Cours 8 – La conquête de l’Orient
La Grèce du IVe siècle
- Esprit de clocher des Grecs : union
difficile.
- L’épisode des Dix mille montre la
supériorité militaire des Grecs sur les Perses.
- Mais leur désunion les empêche d’attaque
la Perse.
- Grecs finalement unis sous le contrôle
d’une puissance extérieure : la Macédoine.
La Macédoine
- Indo-européens, parents avec les Grecs.
- Gouvernés par une dynastie de rois,
celle de Philippe et d’Alexandre le Grand.
- Raisons de la domination macédonienne :
- Riches mines d’or.
- Ressources en hommes.
- Supériorité militaire (phalange
macédonienne).
Philippe II
- À la mort de son frère, il est nommé
le tuteur de son neveu, qu’il écarte bientôt en 360.
- Se fait proclamer roi par l'assemblée
du peuple macédonien.
- Vaste réforme de l'armée : la
phalange macédonienne.
- Sa victoire sur les Grecs (Chéronée, en
338) marque la fin de l’indépendance grecque.
- 337 : création de la Ligue de Corinthe,
dirigée contre les Perses.
Alexandre le Grand (356-323)
- Succède à son père en 336 et achève de
conquérir la Grèce.
- Se place à la tête de la ligue de
Corinthe.
- Entreprend une campagne audacieuse
contre les Achéménides.
- Victoire, création d’un empire sans
précédent.
- Mais il meurt trop jeune, sans pouvoir
parachever son œuvre.
- Son empire se disloque en morceaux, sous
le contrôle de ses généraux (les Diadoques).
Création des royaumes hellénistiques
·
Suit alors une longue série de guerres pour le
contrôle de l’empire.
·
Trois royaumes majeurs s’établissent sur les
restes de l’empire d’Alexandre :
o
les Séleucides en Orient mésopotamiens,
o
les Lagides (Ptolémées) en Égypte
o
et les Antigonides en Macédoine.
·
C’est la période hellénistique.
·
La civilisation grecque va devenir prédominante au
Proche-Orient.
La seconde Guerre Macédonienne (200-196)
- Macédoine gouvernée par la dynastie des
Antigonides.
- Hégémonie sur les cités États de la
Grèce continentale, jalouses de leur autonomie.
- Les « trois entraves de la Grèce » :
Démétrias, Calchis et Corinthe.
Attitude romaine à l’égard du monde grec
- En 200, ils avaient vécu sous une
influence grecque indirecte depuis des siècles.
- Depuis 40 ans, développement de la
littérature latine, en imitation de la grecque.
- Admiration culturelle pour les Grecs,
d’où une attitude très délicate .
- De plus, besoin d’agir en coopération
(pour économiser les effectifs).
- Ils évitent donc (pour l’instant) de
gouverner directement la Grèce.
Raisons de la guerre contre Philippe V
- Elles restent obscures.
- Irrités contre Philippe à cause de son
alliance avec Hannibal ?
- « Guerre défensive », Philippe menaçant
le « protectorat » romain en Illyrie ?
- Philhellénisme ?
- Difficile à trancher à cause de la
propagande romaine.
- Mais guerre impopulaire à Rome.
Déclenchement de la Seconde Guerre Macédonienne
- En 203, incursions de Philippe V dans le
protectorat romain d’Illyrie.
- En 201, il est en guerre contre Pergame,
Rhodes et Athènes.
- Celles-ci demandent l’aide de Rome.
- Romains exigent de Philippe qu’il cesse
de faire la guerre aux Grecs.
- En 200, affaires de Macédoine confiées à
un consul (P. Sulpicius Galba).
- Guerre d’abord refusée par les Comices
centuriates (seule fois dans l’histoire)
- Galba finit par convaincre.
Début de la campagne
- Galba arrive vers la fin de l’année
(200) avec deux légions.
- Raids, butins, rien d’autre.
- Alliés principaux : les Étoliens.
Flamininus
- En 198, nouveau consul : T. Quictius
Flamininus.
- Plus énergique, plus compétent malgré sa
jeunesse.
- Philippe cherche à traiter, mais
durcissement dans la position romaine.
- On demande de Philippe qu’il évacue
toute la Grèce, incluant la Thessalie qui lui appartient depuis 150 ans.
- Rome se fait la nouvelle championne de
la liberté des Grecs : nombreux alliés.
- La ligue achéenne se range de son côté.
La bataille de Cynocéphales
- 197 : Flamininus et Philippe
s’affrontent à Cynocéphales.
- Le terrain inégal favorise la formation
tactique plus souple des Romains.
- Armée de Philippe massacrée.
Les Étoliens frustrés
- Philippe demande à traiter avec les
Romains.
- Les Étoliens veulent diverses cités
(comme dans l’ancien traité).
- Flamininus, qui interprète différemment
le traité, considère que les villes qui s’étaient rendues volontairement
doivent rester sous le contrôle des Romains.
- Il refuse également de déposer Philippe.
