CHAPÎTRE 11

 

MES ONCLES ALFRED, ÉMILE ET ERNEST LALANDE

et leur famille

(les passages en italiques sont de Claude Lalande)

  

Mon oncle Alfred et sa famille : trop peu de douces années...

 

Mon oncle Alfred Lalande, marié à Sylvia Gaudet en avril 1913, devint le voisin de mon père à son arrivée sur le chemin Chapleau en 1914.  À ma naissance, quelques mois plus tard, mes parents les choisirent pour devenir mon parrain et ma marraine. Les deux familles entretenaient de solides liens d’amitié. Les deux frères (Arthur et Alfred) s'entraidaient beaucoup à cause de la proximité de nos maisons. Mes frères Charles-Auguste et Borromée, très jeunes à l'époque, rendaient souvent visite à oncle Alfred qu'ils aimaient beaucoup. Il était si doux et si patient avec eux. C'était un homme qui affectionnait particulièrement les enfants. Fortunat, lorsqu'il fut un peu plus âgé, ne se privait pas d'aller écouter tante Sylvia jouer du piano. Elle était excellente musicienne et aimait faire plaisir à ceux qui pouvaient apprécier la belle musique. Elle aura sans doute communiqué son amour de la musique à sa fille Fernande qui hérita du piano après son décès, ainsi qu’à Annonciata. La preuve en est que toutes deux sont devenues organistes paroissiales pendant de nombreuses années, Fernande à Nominingue et Annonciata à St-Placide.

 

Un an et demi après moi, naissait Fernande. Ma tante Sylvia et mon oncle Alfred eurent cinq enfants : Fernande (1915), Annonciata (1917), Bernard (1919). Deux autres devaient mourir en bas âge. Les cinq enfants sont nés à Nominingue, dans la maison qu’habite Denis aujourd’hui. Les deux familles entretenaient d’excellentes relations que cimentaient l’entraide quotidienne et la solidarité familiale.

 

À l'âge de quatre et cinq ans, Fernande et moi pouvions jouer ensemble, mais il ne fallait pas déranger nos deux mères ! Nous avions donc choisi un endroit privilégié à mi-chemin entre nos deux maisons, une côte de beau sable blanc sur les accotements du chemin menant à la maison de mon oncle Alfred. Nous faisions de jolis petits jardins, des parterres de « fleurs des champs » que nous cueillions dans la prairie, etc., dessins « pieds nus »dans le sable. Que de joies nous a procurées cette fameuse côte et aussi les visites à domicile que l'on nous permettait ! Aujourd’hui, cet espace est recouvert de magnifiques pins plantés par Denis, il y a déjà plusieurs années.

 

Je commençai l'école et Fernande (vu son âge) un peu plus tard. Il arrivait que nous voyagions ensemble. Un jour c'était mon frère qui nous conduisait et le lendemain ce pouvait être oncle Alfred.

 

Malheureusement, ce bonheur fut de courte durée. Assez subitement, ma tante se plaignit d'une douleur indéfinissable. Elle fut hospitalisée et l'on découvrit qu'elle souffrait d'un cancer qui l’emporta en mars 1925, à l'âge de 46 ans. Quelle perte douloureuse pour sa famille et nous aussi ! Bernard le plus jeune n'avait pas six ans. La vie de la famille en fut gravement perturbée. La grand’mère Gaudet demeura quelques mois avec son beau-fils et les enfants. Mais bientôt, il s’ensuivit une véritable cavale de déménagements successifs et difficiles pour mon oncle Alfred et toute sa famille. C’est avec résignation et courage que mon oncle fit face à cette conjoncture peu favorable à une véritable vie de famille.

 

Une vie familiale affectée par de nombreuses épreuves

 

Seul, avec trois enfants en bas âge, mon oncle jugea préférable de quitter la terre peu de temps après le décès de ma tante pour aller demeurer au village, dans une petite maison près du couvent des Sœurs de l’Immaculée Conception. Mon oncle Alfred et ses enfants y sont demeurés environ deux ans. Nous nous voyions très souvent. Même qu'en hiver, mon oncle et "parrain" consentit à me donner l'hospitalité à la semaine pour que je sois plus près de l'école, du lundi matin au vendredi soir. J'ai vécu un heureux hiver.

