LIEUX PUBLICS-EXPÉRIENCES DIVERSES
Par Ann Warren

L'été dernier, suite à une maladie, j'ai dû fréquenter les hôpitaux plusieurs fois par semaine. Il faut se rendre à l'évidence : leurs systèmes d'appel des patients sont mal adaptés pour les personnes malentendantes. Lorsque notre tour arrive, on annonce notre nom dans un haut-parleur (qui ne parle ni fort, ni de façon suffisamment claire). J'avoue que, même si je restais très attentive, je ne pouvais pas comprendre mon nom et, après un certain temps, je devais aller demander à la réception si on ne m'avait pas oubliée. Bien sûr, j'ai mentionné à la personne de l'accueil que j'étais malentendante et je lui ai demandé si une personne (le médecin ou l'infirmière) pouvait venir me chercher dans la salle d'attente. Cela a fonctionné plus ou moins car nous savons tous que le personnel est débordé dans le milieu hospitalier, mais je me suis rendue compte qu'avec un peu de bonne volonté et d'attention, nous sommes arrivés à nous comprendre. Il faut dire que je voyais toujours le même médecin et que celui-ci me connaissait.

Depuis, j'ai collé le pictogramme de la surdité sur ma carte d'assurance-maladie et cela facilite grandement les choses. Lorsqu'une personne malentendante se présente dans un lieu public, elle doit aviser le personnel de sa surdité pour faciliter la communication.

Il y a des membres qui m'ont parlé des difficultés rencontrées dans les lieux publics tel que les hôpitaux, les églises, les salles à manger des résidences de personnes âgées où il y a beaucoup d'écho, de bruits de conversation, de vaisselle et souvent une musique de fond plus ou moins forte.

Par ailleurs, il y a aussi des personnes, qui ont vécu de belles expériences. Un membre de l'Association me parlait d'un spectacle intime qu'elle avait eu l'occasion d'entendre dans une boîte à chansons parce que l'artiste était un homme et que sa voix grave lui avait été accessible, la salle de spectacle était petite et les chansons présentées lui étaient très connues ( du Charles Trenet). Il devenait donc facile pour elle de les reconnaître. "
Une autre personne devenue sourde profonde m'a partagé ses trucs au bingo. Elle se place de façon à bien voir l'animateur et l'écran géant sur lequel apparaissent les numéros.

M. Gauthier est allé dernièrement à un spectacle au Capitole. Cela ne s'est pas parfaitement passé pour la première partie du spectacle car on avait omis d'ouvrir le système de la boucle magnétique. Il s'est adressé au responsable en place qui fût très courtois. Il voulait vraiment l'aider mais ne semblait savoir quoi faire. Il a finalement trouvé le directeur du son et tout a bien fonctionné par la suite. Ce fut quand même une belle soirée. Tout en déplorant le fait que le personnel de l'endroit ne semblait pas bien informé, M. Gauthier souligne que les employés ont tout mis en œuvre pour lui donner satisfaction. " Je vous suggère d'arriver sur les lieux une bonne demie heure à l'avance. "

POURQUOI VOUS PERCEVEZ LES ACOUPHÈNES
COMME DES BRUITS TRÈS FORTS

Lorsqu'on parle d'acouphènes chroniques, on pourrait dire qu'il s'agit, du moins en partie, d'une sorte de trouble de la perception ou de surinterprétation dans le cerveau. C'est du moins l'avis qui prédomine actuellement dans le milieu médical. Ce qui suit est un cercle infernal.

Le cerveau reçoit chaque seconde une foule d'impressions trop nombreuses pour qu'il puisse les traiter toutes. Il est donc obligé de filtrer. Normalement, ce filtrage lui permet de distinguer entre les excitations importantes et celles qui ne le sont pas. Les excitations sans importance sont reléguées à un niveau de traitement inférieur, en-dessous du seuil de perception. Vous connaissez de nombreux exemples d'excitations de cette catégorie : le tic-tac d'une horloge, le grattement d'un chandail que vous portez pour la première fois, le ronronnement du réfrigérateur.

À leur première apparition, le cerveau les perçoit consciemment, puis il les range parmi les impressions insignifiantes et dès lors s'interdit leur perception. Le tic-tac de l'horloge n'atteint plus l'horizon de notre conscience. Toutefois, la perception consciente peut être réactivée- si vous voulez, vous pouvez à tout moment vous mettre à l'écoute du ronronnement du réfrigérateur et du tic-tac de l'horloge.

Cette capacité de traiter les excitations nous a été donnée par la nature et elle est significative. Entendre son propre bruit de déglutition ou un bruit de fond monotone ne nous apporte rien au plan de la survie.

Par contre, entendre le craquement d'une branche dans la forêt, qui est également un bruit faible, peut être important pour déceler la présence d'un danger. Il s'agit donc d'évaluer les signaux dans le sens d'une stratégie efficace pour la survie. Ce n'est pas pour rien que l'audition est un processus foncièrement émotionnel. Si nous ne connaissons pas un signal qui apparaît pour la première fois, nous lui accordons une grande valeur et réagissons le plus souvent par le peur et la tension comme préparatifs à une réaction de fuite ou de combat.

De même pour les acouphènes. Leur première apparition est presque toujours soudaine et coïncide souvent avec une situation particulière de stress et de tension. Vous ne pouvez pas vous expliquer ce bruit, ceux qui sont autour de vous ne peuvent pas l'entendre. Votre réaction, c'est la peur- peut-être accompagnée de ressentiment, car les acouphènes vous enlève votre " droit au silence ". C'est pourquoi, comme sensation, les acouphènes ont d'emblée une coloration négative.

Vous commencez à les épier, vous voulez savoir s'ils sont encore là, s'ils sont devenus plus forts. Vous consultez un médecin ou demandez à des amis. Peut-être vous dit-on "… il n'y a rien à faire, … ce sont des signes avant-coureurs d'un infarctus cardiaque ou d'une embolie cérébrale " ou quelque chose de ce genre. Ces réponses vous agressent ou renforcent vos angoisses et vos préoccupations, car elles n'offrent pas de voie de salut. À vous la tension sans solution, le stress négatif. Vous vous concentrez de plus en plus sur le bruit dans vos oreilles. Le cercle infernal est établi!

Source : Document colligé par Marie LeBlanc, psychologue, IRDPQ