CHAPITRE 10

 

MA CARRIÈRE DANS L’ENSEIGNEMENT

 

Ma carrière d’enseignante débuta en 1928 de façon irrégulière. Je travaillais surtout sur la ferme avec mes parents, ma sœur et mes frères à toutes sortes de travaux utiles qui les aidaient beaucoup. J’enseignais de temps en temps pour aider dans les écoles de rang.

 

Enseignement au Lac Vert
 

C’est à  l'automne 42 que ma carrière débuta pour le vrai. Je fus demandée pour aller enseigner dans une école de colonisation au Lac Vert, à six ou sept milles de chez nous. Ça ne me tentait guère! Mon père me dit: « Accepte, c'est une bonne oeuvre à accomplir. Je te voyagerai toutes les semaines » c'est-à-dire me conduire chaque lundi matin et venir me chercher le vendredi soir. Je logeais et faisais la classe dans une maison privée chez M. Alphonse Paiment. J'avais dix élèves. Tout allait bien. N'eût été la rigueur de l'hiver pour me transporter en voiture avec cheval, bien entendu cela aurait été plus agréable! Les chemins n'étaient pas toujours ouverts à temps. Malgré ses soixante et onze ans, mon père n'a pas manqué une semaine à venir me chercher le vendredi. Au bord du grand lac Nominingue, l'air était vif et froid certains jours d’hiver.

 

Peu après la mort de papa en 1943, au cours de cette période de grande tristesse, je faisais la classe à l'école du rang VI. Papa était encore président de la Commission Scolaire du Canton Loranger à son décès. En juin, 1943, j'avais terminé mon année scolaire à l'école du Lac Vert. Le poste d'institutrice était vacant à l'école du rang VI pour l'année 1943-1944.

 

 


L'enseignante Lucille Lalande

 

Mon père me dit: « Pour septembre, fais ta demande. Si elle est acceptée, tu seras chez nous tous les soirs ! » Elle fut acceptée. J'étais si heureuse. J'enseignais à 27 élèves les « 7 divisions » du cours primaire.

 

La Commission Scolaire du Canton Loranger comprenait quatre écoles de rang. Mon père, sous son règne, avait fait installer des fournaises à bois dans les caves de « trois » écoles,  une par année. La mienne étant la dernière construite, il n'y avait pas de chauffage par la cave. Il y avait un gros poêle à fourneau sur le plancher de la classe qui réchauffait en même temps la cuisine et la chambre de l'école.

 

 
La vie dans mon école du rang Vl
 

Pour nous accommoder et ne pas nous laisser seules. Ce fut André, le deuxième garçon de Borromée, qui vécut avec nous durant toute l'année scolaire. Le matin, il faisait l'essentiel du travail à l'étable, souvent avec Élisabeth. Nous déjeunions ensemble tous les trois et après nous prenions le chemin de l'école André et moi ! Classé en 6e année, il eut 13 ans le 10 septembre. Nous faisions le trajet en auto tant que les chemins ne furent pas enneigés! Nous dînions à l'école comme bon nombre d'élèves le faisaient. À quatre heures, fin de la classe, André revenait à pied

Je faisais une laryngite depuis quelques mois.

 

Je traînais une laryngite depuis le début des classes. En décembre, mon état s’aggrava. Le soir, lorsque j’arrivais à la maison, la gorge me brûlait et je ne pouvais plus parler ! Le docteur me donna des injections de pénicilline sans succès apparent. Après les fêtes, je dus donc descendre à Montréal à l’hôpital Ste-Justine me faire opérer pour l’enlèvement des « amygdale » qui causaient de l’infection à ma gorge. Une dizaine de jours à l’hôpital et quelques jours de convalescence chez mon frère Fortunat à Montréal ! Le chirurgien m’avait recommandé d’être deux mois et davantage sans parler pour une parfaite guérison ! Ce que je n’ai pu observer parce que je n’avais pas d’institutrice suppléante pour me remplacer. Je ne voulais pas que les élèves perdent leur année !

 

L'hiver, je me rendais en skis à mon école. Le matin, je descendais par la côte du grand chemin et le soir je revenais par un petit sentier que Charles- Auguste m'avait organisé face à la maison! J'évitais par ce biais l'effort de monter la côte avec mon sac au dos qui contenait des cahiers pour correction et livres pour préparation de classe!

