "variétoche", je trouve ça dommage, car dans la musique de variété il y a des super-trucs. Chez nous, on dit du "populaire", c'est mieux.

Quand vous aviez vingt ans, le populaire n'était-il pas ringard à vos yeux?
Je le respectais, mais ça n'était pas mon truc. Je faisais du rock progressif et du hard rock. Je pense que quand je chante Cathédrales, mon passé rock se sent, même si la chanson est très lyrique. Aujourd'hui, j'ai beaucoup changé, tout me pousse vers le populaire.

Vous êtes conscient de la dimension que donne une interprétation à une chanson?
Aujourd'hui, j'en suis conscient. Ce n'était pas le cas quand j'avais 20 ans et que je livrais des grosses tunes de rock en essayant d'en mettre plein la vue. Je commence seulement à bien chanter, en puissance, mais aussi en fragilité... J'ai enfin commencé à comprendre comment capturer une chanson, comment la mettre en bouche. Ca m'amène aujourd'hui à défendre le statut de l'interprète, et à me présenter comme un interprète-auteur-compositeur, car ma première force, c'est l'interprétation. On dénigre trop 

souvent les gens qui ne font qu'interpréter. Nous ne sommes pas des  juke-boxes qui font un paquet de notes!

Vous jouez la comédie dans Notre-Dame mais aussi dans une série télé au Québec. C'est une suite logique?
Peut-être. Tu sais, moi je fais tout d'instinct. Omerta a bien marché, donc j'ai envie de recommencer. Pour l'instant, je dois apprendre à être acteur. Je ne veux pas rester le musicien de service dans une série B. (Rires.)

Au Québec, c'est facile de mener de front une double carrière?
Non, c'est comme en France. A Montréal, on m'appelle le chanteur caméléon mais on dirait qu'on commence à l'accepter.

Vous avez passé beaucoup de temps en France. Vous en pensez quoi?
Deux ans pour Starmania et déjà six mois pour Notre-Dame de Paris. Le Québec me manque : la famille, ma femme, mon petit garçon... Je rentre à Montréal fin janvier car je ne ferai pas la tournée de Notre-Dame de Paris en France. Je reprendrai le rôle au Québec. Pour les Québécois, qui m'ont porté dans leurs bras et qui sont tellement fiers de ma réussite, je ne peux pas ne pas leur faire ce plaisir.

La différence entre les publics québécois et français?
Au Québec, on peut se promener dans la rue, personne ne vous agresse. Les gens sont smooth, mollo. En France, le public me fait un peu peur. Ici tout est plus gros, on m'annonce 14000 disques vendus dans une journée, alors qu'au Québec quand on en vend 1000 dans une semaine, t'es fous... (Rires.)

C'est le succès qui vous donne ce côté rayonnant?
Tu me trouves rayonnant? Pourtant, je sors à peine d'une période de dépression très dure qui a duré tout 1998.

Des trois comédies musicales auxquelles vous avez participé, quelle est la troupe la plus sympatique?
Celle-là, sans problème. Et ce n'est pas le succès, car c'était comme ça dès le début. Il y a une étoile au-dessus de ce truc-là.

Patrick Fiori : Phoebus
Malgré deux albums, l'Eurovision..., Patrick Fiori a dû attendre Belle... et Lara Fabian pour exister.

Comment ça se passe pour votre propre album Prends-moi?
Ca va. Rien n'est squeezé, rien n'est squatté, car je travaille avec deux équipes intelligentes.

Les médias semblent cependant favoriser Belle à Elle est, votre deuxième extrait?
C'est un peu vrai, mais là, je commence à faire des télés avec Elle est. Notamment Hit Machine, où je vais chanter un duo avec Native.

On raconte que c'est Eddy Marnay qui vous a recommandé à Plamondon pour Notre-Dame de Paris?
C'est Christian Loigerot (ndlr : qui a signé pour Dion, Nicoletta, Ségara) qui m'a présenté Eddy Marnay. Après quoi, je suis allé passer mon audition normalement.

Vous continuez Notre-Dame de Paris en tournée en France et à l'étranger?
Oui, je suis pris jusqu'en l'an 2000 et je n'ai pas envie de partir. J'apprends tellement! Si j'ai besoin de faire une scène un soir pour moi, c'est comme quand je fais une télé, je fais appel à ma doublure.

