NOTRE ROYAUME ETAIT UNE PRISON

 

Le 14 novembre 1981, le PIC s’est dissout, mettant par conséquent fin à la parution de la revue JEUNE TAUPE.

Précisons d’abord que nous n’étions plus motivés pour inscrire nos activités dans un groupe portant le sigle pompeux de Pour une Intervention Communiste, éditant une revue au titre nébuleux de Jeune Taupe (appartenant à une époque précise, mais aussi comportant des références codées la destinant à un certain milieu). Mais au-delà de ces questions formettes, nous ne souhaitions pas effectuer un replâtrage du PIC, ce qui aurait signifié que nous voulions maintenir une certaine continuité, alors que nous ne nous reconnaissions plus globalement dans sa plate-forme, son « passé » et certains de ses textes d’orientation. Notre évolution impliquait donc notre dissolution.

De plus, force nous est de constater que malgré ses déclarations périodiques sur la mort de l’ultra-gauche, le PIC a continué à situer son action dans le cadre de ce milieu aujourd’hui en pleine déliquescence. Notre dissolution était aussi une nécessité pour opérer une rupture avec ce milieu, et donc d’une certaine façon avec notre propre passé.

Si l’ultra-gauche a représenté après 68 un certain dépassement du gauchisme, dont elle s’est d’ailleurs alimentée, elle n’est à terme parvenue qu’à une variant radicale de celui-ci. Ceci peut se vérifier au travers d’un certain nombre de dénominateurs communs à ce courant (et donc à ce qu’a été le PIC), que nous rejetons aujourd’hui.

 

L’ELITISME ET LE PARTITISME, base commune à l’ensemble de l’ultra-gauche, même celle qui se prétend contre les élites et contre le parti. Cet élitisme se rencontre autant dans les mesures organisationnelles des constructeurs de parti, que dans les propos grandiloquents sur la responsabilité historique des révolutionnaires des « anti-partitistes ». N’en déplaise à ces derniers, nous ne confondons pas l’histoire avec les tréteaux du théâtre élisabéthain. C’est d’ailleurs chez les plus anti-organisationnels, partisans de regroupements fortuits autour d’une revue ou d’une intervention ponctuelle que l’on rencontre les individus les plus intimement persuadés d’appartenir à une élite sans rapport avec le vulgaire capital variable. Pour voir clairement apparaître le partitisme de l’ultra-gauche, il suffit de réunir dans une même salle un certain nombre de ses groupes, comme nous avons périodiquement tenté de le faire ces dernières années. On constate alors que leur comportement est à l’image de celui des partis parlementaires : manœuvres pour conserver le contrôle de l’assemblée ou pour prendre le pouvoir, tractations de couloir,…

 

LA NOTION DE POLE DE REFERENCE, liée à la tentative de gagner ou maintenir une image de marque, ceci concernant aussi bien le groupe que l’individu au sein du groupe. A ceci correspond la pratique consistant à se pousser en avant, que ce soit par le terrorisme verbal (ou intellectuel), le culte de l’individu, le copinage qui permet également à l’individu de ses valoriser à ses yeux et aux yeux des autres. On finit par ne plus agir en fonction d’un engagement (individuel ou collectif) sur certaines perspectives, mais pour justifier son existence et sa supériorité. En ce qui nous concerne, nous ne visons pas (plus ?) à être populaires, reconnus par les masses (ou par qui que ce soit d’autre !) ; nous ne visons pas fondamentalement à une implantation ou à une audience ouvrière, mais à une contribution à l’autonomie prolétarienne.

 

LA CONCURRENCE INTER-GROUPES, conséquence de tout ce qui précède. Il est nécessaire que chaque groupe soit en possession des tables de lois qui lui permettront de satisfaire son partitisme et son élitisme, de se placer en position de référence vis-à-vis de ce qu’on nomme le milieu révolutionnaire. Cette concurrence s’est ressentie dans la confection même d’une revue comme Jeune Taupe… Combien d’articles publiés sans aucune élaboration collective parce qu’il fallait absolument avoir écrit sur tel ou tel sujet (vis-à-vis de qui !) ; lorsqu’on ne trouvait pas déplorable que d’autres aient produit des articles considérés comme plus intéressants que  les nôtres (sur la Pologne en particulier) ! A la manière des gauchistes, les ultra-gauchistes pratiquent également vis-à-vis des autres une tentative de culpabilisation perpétuelle. Combien de fois avons-nous entendu ces petites phrases : on ne vous a pas vu à la grève ou à la manif de… vous n’avez pas fait ça – ça n’est pas un hasard ; vous avez fait ça – c’est bizarre (ou ça n’est pas un hasard, c’est selon) ;… !!!

