Une expérience de collaboration
par Monique Hazel
Tout d'abord, il m'apparaît important de spécifier qu'on ne peut parler d'un pays sans en considérer sa géographie et son histoire qui conditionnnent son développement.
La taille du pays est d'environ trois fois et demie celle des îles britanniques ou un peu plus petite que l'Alaska. Les pays qui l'entourent sont au nord-ouest le Pérou, au sud-ouest le Chili, au nord et à l'est le Brésil, au sud l'Argentine et le Paraguay. Mathématiquement, on peut dire que la Bolivie a la forme d'un triangle équilatéral. Ce pays andain se divise en cinq régions très diversifiées.
L'Altiplano ou région des hautes plaines s'étend du nord du lac Titicaca à la frontière argentine pour déborder sur le Pérou et le Chili. L'altitude moyenne est de 3500 à 4000 mètres et certains pics volcaniques, entre autre le Nevado Sejama près du Chili culmine à 6542 m. L'altitude des sommets près de La Paz se situe à 5 500 m. C'est dans l'Altiplano que se situent les grands lacs de Bolivie dont seul le lac Titicaca mérite ce nom, les autres n'étant que d'immenses flaques d'eau de quelques mètres de profondeur. C'est également dans cette région que se trouvent les déserts de sel de Uyuni et de Coipasa au pied des sommmets dont proviennent les dépôts de sel.
Les vallées des hauts plateaux s'étirent à l'est et au sud de l'Altiplano et offrent les conditions les plus hospitalières du pays. Le climat y est optimal, les plaines fertiles permettent d'abriter la majorité de la population autour de Cochabamba, Sucre, Potosi et Tarija. Les terres fertiles permettent de produire les olives, les noix, le blé, le mais et le raisin. À Tarija, on produit du vin et Potosi offre un climat froid où cet hiver il a fait tellement froid que des enfants ont subi des engelures qui les ont conduit à l'amputation pendant que d'autres mouraient de froid. Il faut se rappeler que le chauffage n'existe pas ou à peu près pas dans les maisons.
Les Yungas occupent les zones de transition entre les hauts plateaux secs et les plaines humides. Au dessus de profondes vallées tropicales recouvertes de forêt se dressent les parois quasi verticales de la Cordillera Real et de la Cordillera Quimsa Cruz qui arrêtent les nuages et provoquent d'importantes précipitations. La végétation y est donc abondante: fruits tropicaux, canne à sucre, cacao, coca, légumes et tabac.
À la frontière du Paraguay et de l'Argentine se trouve le Chaco, plaine recouverte d'une brousse impénétrable à faible densité de population et avec une flore et une faune contenant des espèces rares comme le jaguar et le pécari. Cette région présente les températures les plus élevées, autour de 40e C.
Les plaines occupent 60% de la superficie totale de la Bolivie. Malgré un relief que l'on dit relativement plat, les vallées sont encaissées dans les montagnes. Faites un 360 degrés sur vous-même et dans tous les angles vous apercevrez les montagnes. C'est dans cette vallée de plaines que se situent Santa Cruz et Vallegrande, lieux de notre expérience de coopération. Deux systèmes hydrographiques arrosent cette région, celui des affluents de l'Amazone et celui du Paranà qui se jette dans l'Atlantique. Dernièrement, le pouvoir a consenti à faire des efforts pour développer le potentiel forestier, agricole et minéral de cette région.
Malgré l'espace occupé par les plaines, la situation géographique et la pauvreté permettent peu ou pas l'utilisation des moyens modernes du travail de la terre. Les chevaux et les ânes remplacent les moteurs quand ce n'est pas l'énergie humaine qui fait le travail. D'ailleurs, en certains lieux verdoyants, comment placer des outils mécanisés à 60 degrés ? C'est pourquoi 50% de la population consacre la majorité de son temps à la production vivrière. L'agriculture en est une de subsistance locale et non d'échanges, la montagne compartimentant le pays à tel point qu'il faille compter en jours et en heures la distance entre deux villes boliviennes. Les routes de terre battue et en lacets entre deux cols de montagne n'améliorent en rien les relations commerciales.
La population de ce pays compte environ 8 millions d'habitants concentrés dans l'Altiplano, environ 70% dans la région de La Paz, du lac Titicaca et d'Oruro. Parmi cette population, entre 50% et 60% est de pure origine indienne de langue maternelle quechua ou aymarà. Par ailleurs 35% de la population bolivienne est métissée, autrement dit issue d'unions mixtes entre Espagnols et Indiens. Eux aussi ont des racines africaines, elles remontent aux descendants d'esclaves des mines de Potosi. La balance de la population est en partie de souche européenne.
Le niveau de vie des Boliviens est peu élevé. Dans les plaines surplombant La Paz, l'alimentation, l'hygiène, l'éducation, les conditions sanitaires et de logement sont désastreux. Les services médicaux ont de graves carences dans les zones rurales et on estime que 8% des nouveaux-nés meurent avant d'avoir atteint leur premier anniversaire. D'ailleurs l'espérance de vie se situe autour de 60 ans pour les hommes et de 65 ans pour les femmes tandis qu'elle tourne autour de 70 et 75 ans dans les pays développés.