Vous dites partout que vous en êtes à votre premier album. Pourtant, deux albums sont sortis avant, le premier en 1994, le second en 1995...
C'est vrai que je ne suis pas né hier (cf. discographie dans Platine n°55). Quelques chansons ont été connues en Provence-Côte d'Azur, mais c'était juste des succès locaux. Ce troisième album me permet de passer à la vitesse supérieure.

On voit le nom de Rick Allison sur votre album? Complice de Lara Fabian, il est votre producteur?
Ni Lara, ni Rick ne sont mes producteurs. Mon producteur est Luigi Teo Calabrese, LTC, c'est un monsieur qui a eu le courage de me signer, un des rares. Rick est un compositeur exceptionnel, un auteur exceptionnel, un super-mec, mais simplement le producteur artistique de mon album. Ce n'est pas lui qui a mis ce qu'il fallait sur la table.

Vous êtes un artiste Sony ou LTC Tristar?
Je suis plus qu'un artiste Sony, je suis un objectif de la maison.

 

En 1987, avec Stéphanie, vous avez gagné sept semaines Les Habits du dimanche de Léon Zitrone... Vous pourriez la rechanter?
Sans problème. Je l'ai rechantée il y a quelques mois.

Pensez-vous que l'Eurovision, où vous avez terminé quatrième pour la France en 1993, ait été un handicap?
Pas du tout. Même si ce n'est pas le truc qui m'a permis d'être révélé, ça ne m'a pas nuit.

Céline Dion m'a confié que ce concours ne lui avait rien apporté, pour Lara Fabian, c'est "bof"...
Elles disent un peu ce qu'elles veulent, moi je dis merci, car 650 millions de téléspectateurs qui ont vu ma tronche, c'est extraordinaire, plus les Américains en Mondovision!

Après l'Eurovision, vous n'avez pas continué avec François Valéry. Vous vous êtes brouillés?
Jamais de la vie! Ce sont des ragots! François Valéry est un mec bien, c'est le monsieur qui m'a fait faire l'Eurovision, à partir de là, respect. Merci Monsieur.

Vous avez l'air de tenir à être considéré comme auteur-compositeur-interprète. C'est plus crédible?
Oui. Si, sur ce dernier album, j'ai décidé de ne chanter que deux de mes chansons, c'est que je n'avais pas envie de me battre pour ça. Mais c'est vrai qu'à part Céline Dion, qui nous fait trembler de la tête aux pieds quand elle tape une note, et qui peut se permettre de ne rien écrire de sa vie, les interprètes ne sont pas pris au sérieux. C'est pourquoi, j'ai envie de m'affirmer en tant qu'auteur-compositeur- interprète. J'aimerais entendre des questions genre : "Patrick, expliquez-nous pourquoi vous avez écrit Une Goutte d'eau (ndlr: déjà sur son précédent album) et J'en ai mis du temps?"

Quel sera le troisième extrait de votre album après Prends-moi et Elle est?
Je ne vous le dirai pas... (Silence) OK, j'aimerais bien sortir Une Goutte d'eau, mais il faut que j'en parle avec mon producteur.

Même si vous écrivez vos chansons, vous avez beaucoup chanté les grands de la variété : Bériat, Lebel, Cardona... Y'a-t-il quelqu'un que vous rêveriez de chanter?
Cabrel et surtout Goldman, car c'est l'auteur de siècle. Je lui avais écrit il y a quelques années pour qu'il me donne des chansons, et même s'il ma répondu par la négative, je garde toujours sa lettre sur moi. Je vais vous la lire mais vous coupez l'enregistrement.

Vous n'êtes pas vexé de sa réponse négative à votre lettre?
Pas du tout, car il a pris le temps de me répondre, c'est énorme pour moi. Dernièrement, je sais que, suite à son Tapis Rouge auquel j'ai participé, il aurait dit avoir trouvé ma voix intéressante. Longtemps on m'a comparé à Mike Brant et c'était ringard. Aujourd'hui, on me compare toujours à Mike Brant, mais c'est devenu un compliment. Durant toutes ces années de rap, de groove, de techno, où seul le public criait : "Au secours, on veut des voix", j'ai attendu mon tour. Et un jour, Céline est revenue - car elle était déjà venue et repartie chez elle parce qu'on lui faisait la gueule -, et elle a mis un gros coup de pied dans la porte. Derrière, Lara Fabian en a mis un autre juste pour contrôler que la porte était bien ouverte, nous on est arrivés derrière avec Notre-Dame. Il faut écouter le peuple, car c'est lui qui fait vivre les artistes, les maisons de disques et les médias.