 

C’est donc en rejet de tout ce que nous venons de décrire que nous nous situons aujourd’hui. Nous nous sommes dispensés de citer des noms ou des sigles. Tout d’abord, cette pratique de la personnalisation systématique appartient à ce que nous rejetons. D’autre part, rien de cela n’est propre à tel ou tel groupe. On le rencontre en des mélanges divers, chez tous ces pseudo-théoriciens, professeurs en marxisme, apprentis bureaucrates et déclassés professionnels qui constituent ce milieu en décomposition.

 

A ceux qui se réjouiraient trop vite de la disparition d’empêcheurs de magouiller en rond, nous apprendrons que nous sommes décidés à nous inscrire dans un engagement collectif sur des bases clarifiées par rapport à notre passé (et donc pires de leur point de vue !).

 

A ceux qui s’étonneraient que la paille que nous avons dans l’œil nous ait aveuglé pendant si longtemps, nous conseillerons d’ôter la poutre qui est dans le leur.

 

A ceux qui partagent le rejet que nous venons de définir ; qui à l’encontre de tout élitisme se situent sur le terrain de l’autonomie du prolétariat ; nous dirons que nous sommes prêts à engager un débat fraternel avec eux. N’étant pas à la recherche d’un cercle de fidèles, nous nous refuserons de nous situer au centre de ce débat. Celui-ci ne pourra avoir de signification que sur une base fondamentalement égalitaire, ou chacun apportera sa contribution à la réflexion (le cas échéant à l’action) collective. Ainsi seulement s’établira un rapport politique entre révolutionnaires en rupture non seulement avec l’ambition des uns de se constitue en pôle de référence, mais avec le comportement de spectateurs ou le localisme des autres.

 

 

AXES DE REFLEXION POUR L’AUTONOMIE PROLETARIENNE

 

L’histoire des sociétés de classe est marquée par la lutte des classes opprimées et exploitées. Dans la société capitaliste, celle-ci prend la forme de l’antagonisme entre prolétariat d’une part et classe capitaliste d’autre part. C’est cette lutte qui a permis la formulation de positions communistes, c’est-à-dire de prises de positions politiques allant dans le sens de l’autonomie de classe du prolétariat.

 

Les axes de réflexion suivants représentent une des expressions de ces positions. Ils évolueront en fonction de la situation et des discussions que nous pourrons avoir entre nous et avec d’autres.

 

Les buts de cette concrétisation temporaire sont de :

-          définir les positions qui nos semblent actuellement permettre l’engagement d’une minorité révolutionnaire sur le terrain de l’auto-émancipation du prolétariat ;

-          servir de base de discussion avec des camarades isolés ou d’autres groupes.

 

Ne visant pas à développer chaque position dans le moindre détail, ils seront logiquement complétés par des textes d’orientation approfondissant les questions qui nous semblent primordiales.

 

CONTRE LE CAPITALISME

 

LE MODE DE PRODUCTION CAPITALISTE ET SA DECADENCE

 

Le Mode de Production Capitaliste est un système social dans lequel l’économie est prédominante.

La loi du profit qui caractérise en propre le capitalisme conditionne, et cela à l’échelle planétaire, l’activité humaine c’est-à-dire la production matérielle, l’acte social de travail, l’organisation des rapports des hommes entre eux et avec la nature.

Les rapports sociaux dans le cadre desquels les prolétaires produisent, échangent, communiquent, vivent, sont eux-mêmes déterminés et s’ils subissent des variations, c’est en fonction de l’évolution et des contradictions du mode de production capitaliste.

Les rapports sociaux existants permettent le maintien et la perpétuation de la domination capitaliste sur l’ensemble de l’humanité.

Depuis ses origines, le capitalisme repose sur l’existence du salariat (vente de la force de travail), l’économie marchande, la concurrence économique entre chaque capitaliste (individuels ou national) qui conduit chacun de ceux-ci à augmenter le taux de plus-value extorquée aux prolétaires qu’il exploite, afin d’être le mieux placé vis-à-vis de ses concurrents.

