CHAPITRE 4

 

MES PARENTS : ARTHUR LALANDE ET ÉLISA BOILEAU

 

 


HOMMAGE A MES PARENTS

Si tout passe et s'enfuit. . .

Si tout chancelle et tombe

II est au cœur une fleur

Qui survit à tout

Qu'on appelle le "Souvenir" !

 

Mon père

 Mon père J. Arthur Lalande est né à Ste-Scholastique le 15 octobre 1871. Il demeura très peu de temps à cet endroit, ses parents ayant décidé d'aller demeurer à St-Jérome où il fit ses études jusqu'à l'âge de 13 ans dans un collège sous la direction de frères enseignants. La discipline étant la première priorité. Mon père fut toujours un homme très discipliné.

 À l'âge de 7 ou 8 ans, il a eu l'occasion de servir la messe du Curé Labelle plusieurs fois. Ce grand et gros prêtre le fascinait et il l'admirait beaucoup. Ce personnage du Curé Labelle l'impressionna et l'influença dans ses décisions futures. Ses études ne furent pas longues puisque la famille vint s’installer à Nominingue en mars 1885. Il était âgé de 13 1/2 ans. Il aimait la lecture et continua de s'instruire et de se cultiver par lui-même.

Je ne m'attarderai pas à faire connaître les activités de mon père après l'arrivée de la famille au bord du Lac Nominingue. Je l'ai raconté dans le récit sur mes grands-parents. Je me contenterai de relater les sentiments qui l'animaient face aux événements quotidiens et imprévisibles de cette dure vie de colonisation.

 Mon père jouissait d'une bonne santé, donc il était heureux de seconder son père dans les travaux les plus difficiles de la culture sur la ferme. Son amour de la nature et du « sol » lui donnait le courage et la ténacité pour réussir. Semer, puis « récolter » c'est la récompense de l'agriculteur. Pour survivre dans un pays neuf il fallait être terrien. Comme mon père aimait le travail à l'extérieur, au grand air avec liberté, il préféra choisir l'agriculture au commerce. Il nous parlait souvent de ses voyages à St-Jérome. Je crois qu'il en conservait un souvenir plutôt amer. Il s'y prêtait de bonne grâce puisqu'il « le fallait ». Pour un jeune homme de 17 à 18 ans, c’était pénible d'affronter toutes les difficultés inimaginables qu'il avait à subir surtout pour les trajets de retour lorsque la charge était lourde. Quelle corvée pour l'hiver et le printemps! En 1893, lorsque le train du Canadian Pacific se rendit jusqu'à Labelle, quel soulagement pour aller quérir les marchandises nécessaires au magasin. Plus que 25 milles de trajet plutôt que 90. Les chemins s'étant améliorés, la tâche était bien allégée. Mon père procura bénévolement les divers services à sa famille jusqu'à l'âge de 27 ans. Il décida alors d'organiser sa propre vie!

 Mon père fut le premier de la famille Lalande à se marier. Avant de relater les faits marquants de leur existence à deux, je vais faire une description sommaire de leur tempérament et de leur caractère.

 

Ma mère

 Ma mère, Élisa Boileau est née à la Conception le 1er octobre 1877. Elle fut baptisée à l'âge six mois, vu l'absence de prêtre à cette époque de l'année. Parvenue à l'âge scolaire, elle fit ses études à l'école de l'Annonciation mais dès que les trois religieuses de Nominingue décidèrent d'accepter quelques pensionnaires à leur couvent, mes grands-parents décidèrent d'envoyer leur fille au couvent. Trois religieuses, et trois pensionnaires qui venaient de l'Annonciation, deux demoiselles Beaulieu et Élisa Boileau. Ces fillettes furent choyées par les religieuses ; elles apprirent beaucoup de choses pour leur vie future. C'était en 1891. Je possède encore la lettre que maman écrivait à ses parents en fin décembre le 30 de l'an 1891, ainsi que ses cahiers de classe et cahiers de chants.

