Lu sur un forum monarchiste : « J’ai eu l’honneur d’assister il y a peu de temps à des funérailles royales. Paris, le soleil honore de ses rayons bienfaiteurs ceux qui se pressent à l’entrée de l’église. Toutes les corporations sont là, et les grands corps de l’Etat aussi. Le gouvernement français au complet, l’épouse d’un chef d’Etat, tous les ambassadeurs défilent et s’extirpent de leurs voitures noires pour rejoindre ceux qui sont déjà installés. Je passe devant l’Evêque qui nous accueille. La presse crépite, les flashes m’aveuglent. A l’intérieur on nous oriente vers divers carrés où de petits panneaux précisent nos corps de métier. Défense… non. Gouvernement… pas encore… Ah ! Voilà, Médias. Je m’installe. A ma droite, personne encore. Arrivent Patrick Le Lay et Etienne Mougeotte qui s’y installent. A ma gauche, Alain Minc et sa clique. Les funérailles chrétiennes commencent. L’héritier passe devant nous. Il est beau, digne, fort et déjà de son droit. Il EST la succession, il décide, il acte, il n’a rien à attendre de personne… Requiem de Mozart. Chœurs de grande qualité, prières latines. Le Lay exulte, et moi aussi. Eloges. Ils se pressent pour parler. Ils parlent bien, même cet imbécile de BHL D’ailleurs, il lui sera reproché ensuite par ses amis habituels d’avoir fait cet éloge-là. Emotion palpable. Et tout le monde de tirer le cou pour entr’apercevoir le petit, le jeune, le nouveau, le successeur. Son pouvoir est immense. Il hérite du pouvoir de faire et de défaire les réputations, les carrières. Il hérite du pouvoir de distribuer la presse qu’il lui plaît de distribuer. Il hérite du pouvoir de fabriquer et de vendre des armes, des missiles, des fusées et des satellites. Il hérite de télévisions, de radios, des plus grands magazines. Il a tellement plus de pouvoir que tous ces hommes qui se pressent pour le saluer, lui serrer la main, sous le soleil du parvis, sans même voir que le corps de son père n’est même pas encore parti, là, dans le corbillard qui attend une instruction. Son père était aimé, détesté, mais toujours respecté. Son fils hérite aussi de ça. La transmission dynastique a joué. Lagardère est mort ! Vive Lagardère… » Ce témoignage ouvre la porte à de nombreuses perspectives. Elle montre en tout cas que l’idée monarchiste se porte bien, même si elle est latente, et qu’elle est synonyme d’efficacité. En effet, dans ces grandes entreprises, le pouvoir ne se transmet pas lors d’élections présidentielles-directrices-générales où les employés votent pour tel ou tel candidat à la direction. Non, chez les Lagardère, comme chez les Agenlli, les Bronfman, les Wendel, les Krupp, les Michelin, les Guichard, les Rothschild, les Rockefeller… le pouvoir se transmet de parents à enfants, comme le veut la tradition. On voit que lorsqu’il est question d’efficacité, la démocratie passe en perte et profit. Pour savoir ce qui va dans tes intérêts, n’écoute pas le prêcheur mais regarde le. Nos ploutocraties se veulent « démocratiques » mais visiblement, elles laissent celles-ci pour les autres. Elles savent ataviquement que la démocratie est inférieure à la bonne vieille monarchie, c’est pour cela qu’elles se gardent bien de l’introduire dans la transmission du pouvoir dans leurs entreprises. L’exemple de Lagardère, héritier de l’un des plus puissants empires économiques du monde, montre bien que la véritable légitimité ne vient pas de quelques bouts de papiers glissés dans l’urne, mais de celle d’une dynastie familiale partie d’un petit noyau et qui, au fil des années, a fait croître celui-ci à coups d’acquisitions, de fusions, de conquête.. La bourgeoisie a éliminé la noblesse uniquement pour prendre sa place : aux dynasties nobiliaires ont succédé les dynasties bourgeoises…