Avec le partage impérialiste du monde s’affirmant au XXème siècle, il entre dans des contradictions économiques insolubles entraînant l’humanité à subir le cycle perpétuel : crise (austérité, chômage,…), guerre (destruction des moyens de production matériels et humains, repartage des marchés,…) et reconstruction (mythe de l’abondance et de la prospérité, sur-production,…).

A un niveau historique, cette décadence est marquée par la première guerre mondiale et l’ensemble des affrontements inter-impérialistes lui faisant suite.

A un niveau social, elle se caractérise par une domination de plus en plus généralisée des rapports marchands sur toutes les conditions d’existence masquant une barbarie croissante (coexistence d’ne surproduction et d’une sous-consommation, misère matérielle de la majorité de l’humanité). Au centre de cette domination, se situe le travail, source de profit et activité aliénée par excellence autour duquel gravitent les autres activités humaines.

 

UNITE DU MODE DE PRODUCTION CAPITALISTE

 

A partir du moment où existe la production marchande, c’est-à-dire la production pour la vente, l’argent, le profit et la salariat, il y a capitalisme, que celui-ci soit sous le contrôle de patrons ou de l’Etat.

Ainsi, la Russie, la Chine et autres pays à étiquette socialiste ou communiste sont des capitalismes d’Etat soumis aux lois du marché mondial.

Le capitalisme d’Etat, s’il se répand à l’échelle mondiale en fonction des contradictions de la période, n’est que tendanciel car il est contrecarré par la concurrence entre les différentes fractions du capital.

Quant aux mouvements de libération nationale que connaît le Tiers-Monde, ils ne peuvent se développer que dans le cadre des conflits inter-impérialistes. Mais dans le cas de tentatives de constitution d’un capitalisme national, celui-ci ne représente aucun progrès mais ne peut survivre qu’au prix d’une surexploitation du prolétariat local. Nouveau concurrent sur le marché, il ne peut qu’accélérer l’enfoncement dans la crise et la barbarie. Plus généralement les luttes de libération nationale ont toujours constitué un obstacle à l’indépendance et à la conscience du prolétariat.

Sa participation à de telles luttes ne peut que se traduire par la perpétuation de son exploitation.

 

MOYENS DE LA DOMINATION CAPITALISTE

 

Pour maintenir sa domination, le capitalisme doit enfermer le prolétariat dans un CADRE NATIONAL. C’est ainsi qu’il a mis en place successivement différentes politiques d’embrigadement capitaliste : social-démocratie, bolchévisme, fronts populaires, fascisme, new-deal, anti-fascisme, résistance, etc

La nation n’a d’autre réalité que celle d’unité concurrentielle au sein du système. Le prolétariat n’a ni à s’ériger en classe nationale, ni à se constituer lui-même en nation.

La lutte de classe ne peut être que mondiale et être la négation de tout nationalisme et de tout Etat.

Comme toutes les sociétés d’exploitation, le capitalisme nécessite une séparation entre dirigés et dirigeants dans tous les domaines. Une de ses manifestations est l’émergence du pouvoir politique comme sphère séparée de l’activité humaine.

Les PARTIS qu’ils visent ouvertement à la prise du pouvoir d’Etat ou qu’ils ne se donnent qu’un rôle de direction, sont une des expressions de ce phénomène. Un parti politique ne peut être qu’un organisme capitaliste, y compris quand il prend le nom de « parti révolutionnaire ». Tandis que la gauche et l’extrème-gauche considèrent « le parti » comme le moyen de prendre le pouvoir et de constituer un capitalisme d’Etat sur le dos de la classe ouvrière pour prendre le pouvoir. Pourtant, si l’on considère que le parti est l’organisation de la classe ouvrière et que la tâche fondamentale de la classe ouvrière est la dictature politique, on ne peut pas longtemps éviter d’admettre que la dictature du prolétariat sera exercée par le parti.

Les SYNDICATS, organismes basés sur la vente et la détermination du prix de la force de travail, ne peuvent être que des obstacles à l’autonomie du prolétariat.

