RITANNIC (II)
1914 - 1916




Britannic lors de son lancement
1907, la construction de paquebots géants à quatre cheminées est en plein essor et la Cunard vient de mettre fin à 10 ans de prépondérance allemande sur les lignes transatlantiques en lançant Lusitania et Mauretania. L'année suivante, la White Star Line entreprend la construction de trois quatre cheminées excédant les 45 000 tonneaux aux chantiers Harland & Wolff de Belfast. Le premier est Olympic, il part pour sa traversée inaugurale en juin 1911, le second est Titanic et son lancement à lieu fin mai 1911. Les chantiers sont ainsi libérés et la construction du troisième bâtiment peut débuter. Gigantic est mis en cale en décembre 1911. La White Star Line prévoit d'ores et déjà de faire de lui le plus grand et le plus luxueux bâtiment du trio, pratique courrante au sein de nombreuses compagnies à l'égard
Britannic n'aura jamais droit
à une carrière commerciale
de la dernière unité d'une classe comme Kronprinzessin Cecilie de la Norddeutscher Lloyd, Aquitania de la Cunard et plus tard, Bismarck de la HAPAG. Bien que conçu d'après le dessin d'Olympic et Titanic, Gigantic est 6 mètres plus long et jauge 2 000 tonneaux supplémentaires. Ses intérieurs sont supposés être un condensé des aménagements à succès de ses deux aînés. Il doit être doté d'un grand restaurant à la carte et d'un grand escalier semblable à celui de Titanic à une différence près, le sien doit être surplombé par un grand orgue. Cependant l'avenir de Gigantic prend une toute autre tournure en avril 1912. A cette date, Titanic fait naufrage après avoir heurté un iceberg. Un coup dur pour la compagnie dont la réputation perd fortement en crédibilité. Accusée de négligence par la commission d'enquête qui suit le naufrage, la White Star doit revoir tous ses projets concernant Gigantic, à commencer par son nom. Gigantic est jugé inadapté et rapelle trop la vanité dont le nom de Titanic faisait preuve. Ainsi, on le rebaptise Britannic. Cette ébauche de patriotisme ne peut être que la bienvenue aux yeux de la presse et de l'opinion publique devant qui la White Star doit faire profil bas, il en va de sa réputation. Britannic est le deuxième bâtiment à opérer pour la compagnie sous ce nom. Le premier Britannic, champion du Ruban Bleu, a été lancé en février 1874 et a bénéficié d'une longue et honorable carrière. Les compartiments étanches de Britannic second sont surélevés jusqu'au pont B et on prévoit de l'équiper d'immenses bossoires - peu esthétiques - pouvant accueillir un nombre important de canots de sauvetage. Avec ce nouveau nom et ces mesures de sécurité poussées à l'extrême, Britannic prend la mer le 14 février 1914 en faisant quelque peu oublier les déboires de la compagnie blessée dans son orgueil. L'armement débute aussitôt et le voyage inaugural est prévu au printemps 1915. Les cartes postales montrant la troisième unité du trio de la White Star entrain de sillonner l'océan avec son élégante livrée noire ne sont malheureusement qu'un fantasme et le resteront. Britannic ne transportera jamais de passagers payants et il ne verra jamais New York. Britannic n'effectuera jamais un service commercial.


