home | biography | filmography | gallery | media | linkage | site stuff



La Voix du Nord
Edition du 17-Oct 2001


Vincent Cassel, interprète principal de « Sur mes lèvres »
« Le vrai travail est dans l'instant, sur le plateau »



Nouveau Cassel.
Je ne suis pas apte à m'en rendre compte, ce que je sais en revanche c'est que Jacques Audiard a réussi à tirer quelque chose de plus adulte de moi. Il y a, dans ce film, plein de choses dans lesquelles je ne me reconnais pas, où je m'échappe de moi-même. Il m'a permis d'essayer des choses assez extravagantes, ne serait-ce que la gueule qu'il m'a laissé créer. Au départ, il m'a annoncé qu'il voulait que je fasse le film en précisant tout de suite que j'étais meilleur lorsque je n'étais pas moi, autrement dit qu'il attendait de moi que je fasse un rôle de composition. Pendant trois semaines, on a répété dans le but, en fait, de mieux se connaître. Sur le tournage, il a eu tendance à me retenir et ça se bornait à un peu plus, un peu moins. Ça se passe davantage dans le non-dit, dans ce qu'on désire prouver à la personne avec qui on travaille, que dans une direction très ponctuelle.

Travail.
La réflexion, ce n'est pas du tout mon truc ! Faire l'acteur déjà, de mon point de vue, ce n'est pas un travail. C'est s'amuser, faire le con. C'est dans ces moments là que l'inconscient parle le plus. J'ai longtemps travaillé dans le style Actor's Studio. Et puis un jour on se retrouve coincé dans une situation où on n'a pas eu le temps de faire ses devoirs. Là-dessus, il faut y aller quand même et c'est là que les gens vous font des tas de compliments. On réalise alors que le vrai travail est dans l'instant, sur le plateau. C'est finalement quelque chose de très simple, à la portée de tous, si on accepte de se donner à ce moment là, de lâcher prise au bon moment.

Expérience.
Chaque expérience me permet à chaque fois d'en apprendre un peu plus sur le métier d'acteur. J'ai besoin de me lancer d'abord à corps perdu dans une aventure pour pouvoir éventuellement analyser ensuite. C'est comme quand on vous apprend à skier. Le soir, vous ne savez pas exactement ce que vous avez appris mais vous savez pertinemment que le lendemain vous tiendrez mieux debout et que vous arriverez à tourner plus vite. Une chose est sûre, j'ai tendance à me sentir de plus en plus à l'aise à l'intérieur du chaos d'un plateau. Je n'ai plus peur d'arriver sans rien parce que j'ai compris que c'est dans cet état que je serai le plus performant.

Apprentissage.
J'ai beaucoup appris avec Mathieu Kassovitz qui le premier m'a appris à me regarder objectivement, à me positionner dans le cadre et avec le temps à me désinhiber de mon image. A me rendre compte que les défauts sont souvent ce qu'il y a de plus intéressant. Et à m'en servir.

Plaisir.
Depuis La Haine, je tourne environ deux films par an. Et de plus en plus, j'ai envie de ralentir, non pas que je n'aime pas ça, mais justement parce que j'aime ça et que je ne veux pas que ça devienne trop mécanique, trop quotidien. Je ne veux pas arriver sur un plateau et avoir envie d'être ailleurs. J'en reviens toujours à cette notion de jeu, de plaisir. De plus, je ne pense pas avoir la capacité de me renouveler trop. Ça fait déjà cinq ans qu'on me propose tous les rôles entre 25 et 39 ans. J'ai l'impression d'être là où je rêvais d'être.

Je n'ai pas envie de travailler avec des réalisateurs comme Rappeneau ou Chabrol, dans l'univers desquels je me sens étranger. Je veux bien les voir mais pas me voir dedans. Je me reconnais dans un certain mouvement et je ne ressens pas le besoin de m'intégrer à quelque chose de plus que là où je suis déjà.

By Philippe LAGOUCHE.


You can visit the website for La Voix du Nord here.
Hosted by www.Geocities.ws

1