L’évolution du capitalisme les a conduit à participer, en tant qu’institutions, à la gestion et à l’encadrement du travail salarié dans de multiples structures (étatiques, mixtes, paritaires,…).

Lors de chaque guerre capitaliste, ils ont participé avec enthousiasme à « l’effort national », contribuant à l’envoi des travailleurs au front et au maintien de la discipline de la production à l’arrière.

Le fonctionnement du syndicalisme repose sur l’organisation capitaliste du travail, la délégation de pouvoir, la démission de la « base » et le culte de la représentation.

La fonction des syndicats (gestion et régulation du marché du travail par rapport aux besoins du capital) et leurs rôles idéologiques (défense du réformisme, de l’intérêt national, de l’entreprise, de l’individualisme,…), d’encadrement des travailleurs (jusqu’à la violence physique) en font des piliers de l’ordre capitaliste au sein de l’entreprise. Quant à la conception anarcho-syndicaliste, syndicaliste « révolutionnaire », outre le fait que l’autogestion n’est que la gestion ouvrière de la production marchande, sa conception du syndicat gérant la société se situe sur le même terrain de substitution d’une organisation préalable au mouvement réel de lutte du prolétariat que les partis et syndicats traditionnels.

La lutte du prolétariat pour son autonomie ne peut se réaliser qu’en dehors et contre les partis et les syndicats, jusqu’à leur disparition.

Les ELECTIONS sont un terrain qui perpétue l’atomisation des prolétaires, fondus dans la catégorie des « citoyens ». Elles s’appuient sur l’idéologie démocratique (débats, suffrage universel, délégation de pouvoir,…) dont le capital se sert pour masquer sa domination de classe. Les prolétaires n’ont rien à faire sur ce terrain totalement étranger à la lutte de classe. L’utilisation des élections, dans le but d’être élu, ou comme « tribune de propagande », est du strict domaine de la politique bourgeoise. Si certaines organisations tentent de récolter plus spécifiquement les suffrages ouvriers, c’est que pour eux le prolétariat n’est pas le sujet historique de la transformation révolutionnaire, mais simplement le groupe le plus important des individus atomisés.

L’ensemble de ces moyens reposent sur les principes capitalistes du chef.

POUR LE COMMUNISME

 

LA REVOLUTION COMMUNISTE

 

Le communisme, c’est la réalisation de la communauté humaine, par la réalisation de la communauté humaine, par la destruction du capital, de l’économie marchande et du salariat sur le plan mondial. Il implique donc la suppression de toute concurrence sociale, économique, politique, entre les individus. Ceci passe par la mise en commun des moyens de production nécessaires à la satisfaction des besoins humains, afin de supprimer la séparation en classes sociales, professions, nations, états… Cette perspective est contradictoire avec les solutions de sauvetage du système capitaliste que sont les nationalisations, le contrôle ouvrier ou l’autogestion.

La révolution communiste, mouvement social du prolétariat, devra s’attaquer à l’ensemble des rapports capitalistes (politiques, économiques, idéologiques,…) pour détruire de fond en comble l’Etat, expression politique de la domination du capital, et ceci à l’échelle de la planète.

Le communisme c’est la libération et la transformation radicale de l’activité humaine, ce changement dans l’histoire de l’humanité nécessitera donc l’abolition des survivances des modes de production antérieurs.

 

L’AUTONOMIE DU PROLETARIAT

 

L’autonomie du prolétariat signifie son indépendance politique par rapport aux autres classes sociales, à l’Etat et à ses institutions, aux divisions nationales ; vers l’auto-organisation de l’ensemble de la classe. En ce XX° siècle, elle s’exprime dans les luttes de masse, la tendance à ce que les travailleurs s’organisent eux-mêmes par le moyen d’assemblées générales souveraines, de comités de grève sous le contrôle strict des grévistes,… autant de formes d’organisation produites par l’expérience historique des masses. Seule cette auto-organisation   peut permettre un véritable engagement de tous dans la lutte, l’unité et la transparence effective des décisions et de leurs applications.

Ce besoin d’autonomie, d’auto-organisation du prolétariat, qui s’est manifesté dans le passé comme dans certaines luttes actuelles, existe à l’état latent, parmi les travailleurs, même si c’est sous des formes mystifiées. C’est uniquement de son développement que dépend la possibilité du communisme.