 

Comme doit le faire toute bonne institutrice, je mettais la classe en ordre pour le lendemain. Quelques fillettes effaçaient les tableaux, nettoyaient les brosses, plaçaient les bancs. J'en profitais souvent pour écrire les devoirs au tableau. Avec 6 ou 7 divisions, ça demande une préparation sérieuse pour chaque jour. Cependant, les corrections de cahiers ou d’examens, je les faisais à la maison durant la veillée.  Il ne faut pas oublier que des examens avaient lieu tous les mois. Dix bulletins par année, quel travail de correction! Je voyais au chauffage du poêle à  « fourneau » qui se trouvait entre la classe et la cuisine et, l'hiver, de la fournaise dans la cave. Les garçons voyaient à remplir la boîte de bois à proximité du poêle dans la classe. Il n'y avait pas d'électricité pour l'éclairage. Les toilettes étaient dehors, c'est-à-dire au fond d'un petit hangar attenant à l'école. C'était une toilette chimique qui ne requérait pas d'entretien, mais c'était froid l'hiver! Le «g rand ménage » de la classe se faisait trois fois ou quatre fois par année sous la responsabilité de l'institutrice! C'était très intéressant quand même. Différentes activités marquaient les principales fêtes de l'année : Ste-Catherine, la veille de Noël avec échange de cadeaux,  Pâques et le mois de Marie, en mai.

 

Pour ce mois de célébration, un autel était dressé dans un coin de la tribune non loin du pupitre de l'institutrice. Beaucoup de décorations étaient utilisées des guirlandes naturelles que nous trouvions en bordure du chemin avant le 1er mai, des fleurs artificielles, des « lampions » nombreux donnaient un cachet religieux. On apprenait beaucoup de cantiques pour varier la cérémonie. Une fois la semaine, on recevait les parents du rang le soir pour célébrer le mois de Marie. Récitation du chapelet, cantiques, diverses prières par les élèves. Les parents étaient très intéressés. Quelle causerie après la cérémonie! En 1945 ou 1946, Monsieur le Curé Noiseux était venu célébrer le mois de Marie à mon école le 31 mai à la clôture du mois. À cette occasion, mon neveu Claude, 9 ans, avait chanté l’Ave Maria de Schubert de sa douce voix d’enfant. Les assistants étaient nombreux jusqu'en dehors de l'école. M. Noiseux avait félicité les élèves!

 

 Il y avait aussi la visite de l'Inspecteur deux fois par année. Le président, des commissaires et  la secrétaire de la Commission scolaire, accompagnaient monsieur le Curé pour la distribution des bulletins et des prix de la fin d'année scolaire. Cela se passait la journée précédant les grandes vacances. Quelques fois, monsieur le Curé questionnait les élèves sur les matières apprises durant l'année. Voilà ce qu’accomplissait une institutrice scolaire rurale au cours des décennies 1940 et 1950.

 

 

Un retour à l’enseignement pour dépanner... qui dure plusieurs années.
 

Durant l'hiver 1951, sur l'insistance de Mme Amédée Vachet qui avait obtenu du gouvernement un octroi de colonisation pour quatre mois d'enseignement scolaire dans Montigny, je suis allé enseigner chez-elle. Elle n'avait trouvé personne. Elle me supplia grandement, j'ai fini par accepter. Je jugeai que c'était mon devoir, autrement elle aurait perdu son octroi, et les enfants auraient perdu le privilège de s'instruire.

 

La classe se faisait dans un bel appartement à la pension Claude Vachet. J'avais douze élèves. Les plus jeunes adolescents chez M. Edmond Chartrand, les enfants de la famille Amédée Vachet et une fillette de M. Paul Vachet. Ces deux dernières familles étaient les "petits-enfants" de M. Claude Vachet. J'habitais là toute la semaine du lundi matin au vendredi soir. C'était un jeune Chartrand qui me voyageait. Ce fut un service qui a été bien apprécié de la part des parents intéressés. Il faut toujours être d'une grande "disponibilité" pour aider les autres. On éprouve tellement de satisfaction à se rendre utile.