 Ma mère possédait une jolie voix. Les religieuses l'exerçaient pour chanter à l'église. Elle faisait de beaux solos à la messe le dimanche ou à l'occasion d'une fête religieuse. Un jour, mon père qui assistait à la messe fut séduit par cette belle voix et il la remarqua à la sortie de l'église. Elle était bien jeune et délicate et il lui fallu attendre quelques années pour lui faire connaître ses sentiments.

 Les deux familles avaient quelques relations entre elles, les deux paroisses étant à proximité l'une de l'autre. C'est au mois d'octobre 1896 que mon père fit sa demande de « fréquentation » par écrit. À cette époque, il fallait l'approbation des parents en premier lieu. Mes grands-parents Boileau acceptèrent. Donc ma mère, heureuse,  écrivit une réponse favorable. Et finalement, au moment d’un dégel d’une rapidité inusitée, qui fit fondre sept pieds de neige en huit jours (on peut imaginer l’eau et la boue dans les rues non pavées),  ils se marièrent à l'Annonciation le 17 avril 1899. Après le mariage, mes parents habitèrent à Bellerive, sur une ferme boisée que grand-père Lalande avait achetée près du Lac Nominingue, non loin de la résidence d’été des Pères Ste-Croix. Ma mère et mon père aimaient cet endroit, mais ils n'y sont pas demeurés longtemps à cause de l'éloignement de la main-d’œuvre, hommes ou femmes, dont  ils avaient besoin.

 

Un mariage solide et heureux (1899)

 Deux êtres qui se complétaient parfaitement bien. Malgré de nombreuses épreuves qu'ils eurent à supporter, ils furent heureux. Mon père avait un tempérament nerveux, intérieurement et surtout extérieurement. Il était énergique, courageux, d'une grande fermeté d'action, vif et pondéré en même temps. Bon, charitable, généreux, travailleur acharné comme tous les pionniers, il donnait raison au proverbe : la persévérance triomphe de toutes les difficultés! Sur le plan religieux, mon père et ma mère possédaient un grand esprit chrétien, un amour de la prière, une foi ardente et une confiance inébranlable. Pour ma mère, en la Sainte Vierge et Ste-Anne et pour mon père, en la « divine Providence » comme il disait si souvent.

 Mon père, Joseph Arthur, s'est marié le 17 avril 1899 avec Marie-Élisa Boileau de l'Annonciation. Ma mère était très délicate de taille et de poids. Elle possédait un très bon caractère, facile d'adaptation, calme, douce, soumise avec beaucoup de tact. Étant très intuitive et patiente, elle parvenait à faire valoir ses idées sans que cela ne paraisse. « Éducatrice née », elle avait le don de communiquer facilement les moyens à prendre pour réussir une entreprise nouvelle. Elle avait l’amour du travail et recherchait la perfection en tout. Elle était simple, modeste, même un peu timide. Son mari, ses enfants, sa maison représentaient « son univers »! Sa tolérance, sa bonne humeur faisaient la joie de tous dans notre foyer.

 

Et les enfants arrivent dans des conditions difficiles (1900 - 1913)

 L'année qui suivit leur mariage, plus exactement le 23 juin 1900 à 11 1/2 heures du soir, naissait leur premier enfant, mon frère aîné Arthur (jr) le premier petit-fils de la famille Lalande. Il fut baptisé le 24 juin, jour de la St-Jean-Baptiste. À sa première sortie après la naissance, ma mère conduisit le bébé âgé d'un mois chez son grand-père Lalande afin de pouvoir assister à la messe du dimanche. Ce jour-là, il y avait beaucoup de visiteurs chez mon grand-père. Quoi de plus merveilleux à contempler qu'un mignon bébé d'un mois!

