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dernière mise à jour: 29 juillet 2006 LOGO Ouvrez les Yeux n°7   hiver 2005/2006
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Le Y de Marguerite.

L'équipe du Y de Marguerite présente quatre articles dans ce journal n°7:

Dire dire dire... les mots ronds, les mots dodus, les mots tordus,
Les mots fous, fourbes, glissants, hésitants...

Dire dire dire... les mots ronces, les mots escarpineux, les mots qui coincent,
Qui te happent, qui te nouent la gorge, qui te... Oui justement ceux-là !

Dire dire dire que tout est possible, que tu peux, que tu veux,
Que tu...

Dire la peur, dire les rires, dire l'écume des tes jours, le trop plein,
Le raz de marée, le rase motte, le ramasse miettes et le reste.

Dire que tout est possible
Dire qu'il n'est pas trop tard
Dire que...
Dire dire dire sans freiner, sans tarder, sans taper, jeter, poubelle...
Sans bilboqueter, pirouetter, pirouette, gigolette...
Lancer tes mots très loin et très haut, très fort et très...
Lancer tes mots...
Les voir virevolter et culbuter, s'entrechoquer et se fondre et se répondre,
Tintinnabuler dans la nuit chaude, tintamarrer dans la nuit ocre
Crier, hurler, s'égosiller jusqu'à l'infini... jusqu'au bout de la nuit,
Jusqu'à n'en plus pouvoir

Dire dire dire... les mots de l'intérieur, les mots du dedans...

Dire les mots petits, gros, malingres... Qu'importe
Les inventer, les redécouvrir, les modeler à ta convenance,
Les palper sous tes doigts, les soupeser, les défier, les envoyer pêter !
Qu'est-ce qu'on risque?
 Dire dire dire sans tabou, sans retenue,
  Sans déconvenue sans...?
 Dire au-delà des frontières, au-delà des barrières...
Faire pêter les gonds une bonne fois pour toutes,
Faire une pirouette et cracher le magot!
Claire Lefin; Pour le Y de Marguerite

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Appuyez à l'arrière, s'il vous plaît!     Et rentrez par l'avant...

    J'étais enfant (onze ans environ) ; j'empruntais le bus 90 pour aller de Limont-Tavier à Liège (arrêt: Pont de Fragnée) pour me rendre à l'école, rue des Rivageois. Les gens s'agglutinaient - déjà: à l'avant, à proximité du chauffeur et de la porte d'entrée. Or, il y avait des places disponibles à l'arrière. Aux heures de pointe (7h du matin notamment), il y avait beaucoup de monde. Le chauffeur s'époumonait (comme il pouvait) à s'écrier: «appuyez à l'arrière, s'il vous plaît! ». Et personne n'obtempérait.
   40 ans ont passé: rien n'a changé! Même les bus articulés, ces géants des transports en commun, les gens restent agglutinés à l'avant, et l'arrière reste désespérément vide.

    Et «last but not least»  (traduction: ce n'est pas tout !), les joyeux chefs du TEC ont concocté une méga-campagne publicitaire: radio, télévision, panneaux publicitaires, inscriptions géantes sur les bus, avec ce slogan unique: « RENTREZ PAR L'AVANT ».
    Moralité: On va de bousculade en bousculade, abonné ou pas. Et que dire des petites Mamans qui ont toutes les peines du monde à rentrer avec leur landau.
Où est le temps des percepteurs qui circulaient dans le bus avec leurs petites machines qui fournissaient les tickets sur place (avec le sourire de surcroît !), permettant ainsi au chauffeur de poursuivre sa route sans encombre, sans perte de temps, et... sans danger d'agression! A méditer... (Carpe Diem...)

Renée R.  Pour le Y de Marguerite

P.S. Ces merveilleuses machines à distribuer les tickets sont encore visibles au musée de la STIL (ou du TEC... comme tout change de nom! )

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Le Y de Marguerite.



INTERVIEWS

     Je suis bénévole aux «Sans logis hommes» et voici quelques vécus d'hommes qui s'y trouvent. La fréquentation des services sociaux varie bien sûr très fort d'une personne à l'autre. Certains expriment une forme de rejet et d'indifférence par rapport au système où ils ne se sentent pas ou pas assez «acteurs».
     Les différents décrochages: familiaux, scolaires, socio-professionnels... les ont parfois marginalisés et en sortir est une démarche fastidieuse car ils sont fréquemment repositionnés face à leurs échecs.