 

Le même cas se présenta à Bellerive à l'automne 52 pour remplacer une institutrice qui tomba malade au début des classes. Elle ne revint pas de l'année. Après 1952-1953, les Commissaires m'engagèrent pour 1953-1954. Je voyageais en automobile jusqu'aux neiges et après je demeurais à l'école toute la semaine. Ne pouvant voyager, je ne pouvais faire les commissions de la maison. Élisabeth demeurait avec un étudiant ou autre. C'était beaucoup plus long pour elle. Pour moi, c'était moins fatigant, j'avais tellement d'ouvrage avec vingt-huit élèves environ. Cependant, quand la neige était fondue, je reprenais à voyager avec mon auto. C’était plus gai pour ma sœur et je pouvais mieux m'occuper des affaires de la ferme. Lorsque j'occupais la fonction d'institutrice, j'ai toujours cumulé deux emplois à la fois. Il le fallait pour conserver notre chez nous.  Les deux années qui suivirent, j'ai décidé de demeurer à la maison.

 

En 1956-1957, j'entrepris une autre année scolaire à Bellerive. Elle fut très chargée de travail avec 33 élèves, sept divisions, plusieurs activités sociales étaient à l'horaire. Le curé de l'endroit me demanda si je pouvais exercer les élèves pour qu'ils chantent à la Messe de Minuit. Je pouvais les accompagner à l'harmonium. J'acceptai. Il me demanda si je pouvais aussi installer avec les garçons la crèche de Noël à l'église. C'était vraiment du "spécial". Je n'avais jamais eu l'occasion de placer une telle décoration. Pour les garçons, c'était un congé, plutôt qu'un travail. Mme la Présidente voulait faire un "dépouillement" d'arbre de Noël à l'école! Les dames avaient prépare et fabriqué de jolis petits cadeaux pour fêter les élèves et les tout petits qui ne fréquentaient pas encore l'école. Comment pouvais-je refuser? Tout a très bien réussi. J'étais complètement « fourbue » au début des vacances de Noël. J'oubliais de mentionner que Jacques Lalande, mon neveu, étudiant au Séminaire de Mont-Laurier, à ma demande vint chanter le « Minuit Chrétien » le soir de la Messe et le cantique « Sainte Nuit » avec mes élèves, il faisait une partition. Les paroissiens furent enchantés. À la fête des Mères, au mois de mai, j'exerçai une séance et quelques numéros de chants! Cette petite pièce, je l'avais écrite moi-même, exercée et jouée devant les mamans du village, par mes "élèves" du rang VI. Elles l'avaient exécutée admirablement bien. À Bellerive aussi elle fut jouée avec succès. Il y avait quelques élèves formidables! À la distribution des prix, Curé, Président et secrétaire remirent les bulletins aux élèves ainsi que les prix. Pour l'occasion, le « premier » de classe avait récité un monologue humoristique et intéressant. Il fut vivement applaudi. Je fus heureuse d'avoir fait participer des jeunes « artistes en herbe » à des manifestations dont ils doivent garder un « bon souvenir ». L'année suivante eut lieu la fusion des Commissions Scolaires. Les Écoles de Rang disparaissaient à jamais. Quel dommage et quel chagrin!

 

Le 1er septembre 1961, une visite inattendue! Le Secrétaire de la Commission Scolaire de l'Annonciation vint me prier avec instance de consentir à devenir institutrice à l'Annonciation. Cette nouvelle m'a "ébahie" totalement. Après mon départ de Bellerive et la fusion des écoles de rang, j'avais dit: « adieu à l'enseignement ». Habituée à être « unique titulaire » dans une école, je ne me voyais pas du tout sous l'égide d'une directrice et en compagnie de plusieurs institutrices. M. Chalifoux insista en ces termes pour me convaincre davantage :  « Nous avons besoin d'une personne compétente ayant beaucoup d'expérience, de discipline, d'autorité. Vous possédez ces qualités, et sœur Directrice est très compréhensive et très humaine ». « Je voudrais réfléchir quelques jours avant de vous donner ma réponse définitive ». « Je vous accorde trois jours », me répondit-il, « n'oubliez pas que nous avons besoin de vous »! Nous étions à la récolte du grain ou fourrage d'avoine verte. Nous avions deux employés pour nous aider. La récolte se faisait au bout du grand champ. Le trajet était long jusqu'à la grange. Je dis à ma sœur: « II faut absolument finir ce travail avant que je donne ma réponse, il me faut conduire le tracteur. J’étais la seule à pouvoir le conduire. La belle température nous favorisa et la récolte fut engrangée sans incident fâcheux. Je n'étais pas décidée à accepter l'offre demandée. Élisabeth me donna le coup de pouce en me disant: « Essaie un mois, tu verras; si ça te plaît, tu continues, si non, tu abandonnes. De plus, tu travailles trop fort sur la ferme, un mois ça te reposera ». Quand le secrétaire, M. Chalifoux, revint, je lui dis que j'acceptais à l'essai. « Vous ne le regretterez pas mademoiselle, je suis certain que vous allez faire l'année. Vous nous rendez un grand service que nous n'oublierons pas ».