 

LA DICTATURE DU PROLETARIAT

 

Dans le processus révolutionnaire, cette autonomie s’affirme par la dictature du prolétariat qui n’est rien d’autre que l’exercice direct de son hégémonie. Cette dictature ne peut pas coexister avec un Etat mais exige sa destruction. Elle ne peut donc être le fait d’un parti, mais celui des organisations de l’ensemble de la classe ouvrière (assemblées de masse, conseils ouvriers,…). Cette notion de dictature signifie que le prolétariat doit utiliser la violence, tant que cela sera nécessaire, pour instaurer le communisme contre la menace des organisations contre-révolutionnaires qui se constitueraient afin de rétablir l’exploitation, le travail salarié, la production marchande et l’Etat. Mais cette conception n’a rien à voir avec celle d’un « Etat prolétarien » car elle est l’expression de la prise en charge de l’activité humaine par les plus larges masses.

N’ayant pas de domination à perpétuer, le prolétariat ne peut assurer de fonction étatique, mais au contraire préparer l’accomplissement de la communauté humaine mondiale. Par conséquent, dans les régions où il aura instauré sa dictature, le prolétariat se trouvera immédiatement confronté aux tâches de renforcement et d’extension de la révolution. Même si les conditions dans lesquelles celle-ci émergera joueront sur les possibilités d’arriver plus ou moins vite à l’abondance, tout rapport marchand devra être immédiatement exclu. Contre toute solution de paix ou de compromis avec un quelconque Etat ou Bloc, le prolétariat ne pourra s’affirmer mondialement qu’en continuant la guerre de classe révolutionnaire, en développant les nouveaux rapports sociaux.

 

QUI NOUS SOMMES

 

CONTRE LE SUBSTITUTISME, L’ELITISME, L’AVANT-GARDISME

 

Si les révolutionnaires, par l’expérience et la réflexion, sont parvenus à accomplir certaines ruptures avec l’idéologie occultant la réalité, leurs organisations ne sont pas détentrices de la conscience de classe. Elles sont simplement parvenue à une clarification imparfaite, issue de l’expérience prolétarienne, permettant leur intervention.

Le rôle des organisations révolutionnaires n’est donc ni primordial, ni déterminant. Le seul facteur primordial est l’auto-mouvement du prolétariat, son expérience sociale. Les organisations voulant constituer des élites, des avant-gardes, cherchent à regrouper sous leur influence le plus grand nombre de travailleurs, au moyen de programmes minimums, qui sont autant d’aménagements de l’exploitation salariale. Pour nous, au contraire, le rôle des communistes n’est pas de s’efforcer à être « populaires » ou reconnus par les masses. Nous sommes un produit et en même temps un facteur actif du mouvement dynamique de classe qui tend à dépasser le terrain du salariat. Nous ne visons pas fondamentalement à une implantation ou à une audience ouvrière, mais à une contribution à l’autonomie de classe.

 

L’INTERVENTION ET L’ORGANISATION DES REVOLUTIONNAIRES

 

Pour assurer l’intervention, les communistes sont organisés de façon distincte, même s’ils sont un produit du mouvement de la classe en constitution. Ils ne peuvent viser à représenter celui-ci ou à s’y substituer car leur contribution active a pour objet l’homogénéisation de la conscience de classe. Ainsi, il n’existe pas de concurrence, mais un complémentarité, entre les différentes formes d’organisations contribuant à l’autonomie prolétarienne (organisations autonomes de masse, groupes minoritaires sur les entreprises, groupes de révolutionnaires,…).

Sans rien céder sur leurs positions politiques, les groupes de révolutionnaires oeuvrent au développement de leur propre organisation et au regroupement d’un courant pur l’autonomie prolétarienne. Ce regroupement se fera en excluant tout volontarisme, mais en allant le plus loin possible dans la clarification politique.

Le fonctionnement de l’organisation des communistes implique l’expression individuelle et collective permanente et la centralisation des décisions (prise de décision à la majorité lorsqu’un accord n’est pas intervenu). Il en découle une pratique la plus collective possible.

L’intervention et l’organisation ne peuvent évidemment se concevoir qu’à l’échelle de la planète dans la perspective de la lutte mondiale du prolétariat. Il ne peut donc exister aucune limite territoriale (régionale, nationale,…) ni à l’organisation d’un groupe de révolutionnaires, ni dans les relations entre révolutionnaires organisés distinctement.