  L. se sent incompris dans le système social et semble subir les choses car, pour lui, la recherche d'un logement relève parfois du parcours du combattant. Il a arrêté ses études assez jeune. Les différentes étapes permettant de décrocher un appartement sont multiples d'autant qu'il vit du revenu d'intégration social (ex-Minimex) et que les propriétaires sont assez réticents. Assez jeune, il devient consommateur de drogues douces. Il finit par se retrouver chez nous après avoir connu la rue et il exprime son souhait de sortir de cet engrenage.
  D. (la quarantaine) a lui pas mal roulé sa bosse et a travaillé dans pas mal de secteurs avant de se retrouver aux Sans logis. Des problèmes familiaux et la consommation d'alcool sont à la base de sa rechute. Mais il ne veut pas se laisser abattre et, de par ses relations, il reste dans le coup tout en étant minimexé. Via Réinsert, il va essayer de retravailler. Via la Maison du Social et la Région wallonne. Il obtient pas mal de renseignements qui l'aident à se reconstruire socialement. Il fréquente même une bibliothèque publique et semble près à remonter la pente.
  T. a quitté Bruxelles et ses attaches pour Liège où il ne connaît pas grand monde. Heureusement pour lui, il existe également un CLAJ : Centre d'écoute et d'Aide aux Jeunes qui lui permet de reconstruire et de tisser des relations sociales alors qu'au début, il avait trop tendance à subir les évènements. Actuellement, il a plus de volonté à s'en sortir et n'a plus tenté comme avant de consommer des produits.

Josée
Pour le Y de Marguerite


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EST-IL ENCORE POSSIBLE DE MARCHER TRANQUILLE DANS LES RUES?
       Le pognon est le nerf de la guerre, c'est vrai! C'est dur de vivre sans et si l'on peut vivre plus ou moins bien sans argent ou qu'il peut même nous arriver de vivre des instants magiques, sublimes où l'on peut oublier qu'on n'en a pas, les autres sont là pour bien vite vous rappeler à l'ordre.
       Comment traverser la ville sans rencontrer deux ou trois quémandeurs, quelques marchands, quelques œuvres pour vous demander des sous et trop souvent, si vous ne sortez pas votre porte-monnaie, ils vous harcèlent, vous agressent en vous traitant de pingres ou de menteurs! Insupportable, humiliant de devoir sans cesse rendre des comptes sous prétexte qu'on n'a pas de sous, d'être agressé à tous les coins de rue. N'est-ce pas assez pénible comme cela qu'il faille se justifier partout comme si nous étions coupables?
       Doit-on se promener en haillons avec des pantalons troués et des godillots usés, avoir l'œil hagard, la langue pendante ou voir l'air complètement tarés!
Messieurs et mesdames les vendeurs, laissez-moi vous dire que j'aurais bien du plaisir si j'en avais les moyens à donner mon argent pour les enfants maltraités, amnesty, médecins sans frontières et bien d'autres. Mais sachez qu'il y a des gens qui n'ont pas le sou et ont envie de marcher dignement sans se faire agresser.
Doit-on porter une étoile, être marqué au fer rouge, avoir un signe distinctif qui nous différencie du lot? Faites-vous tant de chichis avec ceux qui vous donnent un gros billet? Leur demandez-vous d'où ils sortent tant d'argent? Doivent-ils se justifier ou se cacher d'en avoir? Comme vous le faites avec nous qui n'en avons pas?
       Vous travaillez et défendez des œuvres humanitaires qui protègent la dignité humaine et c'est louable mais commencez par respecter vos proches, vos voisins, ceux que vous côtoyez tous les jours: Il y en a qui ont juste et parfois un peu trop juste ce qu'il faut pour vivre. C'est la crise pour beaucoup. On fait ce qu'on peut. Ce n'est pas drôle tous les jours mais c'est encore moins drôle quand on nous traite de resquilleurs, de menteurs! Svp, ne retournez pas le couteau dans la plaie, ne nous forcez pas à retrousser les babines où à nous replier dans nos tanières comme des exclus. C'est vrai que le pognon est le nerf de la guerre mais tout de même! On n'est pas là pour s'entredéchirer ni pour se taper sur la gueule! On est tous dans la même galère, tous dans un même combat: celui de vivre dans un monde où les mots respect et dignité ont un sens. Nous voulons nous aussi marcher librement dans les rues!

Claire Lefin;  Pour le Y de Marguerite


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