 

J'ai enseigné durant « cinq ans » en voyageant matin et soir, un trajet de 25 milles par jour. L'hiver c'était plus rude. Je ne me rappelle pas d'avoir manqué une journée. Je fus très heureuse pendant ce long séjour à l'Annonciation. Les Commissaires, la Directrice Ste-Geneviève de Brabant et les autres institutrices; tous furent très sympathiques. A mon arrivée, j'ai eu 33 élèves en 6e année, des filles seulement. J'ai réalisé aussitôt pourquoi il leur fallait une personne d'expérience.

 

La fusion scolaire avait eu lieu là aussi. Dans certaines écoles de rang éloigné, les élèves perdaient deux à trois mois de classe par année. Résultat: des élèves très brillantes âgées de 10 ans, d'autres moins avancées de 14, 15 et 16 ans. Ce n'était pas facile. Il fallait de la diplomatie et du doigté. Celles de 15 et 16 ans souffraient de complexes d'infériorité, de manque de confiance en elles. Aux plus jeunes très douées, je leur disais « Vous avez le devoir d'encourager vos compagnes, elles ne sont pas responsables d'avoir manqué la classe. Soyez compréhensives au jeu. Il faut mettre en valeur les talents avantageux qu'elles possèdent ». Une de ces élèves avait un talent extraordinaire pour le dessin, une autre pour les arts ménagers, pour le chant, etc. Le repos de l'enseignement dont j'avais profité pendant quatre ans me fut bien salutaire. La programmation n'avait presque pas changé.

 

Jusqu'aux Fêtes, ce fut difficile. Après, ce fut vraiment agréable. Toutes les élèves s'entendaient très bien et "s'entraidaient" aussi sans distinction d'âge! J'avais réussi un tour de force. La Directrice et les parents étaient très satisfaits. À la fin de l'année scolaire, grande exposition de dessin. Je leur appris un chant qu'elles ont exécuté d'une façon superbe, accompagné au piano par l'une d'elles. La Directrice me fit l'honneur d'admettre ma 6e année avec le cours secondaire pour la distribution des bulletins et la remise de récompenses. Quelle joie pour les élèves de se faire entendre de leurs parents. J'étais vraiment comblée et ma sœur rayonnait de mon succès.

 

En 1962-63, sœur Directrice, pour me remercier du travail accompli l'année précédente, me confia une 5e année A de 16 élèves seulement à cause du local exigu. Je n'enseignais pas dans le même immeuble où se trouvait le cours secondaire ni le bureau de sœur Directrice. C'était une école d'occasion sur la rue Principale où il y avait cinq classes. J'étais la Sous-directrice de cette école. Lorsque la Directrice avait quelque chose à nous transmettre, je prenais son message au téléphone et je le transmettais aux autres institutrices. Ça été une année incomparable pour moi. J'avais les meilleures, les plus brillantes élèves de la 5e année. Je vous assure que le programme s'exécutait rapidement. Les fillettes étaient charmantes, sensationnelles à l'étude. Les trois autres années s'écoulèrent sans heurt. La distance commençait à me fatiguer. Élisabeth avait un surcroît de travail. Elle me préparait un dîner chaud dans un thermos et faisait des sandwiches pour notre étudiant qui fréquentait l'école de Nominingue. C'était Germain St-Amour qui a vécu avec nous pendant sept ans.