 Alors on se le disputait, c'était si nouveau. Même si c'était l'été, un bébé c’est fragile et il ne faut pas de courant d'air. Par manque d'expérience, on l'avait moins « recouvert ». A son retour de la messe, ma mère s'aperçut qu'il avait pris un peu froid! Elle s'empressa de l’emmailloter et de retour chez elle, elle s'aperçut qu'il ne respirait pas comme à l'ordinaire. Il souffrit d'une bronchite asthmatique qui devint chronique. Cette maladie nécessitait beaucoup de soins délicats de la part de mes parents qui ne négligeaient rien pour lui redonner une bonne santé et même, parfois, le garder en vie. Plusieurs médecins furent consultés. Quelques-uns recommandaient une opération, d'autres pas. À cause de complications qui pouvaient se produire, il ne fut donc pas opéré.

 En 1901, le 1er juillet, c'était Élisabeth qui faisait son entrée dans le monde. Il fallait donc prendre soin de deux bébés.  Mais la petite Élisabeth était bien raisonnable. Maman prenait soin des bébés et mon père travaillait à l'extérieur dans la journée. Le soir et surtout la nuit, mon père, pour soulager maman, se levait et donnait l'attention exigée par l'état de santé de mon frère surtout. C'était une situation très tendue et difficile à vivre. C'est pourquoi au début de 1903 avec chagrin, mon père et ma mère décident de vendre et d'aller demeurer à l'Annonciation pour avoir plus facilement de l'aide pour la maison et pour ma mère. Ce fut un soulagement. Ma grand-mère Boileau et mes tantes venaient à tour de rôle prêter main forte à ma mère. Et mon père travaillait à l'usine de grand-père. Il demeurait sur une ferme près de la Rivière Rouge.

 Hélas, la terre ne produisait pas beaucoup et la malchance se mit de la partie. Une année, la grêle détruisit toute la récolte, et l'année suivante, ce furent les sauterelles qui mangèrent le grain. Les animaux manquaient de tout. Puis au printemps, l'eau de la rivière débordait et inondait le terrain. Dans la cave, l'eau montait à six pouces du plancher. C'était dangereux pour les enfants. Mon père clouait la porte de la cave pour que personne n'y pénètre. Quelle inquiétude!

 La famille s'était accrue de trois nouveaux membres, des garçons: Fortunat, Charles-Auguste et Borromée. Le climat de la maison n'était pas « sain ». Ma mère attrapa une bronchite, Fortunat fit une diphtérie très grave qui faillit l'emporter. C'est sa marraine qui l'a sauvé. Et Charles- Auguste à l'âge de 14 ou 15 mois fit une attaque de méningite qui nécessita beaucoup de soins. Après sa guérison, il demeura très nerveux. Seuls Élisabeth et Borromée ne furent pas malades.

 

ENFANTS ISSUS DU MARIAGE DE J. Arthur Lalande et de Élisa Boileau

 J. Jean Arthur — né le 23 juin 1900 (à 11h30 p.m)

Parrain: Anthime Lalande, Grand-père

Marraine: Henriette Wilson, Grand-mère

Marie Henriette Élisabeth — née le 1er juillet 1901 à 2h00 a.m.

Parrain: Dosithée Boileau, Grand-père

Marraine: Éloïse Pagé, Grand-mère

   J. Dosithée Fortunat — né le 26 décembre 1903 à 2hres, à l’Annonciation

Parrain: Dosithée Boileau (jr) oncle

Marraine: Clara Chartier, tante

J. Charles Auguste — né le 28 août 1905, à l'Annonciation

Parrain: Raoul Lalande, oncle

Marraine: Eugénie Presseault, tante

J. Etienne Borromée — né le 2 août 1906, à l'Annonciation, à 9h00 p.m.

    Parrain: Borromée Boileau, oncle

    Marraine: Caroline Chartier, tante

  Marie Andrée Lucille — née le 13 décembre 1907,à l'Annonciation

Parrain: Eugène Boileau, oncle

Marraine: M. Louise Beauchamp, tante

Naissance prématurée; elle vécut deux jours.

Marie Annette Lucille — née le 23 juin 1913, à Nominingue, à 4h00 a.m.

Parrain: Alfred Lalande, oncle

Marraine: Sylvia Gaudet, tante

Baptisée par le Père Henri Chalumeau.

 

Retour à la table des matières