Britannic comme navire-hôpital
En août 1914, soit six mois après son lancement, la Grande-Bretagne déclare la guerre à l'Allemagne. En novembre 1915, l'Amirauté réquisitionne Britannic, inachevé, pour le confier à la Royal Navy. Il est alors transformé en navire-hôpital avec une capacité d'accueil de 3 300 lits. Il est entièrement repeint en blanc et on attribue à sa coque toute la signalétique en vigueur se traduisant par une large bande verte et six grandes croix rouges. Le RMS Britannic devient le navire-hôpital G618, le HMHS Britannic1. Il quitte Belfast le 23 décembre 1915 pour un voyage inaugural qui n'en est pas un. Pendant un an, il effectue des rotations régulières entre les Iles Grecques et Southampton en transportant des blessés. Il termine sa mission et retourne auprès de la White Star le 6 juin 1916. La trève est de courte durée car 2 mois plus tard, il est rappelé pour une nouvelle mission en Méditerranée. Le 17 novembre, il soute à Naples et son retour vers Southampton est reporté au lendemain pour cause de mauvais temps. Les propos qui suivent sont issus de la version des faits délivrée par l'Amirauté britannique 2. Le 21 au matin, alors qu'il passe le détroit de Kea, à l'est d'Athènes, entre la Grèce continentale et l'Ile de Kea, Britannic heurte une mine sous-marine allemande. A bord se trouve Violet
Le naufrage vu par Ken Marschall
Jessop, une infirmière qui était en service sur Olympic lorsqu'il avait abordé le croiseur Hawke et à bord de Titanic lors de son naufrage. Malgré l'incroyable déflagration qui se fait entendre, Violet garde son calme et continue son travail. L'immense brèche dans la coque entraîne l'innondation des six premiers compartiments étanches et Britannic commence à accuser une sévère gîte sur tribord. De nombreuses portes restées ouvertes malgré les consignes de sécurité permettent à l'eau de s'engoufrer au delà des cloisons et la fermeture des portes étanches ne retiennent en rien l'importante masse d'eau. Le commandant Charles Bartlett tente désespérément de faire échouer Britannic sur l'Ile de Kea pour limiter les dégâts mais l'importante voie d'eau le freine dans sa course et le navire commence à sérieusement piquer du nez. Dans la panique, deux canots sont mis à la mer sans autorisation. Une fois à flot, ils sont aspirés et broyés par les hélices émergées qui tournent encore à pleine vitesse, les 33 personnes s'y trouvant y laissent la vie. Après l'envoi de plusieurs appels de détresse, la procédure d'évacuation à lieu et les canots de sauvetage - cette fois-ci en nombre suffisant - quittent le navire. Vidé de tous ses occupants, Britannic sombre dans une déferlante de détonations dues à l'explosion des machines. Au millieu d'un vaste champ de débris, 35 canots de sauvetage attendent les secours qui ne tardent pas à venir. Le croiseur Heroic, portant bien son nom, est le premier à arriver sur les lieux suivi par un petit bateau de pêche. Ils sont plus tard relayés par les torpilleurs Scourge et Foxhound. Les seules victimes à déplorer sont celles qui ont été tuées dans les deux premiers canots de sauvetage. Quant au 339 survivants, dont Violet, ils se soulagent que l'accident n'ait pas eu lieu avec plus de 3 000 blessés ou malades à bord.


1 H.M.H.S. : Her Majesty's Hospital Ship

2 Les différentes investigations menées sur l'épave de Britannic et à ses alentours n'ont jamais pu confirmer ou avancer avec certitude la thèse du naufrage suite à une collision avec une mine sous-marine.


NB : La photographie qui illustre la mise à la mer est en réalité celle du lancement d'Olympic, rééditée en carte postale pour promouvoir Britannic.


Fiche Technique
Nom : Britannic (II)
Autres Noms : Gigantic (aucun service)
Etiquette : HMHS (Her Majesty's Hospital Ship)
Sister ships : Olympic / Titanic
Armateur : White Star Line
Pavillon : Britannique
Constructeur : Chantiers Harland & Wolff (Belfast)
Nombre de cheminées : 4 (la quatrième est factice)
Nombre de mâts : 2
Année de lancement : 1914
Année de mise en service : 1915 (effort de guerre uniquement)
Année de disparition : 1916
Longueur (en mètres) : 275,7
Largeur (en mètres) : 28,7
Jauge (en tonneaux) : 48 158
Capacité en passagers : 2 579 passagers / 3 309 patients
Propulsion : Moteurs à triple expansion actionnant trois hélices
Vitesse moyenne (en noeuds) : 21
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