 

En juin 1966, Élisabeth insista pour que je ne renouvelle pas ma demande. Après cinq ans, c'était suffisant. Elle avançait en âge et travaillait toujours autant. J'étais d'accord avec elle. L'imprévu m'a surpris encore puisqu'en septembre 1966, je fus engagée à Nominingue. Un nouveau Président de Commission Scolaire, une nouvelle directrice, deux nouvelles institutrices, renouveau partout. On m'offrit la classe de 5e année, 28 élèves « mixtes ». J'étais déshabituée des garçons. Il faut plus d'autorité et de fermeté. J'ai vécu une très belle année de travail ardu. Quand on aime son métier, on ne craint point les difficultés. L'enseignement est une vocation passionnante! Avant la fin de l'année scolaire 1967, tous les élèves de l'École St-Rosaire avec leurs professeurs sont allés visiter les Pavillons de l’Expo 67. Quel beau voyage en autobus par une température ensoleillée! Chaque institutrice était monitrice de ses élèves. Le retour en autobus fut très gai. Du chant tout au long du trajet. Ce fut très enrichissant pour tous. Vous auriez dû lire les impressions que les élèves écrivirent au cours des jours suivants. Notre directrice, sœur Imelda Lapointe, était une bonne organisatrice. Nous l'aimions beaucoup.

 

En septembre, on me demanda de traverser à l'Institut Familial pour m'occuper des élèves de l'Enfance inadaptée que les religieuses recevaient dans leur grand couvent. Nous étions trois à quatre monitrices pour s'occuper successivement des 110 élèves qui y séjournaient. J'étais moins dans mon élément, mais ce travail me fit acquérir des connaissances psychologiques importantes de l'adolescence. Bonne expérience à vivre.

 

En janvier 1968, j'éprouvai une grande déception. Une fatigue prolongée s'emparait de moi et une soif « inextinguible » me dévorait. J'allai consulter le médecin traitant d'Élisabeth, le Dr Gustave Roy de Mont-Laurier, qui me dit sans préambule que je souffrais de « diabète » comme ma sœur. (Héritage héréditaire légué par notre grand-mère Lalande.) J'ai dû être hospitalisée à Mont-Laurier durant seize jours pour un médicament approprié à mon état. Diète très sévère pour « diabète aigu ». Je maigrissais d'une livre par jour. Je revins chez moi et après une quinzaine de convalescence, je repris mon travail jusqu'à la fin de l'année.

 

Durant les vacances début juillet, le ministère de l'Éducation exigeait des sessions de recyclage de la part des institutrices. Ces cours duraient cinq semaines, la première année ce fut à Hull, « Culture fondamentale en français ». Je voyageais toutes les semaines avec une compagne. C'était une distance importante. Il restait seulement trois semaines de vacances et je privais les miens de ma présence au travail. Quels sacrifices il fallait toujours accomplir! Lorsque je repris en septembre 1968 ma fonction d'institutrice, c'était tout un programme nouveau, lecture « Le Sablier » et les activités qui en découlaient, mathématiques modernes, catéchèse renouvelée, etc. On m'assigna une 3e année, c'était intéressant mais quel surcroît de travail. Garçons et filles me donnèrent grande satisfaction.

 

À l'été 1969, les cours du Ministère en mathématiques se donnèrent à Mont-Laurier. Nous pouvions être chez nous tous les soirs. Ils furent moins longs aussi. Durant l'année scolaire, nous devions, une fois la semaine, aller étudier à l'Annonciation. Ce furent des années très achalandées, 1969-1970, 1970-1971 s'écoulèrent de la même manière.

 

Résumé des années et des endroits où j'ai accompli ma profession: Début: Cinq années d'enseignement privé à la résidence — famille de monsieur A. Grégoire du Club Columbus. Une année: École de Colonisation au Lac Vert chez monsieur Alphonse Paiement. Six années: Commission Scolaire Canton Loranger, rang VI sud. Trois années: Commission Scolaire Bellerive. Cinq années: Commission Scolaire l'Annonciation. Cinq années: Commission Scolaire Village Nominingue. J'ai constaté combien il est enrichissant de changer d'endroits après quelques années. Étude de mentalité, de comportements, de réactions, d'analyse des différentes personnalités. Cette interprétation donne des résultats intéressants et importants pour mieux comprendre la société!

 

Sur le conseil du Dr Roy, je donnai ma démission à la Commission Scolaire en juin 1971. C'était la fin d'une carrière qui m'avait apporté beaucoup de joies et de nombreuses compensations.

 

 

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