Vous chantez à la fois dans Mulan de Disney et Le Prince d'Egypte de Spielberg, deux films concurrents?
J'ai du talent pour tout le monde! Une minute cinquante avec Disney et une minute quarante-cinq avec Spielberg, pour moi, c'est super! J'avais toujours rêvé de chanter dans des dessins animés. J'ai percuté le jour où j'ai vu La Belle et la bête. Je crois être resté un enfant, surtout parce que je dis ce que je ressens sans réfléchir.

Après avoir chanté Mama Corsica en allemand, vous pensez à une carrière internationale?
Bien sûr! Je n'ai pas peur et je ne doute pas de moi. Le Bon Dieu et mes parents m'ont donné cette voix, je vais m'en servir.

On dirait qu'il y a des choses que vous voulez cacher? Vous dites toujours que vous êtes corse, alors que vous êtes arménien de Marseille, de la très modeste Cité Airbel...
Ah non, non, j'assume tout.

Que pensez-vous de tout ce qu'on lit dans la presse sur votre love story avec Lara Fabian? C'est vous qui leur parlez ou ils inventent?
Tout est détourné. Là, ça fait trois fois que je suis trahi.

C'est quand même vous qui avez déclaré : "Lara est une étoile... je n'envisage pas ma vie sans mon amour, mes amours, des enfants" ou "Nous deux, c'est du vrai, du béton."
Bien sûr que j'ai dit : "Lara, mon étoile, mon amour", en revanche, l'histoire des enfants est montée de toutes pièces. Mais je ne veux plus parler de Lara. Je veux parler de moi. J'ai envie de devenir une big star, je veux devenir une big star, je sais que c'est prétentieux de dire ça, mais je vais devenir une big star.

 

 
 
Daniel Lavoie : Frollo
Avec treize albums, de nombreuses scènes et des trophées au Québec, Lavoie fête ses trente ans de carrière. En France, sa carrière se résume souvent à Ils s'aiment. Grâce à l'impact de Frollo, qui chante Belle, Lavoie vient de publier un nouvel album dans l'Hexagone, Où la route mène.
Ne craignez-vous pas que votre succès en trio dans Belle, vous handicape?
Notre-Dame de Paris est une grosse machine, mais je dois continuer à exister en parallèle, comme auteur, compositeur... J'avais enregistré un album qu Québec, qui était prévu en France, alors il sort... en s'accrochant, il est vrai, un peu, à Notre-Dame.

La comédie musicale va-t-elle le pousser ou l'étouffer?
Je vous raconterai ça dans six mois... (Sourire.) De toute façon, ce n'est pas album facile, je ne sais même pas si on va réussir à faire passer Je pensais pas, le premier extrait, en radio. C'est un disque très doux, avec des grooves subtils, rythmé mais en dessous, organique... Certainement mon préféré.

Vous y avez rajouté deux chansons de Notre-Dame de Paris...
Charles Talar, le producteur de Notre-Dame de Paris, qui est également mon producteur en France, m'a proposé deux titres de la version studio de Notre-Dame, je lui ai dit : "OK".

Sur votre compilation, en 1997 en France, on retrouve les mêmes cosignatures que sur ce dernier album : Dubuc, Moraillon, Lelièvre, Proulx...
Louise Dubuc est mon meilleur complice, puisque c'est ma femme, mais aussi mon éditrice... Je ne travaille pas toujours avec les mêmes, mais, en général, je ne me brouille pas avec mes complices. Je m'en éloigne quelquefois provisoirement. Par exemple, j'avais travaillé avec Daniel Deshaimes sur Tension attention, ensemble, nous avions écrit Ils s'aiment en 1983, et puis Dany a décidé de se consacrer à l'informatique. Je n'y peux rien. En revanche, je travaille toujours avec Thierry Séchan (ndlr : le frère du chanteur Renaud), qui n'est pas sur cet album, mais avec lequel je viens d'écrire quatre chansons pour Luce Duffault, ainsi que d'autres pour mon prochain disque.

Votre dernier album compte une prestigieuse signature, celle de Louise Forestier, pour nantucket?
C'est la première chanson que nous avons faite ensemble. Il y en a eu d'autres depuis, notamment pour le dernier album de Louise qui est sorti au Québec.