- Il fait plaisir aux autres Grecs en
traitant mal les Étoliens (peu aimés).
Les conditions de paix
- Les Romains désirent que Philippe et son
royaume servent d’État tampon entre eux et l’autre grande puissance.
- Philippe offre d’évacuer toute la Grèce,
incluant les entraves.
- Il doit aussi payer une indemnité de
1000 talents.
- Toutes les cités grecques d’Europe et
d’Asie non occupées par lui doivent être libérées.
- L’inclusion des cités asiatiques vise
clairement les positions d’Antiochos.
- En 197, Antiochos est déjà établi dans
le nord-ouest de l’Asie mineure.
- En 196, il traverse en Europe (Lysimacheia
en Thrace).
- Les Romains se préparent déjà à se
quereller avec lui.
La liberté de la Grèce
- Flamininus réussit à convaincre ses
compatriotes que Rome ne doit détenir aucune position permanente en Grèce
continentale.
- Aux Jeux Isthmiques, en juin/juillet
196, il proclame la liberté des Grecs.
- (Corinthiens, Phocéens, Locriens,
Eubéens, Achéens de Phtie, Magnésiens, Thessaliens et Perrhébiens).
- Réponse enthousiaste des Grecs.
- Ce geste ennuie les Étoliens (trop
puissants) et leur permet de gagner le support des Grecs en vue des hostilités
futures avec Antiochos.
- Ils s’évitent aussi le trouble d’une
constante supervision des affaires grecques.
- Mais la conception romaine de la liberté
est différente de la conception grecque.
- Les Grecs se croient totalement libres ;
les Romains les voient comme leurs clients.
La guerre contre Antiochos III
Les Séleucides
- Dynastie issue d'un des généraux
d'Alexandre le Grand.
- Séleucos Ier Nicator s'empare de la
partie asiatique de l'empire d'Alexandre.
- Mésopotamie, Iran, Syrie et Bactriane.
- Les Séleucides ajoutent presque toute
l’Asie Mineure en 281.
Un empire trop vaste et hétéroclite
- Fondation de cités grecques.
- Politique d’entente avec les élites
locales englobées par l’empire.
- Problème majeur : la préservation de
l’unité d’un empire trop hétéroclite.
- Empire qui manque d’unité autant
territoriale, ethnique, que religieuse.
- Antiochos III : dernier roi digne de son
nom.
- Il trouve le royaume terriblement
affaibli à son avènement.
- Mais il parvient à reconquérir
temporairement l’essentiel de l’ancien empire séleucide.
- Il a des visées sur l’Europe (Thrace).
Ambassade romaine à Antiochos
- Les Romains lui ordonnent de laisser en
paix les cités autonomes d’Asie Mineure, et de redonner certaines villes à
Ptolémée.
- Antiochos répond que les Romains n’ont
pas plus d’affaire à intervenir en Asie mineure que lui en a à intervenir en
Italie.
- Il dit aussi qu’il s’apprête à
s’entendre avec l’Égypte et certaines villes asiatiques.
- Les Romains ont le dessous dans cette
guerre diplomatique.
- Ils ne peuvent cependant accepter
l’interprétation d’Antiochos (mais difficile de courtiser l’opinion publique
grecque sans cela).
Vers la guerre
- En 194 les Romains se retirent
théâtralement de la Grèce.
- Mais ils continuent à intervenir dans
les affaires de Grèce (au déplaisir croissant des Étoliens).
- En 193, ceux-ci négocient avec Antiochos
pour l’amener à restaurer la liberté des Grecs.
- Antiochos reste prudent, mais les
Étoliens commencent à agir.
- Ils tentent de saisir Sparte, Chalcis et
Démétrias.
- Ils échouent à Sparte et à Chalcis,
semblent réussir à Démétrias.
- Les Étoliens exagèrent l’enthousiasme
des Grecs pour convaincre Antiochos.
- Celui-ci traverse en Grèce en 192 avec
10,000 hommes (compte sur des alliances).
- Il sous-estime les Romains.
Antiochos débarque en Grèce et échoue
- Aucune cité grecque ne joint ses rangs
volontairement.
- Il appuie un prétendant au trône de
Macédoine : Philippe prend donc le parti des Romains contre lui.
- Son seul soutien : la Ligue étolienne.
- Les Romains battent facilement Atiochos
aux Thermopyles en 191 ; il repasse en Asie.
- Les Romains l’y suivent et le battent en
189 à Magnésie.
- Paix d'Apamée (188) :
- Antiochos doit évacuer l’Asie Mineure au
nord et à l’ouest du mont Taurus.
- Indemnité de 15,000 talents.
- Il doit rendre Hannibal.
- Il doit rendre plusieurs petits
territoires à Pergame.
Organisation de l’Asie Mineure
- Que faire des cités d’Asie ?
- Division de l’Asie Mineure entre Pergame
et Rhodes, mais liberté aux citées grecques qui ont appuyé Rome.