 

NOTRE ACTIVITE

 

Que ce soit au travers de publications, tracts, inscriptions, discussions, présence physique,… la contribution des révolutionnaires peut se résumer à quelques grands axes.

Leur tâche fondamentale est évidemment de diffuser les expériences ouvrières dans leurs luttes autonomes et les réflexions qu’elles suscitent, de faire connaître les formes de lutte accélérant le processus d’autonomisation du prolétariat par rapport à l’Etat, aux partis et aux syndicats.

La contribution au dégagement de formes d’organisations autonomes au sein du prolétariat. En l’absence de mouvements pouvant déboucher sur des assemblées de masse, cela peut revenir à favoriser le groupement de travailleurs radicaux au sein de l’entreprise.

Les révolutionnaires peuvent favoriser la formation, l’existence et la création de contacts et de liaisons solides et directes entre eux. Pour autant, l’action des groupes de révolutionnaires ne peut être dépendante de leur existence. Elle ne peut non plus être dirigée exclusivement vers les entreprises, mais aussi vers d’autres lieux où des prolétaires (« bénéficiant » d’un travail ou non) sont regroupés.

La mise en avant de la nécessité d’une unification se situant au-delà du terrain de l’entreprise. Les révolutionnaires sont évidemment parties prenantes de toute lutte réelle, même partielle, mais en désignant la perspective de leur dépassement telle qu’ils la conçoivent, et non en la figeant à un stade revendicatif. Les organisations de révolutionnaires n’ont pas à inventer ou à propager des revendications pour la lutte… même anti-hiérarchiques. C’est un fait que le processus de la lutte de classe passe par des phases revendicatives, mais elles n’ont pas pour autant à bloquer le mouvement à ce stade. Les révolutionnaires n’ont pas à mettre en évidence de « pieux mensonges » pour améliorer leur audience ou tenter de provoquer artificiellement une « mobilisation ». Ils doivent combattre les illusions sur d’éventuelles réformes et montrer ce qu’elles dissimulent.

De ce qui précède, il ressort qu’il ne s’agit pas de « négliger » telle ou telle lutte parce qu’elle n’est pas immédiatement révolutionnaire ; il s’agit au contraire d’y apporter notre contribution directe ou indirecte suivant nos forces et possibilités. Il s’agit de montrer clairement quelles sont les formes par lesquelles les travailleurs peuvent contrôler leurs luttes sans dissimuler leurs limites et leurs perspectives de dépassement. Il s’agit d’insister sur la nécessité d’affronter directement les syndicats et de forger des organes autonomes qui en se reliant brisent le carcan de l’entreprise.

Ces perspectives pratiques sont indissociables du travail ininterrompu de clarification auquel les révolutionnaires sont confrontés :

-          compréhension des luttes actuelles (apports, limites,…) en relation avec l’évolution mondiale du capitalisme ;

-          critiques des expériences révolutionnaires passées, ainsi que des conceptions idéologiques qui s’y sont rattachées (marxisme, anarchisme, élitismes divers) ;

-          critiques des organisations actuelles se réclamant du socialisme, du communisme ou du syndicalisme ; des organisations critiquant les « excès » du capitalisme (écologistes, féministes, squatters,…) en en dissimulant les racines, et étude du pourquoi de leur existence ;

-          Réflexion sur le problème de l’organisation des révolutionnaires, tel qu’il s’est posé et tel qu’il se pose aujourd’hui, et sur les rapports entre minorités révolutionnaires et prolétariat ;

-          Réflexion sur les problèmes fondamentaux de l’autonomie prolétarienne, du dépassement du terrain revendicatif, de l’abolition du salariat,…

Cette indispensable clarification est inséparable de la nécessité d’une presse révolutionnaire. Les groupes révolutionnaires n’étant ni des cercles de discussion ni des groupes d’études, ils ne peuvent que viser à la répercussion des positions auxquelles ils sont parvenus le plus largement possible et avec un maximum de régularité. Ils doivent donc s’efforcer de concrétiser leur réflexion dans des périodiques permettant de dépasser le cercle des « initiés », avec un sérieux excluant à la fois le volontarisme et le dilettantisme. 

 

 

 

 

 

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