Vous co-signez quelquefois les paroles, quelquefois les musiques. Quelle est votre spécialité?
Depuis toujours, je fais mes musiques tout seul, ma femme y collabore quelquefois, mais c'est la seule. En ce qui concerne les textes c'est de moins en moins moi.

Il y a longtemps que vous écrivez pour les autres?
Non, quatre ou cinq ans. j'ai placé des compositions à Louise Duffault et je viens d'écrire Urgent Désir sur le dernier album de Lara Fabian.

Pourtant en 1987, sur l'album Incognito de Céline Dion, on trouve votre signature sur Lolita...
C'est une exception. J'avais composé la musique de cette chanson que je chantais en anglais. Céline et René ont demandé à Luc Plamondon de faire une adaptation en français, et voilà...

Vous avez débuté en 1967, cela ne vous gêne-t-il pas de faire partie d'une troupe où il n'y a que des jeunes, souvent débutants?
Non, pas du tout, au contraire, car ils ont du talent et une grande maturité. Pour moi, c'est comme une transfusion... et puis, j'ai encore de la fougue, croyez-moi...

N'êtes-vous pas triste de n'être connu en France que pour Ils s'aiment et maintenant Frollo?
Si je n'étais connu en France que pour La Danse des canards, je trouverais ça frustrant... En revanche, avec une chanson comme Ils s'aiment, qui a gardé beaucoup de pertinence et d'actualité, je me sens à l'aise, même si j'aimerais être connu ici comme au Québec, pour vingt-cinq chansons qui y ont été des numéros uns. Mais, c'est de ma faute, j'étais fatigué de voyager, et un peu paresseux, et j'ai préféré concentrer mes efforts sur le Québec.

Vous avez chanté à Paris au Petit Journal montparnasse en 1979, au Théâtre de la Ville en 1981, à Bobino en 1982, au Rex en 1985, à l'Olympia en 1984 et 1986... et avez même publié un live de ce dernier spectacle...
D'ailleurs, la compilation de 1996 était en fait un live, mais dans les

conditions du studio, sans public, car les applaudissements, ça m'em...

Notre-Dame est votre deuxième comédie musicale après Sand et les Romantiques, déjà de Plamondon et Lara en 1991, année durant laquelle vous jouez au cinéma dans Le Fabuleux Voyage de l'ange. Devenir acteur vous tente?
Jusqu'à Frollo, je ne me sentais psa vraiment cteur. Mais, c'est vrai que ce rôle, qui est loin de ce que je suis, m'a fait travailler. 

Vers 1974, sur votre premier album, vous chantiez J'ai quitté mon île qui est devenu un succès en portugais (Deixei mihaterra) au Brésil et au Portugal, en 1983, sur le sixième, Ils s'aiment est adapté en anglais, espagnol, portugais... Une carrière hors de la Francophonie vous tente-t-elle?
En 1993, sur mon dixième album, j'ai eu un succès aux Etats-Unis avec la B.O. de General Hospital, suite à quoi j'ai enregistré un quatrième et dernier album en anglais, mais je n'ai pas eu envie de poursuivre aux Etats-Unis, car le show-business américain est un monde de fous.


 
 
Garou : Quasimodo
Ses premiers enregistrements ont été ceux de Notre-Dame de Paris et notamment Belle en trio. Dernièrement, il a enregistré avec Hélène Ségara L'amour existe encore pour Ensemble. Lui aussi est une star en herbe.
Vous avez commencé à chanter vers 1991?
J'ai même commencé à l'âge de 16 ans, vers 1988, avec un groupe pour m'amuser. Puis, quand j'ai eu  19 ans, j'ai commencé à chanter dans les bars, tout seul. Ensuite, j'ai eu un groupe, Garou and the Intouchables, toujours dans les bars. J'ai fait ça durant cinq ou six ans, c'est pourquoi ma voix a été  habituée à se noyer dans la bière. (Rires.)

Vous êtes un des rares de la troupe à ne pas avoir de double carrière, de disque en solo en parallèle?
Je n'ai pas de double carrière mais j'ai un double métier : je chante et je fais de l'acting. Cependant, c'est vrai que depuis deux ou trois ans, j'aurais pu avoir un album au Québec, car on m'a fait des propositions, mais je ne me sentais pas prêt.

