J’avais lu je ne sais plus où une histoire de politique-fiction qui m’avait paru de prime abord totalement farfelue : sommé par les Etats-Unis de rembourser ses dettes, le Mexique avait décidé en représailles de faire s’échouer délibérément un pétrolier sur les plages de Miami Beach et de Kokomo. Au même moment, la France envoyait sa marine intercepter quatre navires libyens animés des mêmes intentions et faisant route vers Saint-Tropez. Le naufrage du Prestige est-il un acte de guerre commis par la haute finance apatride ? L’affréteur du navire est un juif de Lvov, Mikhaïl Friedman. Le navire battait pavillon des Bahamas et était armé par Marc Shipping, une entreprise de la famille de John Colouthros (Grèce) basée au Libéria. Le Prestige était d’ailleurs leur seul navire et avait été refusé par Chevron-Texaco (USA) et Galpenergia (Portugal). D’ailleurs le navire se rendait à Singapour pour finir à la casse… L’équipage, formé de ces mercenaires des mers que les Philippi ns , n’était pas du tout qualifié. On trouve beaucoup de noms connus dans cette histoire… Le pétrole est à Friedman. L’équipage est à Colouthros. A qui appartient le bateau ? A Crown Resources, une entreprise britannique héritière du Privy Council de l’Angleterre impériale qui provoqua la guerre de l’Opium de 1842 ou le monopole de l’indigo aux Indes, n’hésitant pas à éliminer ceux qui l’avaient servi et qui en savaient trop, comme Charles Gordon et Lawrence d’Arabie. C’est évidemment une coïncidence si on retrouve des membres de la Crown Resources derrière les rebelles ivoiriens, ceux qui parlent si bien anglais… Le conseiller de Crown Resources est un certain Mark Rich, l’ancien patron de la société Glencore qui était en affaire avec deux proches de Charles Pasqua plus qu’impliqués dans les magouilles « françafricaines » : Arcadi Gaydamak et Pierre Falcone… Au fait, mais ce n’est peut-être qu’une coïncidence, l’entreprise russe de Friedman, Alfa Group, est immat riculée en Suisse, dans le canton de Zug, là même où il y a quelques années, un « forcené » avait battu un nombre conséquent de parlementaires… Derrière ce pétrolier, il y a la puissance financière anglo-saxonne et la mafia russe, les deux partageant un certain cousinage ethnique. Et c’est là que reviennent en mémoire les propos mafieux du conseiller de Bush, Edward Luttwak, membre de la même communauté : « Chirac, il a une addition à payer à Washington ; il a une longue addition à payer à Washington, à Washington il y a une décision évidemment de lui faire payer l’addition, Chirac il a voulu manger et bouffer aux dépens des Etats-Unis sur la scène diplomatique et évidemment, il va payer… » Cordero Marin ferait bien de méditer ce qui est arrivé à Dogol : retrait de l’OTAN en 1966, discours de Phom Penh en 1967, « peuple sûr de lui et dominateur »… puis mai 1968, le fiasco du référendum de 1969, la démoralisation d’une montagne d’orgueil et, selon mon confrère François Brigneau, le suicide… Ils peuvent commencer à réserver une cellule à la Santé… Les Américains feront payer à la France le prix fort de la chimère chiraquienne : pour effacer le spectre de Mitterrand qui l’a humilié en 1988 et marqué de son mépris tout au long de sa carrière, obtenir le hochet pour les hommes politiques de deuxième zone : le Prix Nobel de la Paix, celui obtenu par Carter (il est donc à la portée de Chirac…) et au quel Ceaucescu et Tito avaient rêvé…