La Troisième Guerre Macédonienne
- Culmination d’un durcissement
perceptible de l’attitude des Romains.
- À mesure que la supériorité militaire
des Romains devient plus apparente, ceux-ci deviennent moins accommodants.
- Cupidité des magistrats romains.
Sévérité romaine à l’égard des Étoliens
- Ceux-ci se rendent, confiant dans la
« bonne foi du peuple romain » (deditio in fidem populi romani).
- Du point de vue des Romains, cela
consiste en une totale soumission.
- Lorsqu’ils refusent des exigences des
Romains, ceux-ci marchent sur l’Étolie (189).
- Étoliens forcés de se rendre et de payer
500 talents, en plus de subordonner leurs propres intérêts à ceux de Rome.
Durcissement contre les alliés
- Les Romains ingrats à l’égard de leurs
alliés et jaloux du pouvoir de ceux-ci.
- Rome refuse d’intervenir contre les
cités d’Asie Mineure accordées à Rhodes qui refusent de se soumettre.
- Lorsque Rhodes les soumet, Rome
intervient contre elle.
- Les Romains interviennent constamment
contre Philippe.
- Ils appuient son fils Démétrios contre
lui.
- En 179, Philippe meurt et Persée
(l’anti-Romains) lui succède.
La Troisième guerre de Macédoine (172-168)
- Persée tente avec un certain succès
de présenter la Macédoine comme un utile contrepoids à l'influence romaine.
- Il approche la Ligue achéenne; traité
avec la Béotie.
- Romains inquiets.
- Suite à une plainte formelle de
l'allié fidèle Eumène de Pergame, le Sénat décide la guerre.
- Débuts laborieux pour les Romains.
- Grecs réticents à s'engager.
- Eumène envisage une solution négociée
du conflit (Rome mécontente).
- Les Grecs font de moins en moins
confiance aux Romains.
- Les Romains n’arrivent pas à entrer
en Macédoine.
- Un nouveau consul, L. Aemilius
Paullus (Paul-Émile) change la situation.
- Il réussit à entrer en Macédoine et
bat Persée à Pydna.
Conséquences pour la Macédoine et la Grèce
- Romains peu enclins à établir une
présence permanente là-bas.
- Solution :
monarchie macédonienne abolie, royaume est divisé en quatre républiques
autonomes.
- Les Romains ferment aussi les mines et
gardent pour eux les anciens impôts royaux.
- Plus besoin d’impôts sur la terre (tributum)
en Italie.
- Les Romains règlent leurs comptes avec
leurs alliés tièdes.
- Purges meurtrières encouragées en
Étolie.
- Mille membres de la ligue achéenne
déportés à Rome comme otages.
- Macédoniens d’importance également
déportés en Italie.
- En Épire, plusieurs villes pillées et
150,000 personnes réduites en esclavage.
La quatrième guerre macédonienne (149-146)
Rhodes après la troisième guerre macédonienne
- Rome règle ses comptes aussi avec
Rhodes.
- Le Sénat romain prend des mesures pour
miner la position de Rhodes.
- On lui retire la Lycie et la Carie ainsi
que deux cités qui lui appartenaient de longue date.
- Rhodes privée d’un revenu annuel de 120
talents.
- Pire : Rome fait de Délos un port franc
(i.e. pas de taxe imposée sur les marchandises).
- Autre perte de revenus (140 talents) et
déclin de son commerce.
- La loi du plus fort au dessus de la
légalité.
- Le terme d’allié du peuple romain
implique maintenant une position très inférieure.
Révolte de la Macédoine
- Les quatre républiques : échec.
- Aucune tradition, réel attachement pour
le royaume macédonien.
- Andriscos se prétend le fils de Persée,
s’empare du vieux royaume et commence une révolte contre les Romains.
- En même temps, la ligue achéenne se
révolte (désinvolture et brutalité des Romains, qui interviennent
excessivement dans ses affaires internes).
- Capture de Corinthe.
La Macédoine, nouvelle province romaine
- Corinthe est rasée (exemple permanent
aux yeux des Grecs).
- Tous les États grecs ont désormais une
relation formelle avec le peuple romain.
- Pas de magistrat permanent en Grèce
continentale, mais le gouverneur de Macédoine peut intervenir.
- Le sud de la Grèce prend désormais le
nom d’Achaïe.
Évolution de la position romaine en Grèce
- En 200, désir de la part des magistrats
d’acquérir de la gloire militaire et du butin.
- Les Romains se posent d’abord comme les
défenseurs de la liberté de la Grèce.
- But : gagner et conserver du support
contre les monarques hellénistiques.
- Mais avec l’accroissement de la
supériorité militaire des romains, les choses changent.
- Premièrement, nécessité d’un
accroissement de leurs interventions directes.
- Ressentiment des Grecs
- Deuxièmement, une fois en position
dominante, Rome de plus en plus autoritaire.
- Humilier systématique des puissances
grecques qui conservent une certaine prééminence.
- Ultimement, la seule solution : présence
romaine permanente en Macédoine.