Je vous ai vu dans le public à la réouverture de bobino cet automne, écoutant Cabrel, Bruel, Obispo... La chanson française, c'est votre culture?
Pas du tout, je connais beaucoup plus la musique anglo-saxonne : le rhythm and blues, Wilson Pickett, Otis Redding, James Brown... même si je suis né à Sherbrooke au Québec francophone. Moi, je ne connaissais pas Hallyday, seulement Sardou, Fugain... et je suis un grand fan de Joe Dassin. D'ailleurs, dans les bars, quand je chantais, je glissais toujours un petit Joe Dassin... que je

commençais en anglais pour le finir en français. (il fredonne.) "Right again on the city of New Orleans... Les matins se suivent et se ressemlent..."

Votre premier album sera donc en anglais?
Non, je vais le faire en français, c'est mon défi. Faire quelque chose en français qui sonne. J'ai eu le déclic en écoutant le funk de Sinclair et le blues de De Palmas.

Paul Personne, d'après vous, ça ne sonne pas non plus?
C'est bien mais ce n'est pas comme les bons vieux bluesmen américains.

Pourquoi pensez-vous réussir là où tout le monde a échoué?
Si j'arrive à faire sonner le français, j'en serai le premier surpris, mais je travaille en ce moment avec Luc Plamondon pour essayer.

Pourquoi accepter un rôle dans Notre-Dame, qui est une oeuvre très éloignée de votre culture?
Mon univers dans les bars était blues, très happy, en anglais, avec la banane, tandis que là c'est lyrique, sombre et en français! (Rires.) Mais cette comédie musicale ouvre mon registre de voix au maximum. J'ai été retenu, je crois, pour ce que j'avais de blues. Quasimodo, dans l'âme, est un bluesman, même si on oublie les blue notes dans la façon de chanter.


 
Luck Mervil : Clopin
Après trois albums au Québec avec son groupe Rudeluck, Luck Mervil a décidé de tout recommencer à zéro en France. Il chante dans Notre-Dame de Paris et prépare un album pour le marché français.
Vous n'êtes pas connu en France, pourtant au Québec, vous en êtes déjà à votre troisième album...
En 1997, j'ai écrit, produit moi-même financièrement pour la première fois mon album et je l'ai même co-réalisé. Il est sorti au Québec il y a six mois et va être distribué ici sous l'étiquette Mercury.

C'est un album Luck Mervil ou Rudeluck?
Rudeluck, mais vous savez Rude Luck, ce sont deux personnes : moi et Rudy d'où le nom du groupe. En anglais, ce nom signifie la chance à l'état brut.

Quel en est le premier extrait?
Au Nom de l'amour, qui est certainement le plus beau texte de l'album.

Vous êtes né à Haïti. Vous avez vécu longtemps au Québec?
J'y suis arrivé, j'avais quatre ans. Je me sens québécois. Je suis retourné à Haïti, il y a deux ans à Noël et j'ai été très déçu à cause du racisme entre Noirs. En France, il y a aussi du racisme, plus qu'au Québec.

 
Vous avez envie comme Garou, Fiori et Lavoie ou Pelletier d'avoir droit à un single extrait de Notre-Dame?
Je pense que cela va se faire éventuellement. Cela va de soi. On n'est plus dans les années 70 à envoyer un album aux radois et qu'elles se débrouillent. On choisit maintenant une chanson après l'autre et on met toute la gomme dessus. Il faut aussi penser que cela aurait été facile de commencer avec ma chanson sur les sans-papiers... C'était très opportuniste, mais la production ne voulait pas vendre le show comme ça. Et je suis d'accord avec eux : Notre-Dame de Victor Hugo, ce n'est pas ça.

Dans le spectacle, vous êtes le personnage le plus engagé politiquement?
Je ne veux pas jouer n'importe quoi. Ma vie d'artiste pour moi doit servir à ce qu'on voie tous les humains de la même manière.

Dans votre loge, on voit une photo de Bob Marley...
Je l'adore. Pour les textes, c'est comme Plamondon, c'est superbe.

Vous pourriez chanter Plamondon ou Cocciante sur un de vos albums?
Bien sûr! Je n'ai aucune prétention d'auteur ou de compositeur.

Entre la version studio et le live de Notre-Dame, que préférez-vous?
Le live, on l'a répété tant de fois - car, contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, nous ne sommes pas en play-back - alors que lorsqu'on a enregistré la version studio, on n'avait encore rien intégré. Dans la 

version studio, c'est Luck Mervil qui chante, dans le live, c'est Clopin.

Vous allez donc mener une double carrière?
Triple : Notre-Dame, Rudeluck et aussi comme acteur. J'ai joué dans un télé-roman, une série télé au Québec, Sauve qui peut. Et je ne vais pas m'arrêter là : je lis deux scénarii que j'ai à la maison, l'un deux est pour un premier rôle. Et, pour une fois, ce n'est pas un premier rôle pour un Black, c'est un premier rôle qu'un Blanc pourrait jouer. 

Vous voudriez devenir une star adulée...
Chez nous, il n'y a pas de star, il n'y a que des gens très connus. Tout le monde peut se promener dans la rue sans être agressé. A la limite, Céline Dion pourrait se promener dans les rues de Montréal et les gens se contenteraient de lui adresser des petits signes amicaux sans agression. Paris a d'autres qualités : c'est un musée, la plus belle ville du monde.

Vous allez faire la tournée en province?
Oui, je suis très content car ça va me permettre de rester en France et de faire ma promotion de l'album. De plus, depuis hier soir, j'ai une doublure - je suis le dernier à en avoir une -, j'ai fait tous les spectacles, soixante-seize représentations, donc je vais pouvoir continuer tout en soufflant un peu. Ce n'est pas le problème de pouvoir être malade - car quand j'ai un rhume je chante encore mieux - mais celui d'avoir le temps de faire autre chose. Hier, par exemple, je suis allé voir Notre-Dame pour la première fois de la salle, et j'ai eu enfin du recul, j'ai pu prendre des notes....

 

 
Vous chantez et dansez depuis 1990, vous avez donc passé la moitié de votre vie à être artiste?
Bien plus, car j'ai commencé la danse quand j'avais quatre ans, j'en ai aujourd'hui dix-sept.

Quand vous voyez les danseuses de la troupe, vous ne regrettez pas?
Non, car la danse, je n'ai pas ça dans le sang. Il faut une force mentale et physique, bien plus forte que pour chanter.

Vous n'avez pas pris de cours de chant?
Non, très peu. Je n'aime pas ça. J'ai eu peur que ça me retire l'émotion, même quand je travaillais au Studio des Variétés ou au Sentier des Halles.

Notre-Dame c'est plus difficile que ce que vous avez fait dans le passé?

 
Julie Zenatti : Fleur de Lys
Agée de 17 ans, elle est la benjamine de la troupe. Après un single et un générique de dessin animé, elle a intégré Notre-Dame de Paris, dès la version studio. Avec l'enregistrement du live, elle a passé un nouveau test.
Oui. Je suis passée de ma vie d'adolescente qui allait à l'école - même si j'avais des dérogations - à une vie professionnelle.

Pourtant, en 1995, vous aviez enregistré un single chez EMI?
Oui, mais on ne l'a pas sorti. C'est dommage parce que ce Chaque seconde avec toi avait été fait à Londres, par Lenny Kravitz et Jerry Devaux.

Aujourd'hui, les propositions doivent pleuvoir?
Non, car j'ai signé avec Columbia et je suis en train de préparer mon album.

Vous étiez déjà là pour l'album studio, aujourd'hui sort le live. Que préférez-vous?
Le live pour mes chansons, notamment mon titre-clé, La Monture. On y entend les respirations, les défauts... Il faut dire que la version studio date d'un an et demi. Depuis, j'ai fait des progrès au niveau interprétation, c'est plus joué.

Quels auteurs-compositeurs allez-vous chanter?

Ils sont connus, mais, pour l'instant, je préfère ne pas en parler.

On raconte que vous avez chanté un générique de dessin animé...
Ouais, Starla et les joyaux magiques, le fameux dessin animé sur la Trois! (Rires.)

C'est ça qui vous intéresse dans la chanson : faire rêver, plus que faire réfléchir?
J'adorerais lier la fiction à la réalité pour divertir et aussi faire passer des messages.

Avez-vous envie de continuer à chanter du Plamondon sur vos albums?
Sans problème, car Luc, en plus de son talent, s'est battu pour que j'aie le rôle alors que j'avais 15 ans. Je l'appelle papa. Et même si ses thèmes sont courants, c'est fait avec une profondeur rare.

Et les musiques de Cocciante vous conviendraient?
Ah oui, parce que c'est lyrique, on se lâche...

 
By J.-P. P. and Jean-Marc d'Angio





Added on : January 27th 1999

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