 

Malheureusement, les circonstances et les contraintes n’ont pas permis que tous les membres de la famille de mon oncle Alfred demeurent ensemble sous un même toit. À partir de 1927, Bernard et Annonciata encore jeunes, allèrent demeurer chez ma tante Henriette Lalande-Dubreuil à l'Annonciation.

 

Mon oncle partit pour Montréal en 1929 avec Fernande. Ils y demeurèrent environ deux ans. Au cours de ces années, Fernande fréquente le couvent des Sœurs Sainte-Croix de Ville St-Laurent pour ses études régulières et aussi pour apprendre le piano. Elle devait poursuivre ses études en musique pendant plusieurs années pour devenir l’excellente organiste que tous les gens de Nominingue des années 1936 à 1961 ont connue.

 

Les études de Fernande terminées, mon oncle revint à Nominingue en 1931, Il  se trouve du travail chez les religieuses et s’occupe en plus de l’entretien et du chauffage de l’église, du presbytère et de l’école du village jusqu’à la fin des études d’Annonciata, en 1934. Mon oncle Alfred, à l'occasion, pratiquait le métier de vétérinaire qu'il réussissait à merveille. Il accommoda plusieurs éleveurs agricoles. Mon oncle Alfred était près à tout afin que ses enfants reçoivent la meilleure éducation possible.

 

En 1935, mon oncle Alfred exploite la terre de mon oncle Gustave à Bellerive. Il y demeure avec Fernande pendant un certain temps, puis par la suite, à Nominingue chez mon oncle Émile, rue du Sacré-cœur, dans cette maison bâtit par mon grand-père Anthime Lalande dans les premières années de Nominingue.

 

En 1937, nouveau déménagement. Mon oncle Alfred devient propriétaire de la terre qui se situe dans le prolongement de la rue St-Pierre, au village, s’y installe et l’exploite. En 1941, Borromée achète cette terre de mon oncle Alfred. La maison, la grange et l’étable étaient situées à peu près au coin des rues St-Charles-Borromée et St-Pierre actuelles. Malheureusement, la maison passe au feu en 1945 et les autres bâtiments sont démolis quelques années plus tard pour céder la place à la construction des résidences bordant la rue St-Charles-Borromée, de la rue Donat Généreux à la rue Lalande. (Aujourd’hui la terre est la propriété de la succession Borromée Lalande).

 

En 1941, la famille de Borromée aménage donc  dans la maison laissée par mon oncle Alfred qui, peu de temps auparavant, avait quitté la terre pour aller demeurer dans la partie résidentielle du magasin de la rue du Sacré-cœur (presque en face de l’église) avec sa fille Fernande. Mon oncle avait acheté de son frère Émile, le magasin au complet avec la résidence. Fernande y est demeurée d’abord avec son père, jusqu’à sa mort  en novembre 1951, puis par la suite, seule,  jusqu’en 1961.

 

Fernande Lalande: commerçante, gérante de la Caisse populaire, organiste, secrétaire de la municipalité du Canton Loranger, bénévoles...

 

Avec la collaboration de monsieur le Curé Noiseux, en 1939, c’est la fondation de la Caisse Populaire de Nominingue.  Le bureau public se situe dans le magasin de mon oncle Alfred. Fernande devient  première gérante de la Caisse. Elle le demeurera jusqu’à son départ de Nominingue en 1961. En 1941, c’est la fondation de la Coopérative agricole qui retient l’attention. Oncle Alfred en fût le gérant et fournissait l'entrepôt. Nous étions toujours en relations d'affaires avec eux.  Relations familiales intimes également.

 

Fernande fut organiste pendant plusieurs années, à partir de 1936. Elle prit part à plusieurs activités sociales. En novembre 1951, elle perdit son père presque subitement. Il avait 69 ans. Fernande continua d’exploiter l’épicerie et demeura gérante de la Caisse Populaire. Elle occupa aussi le poste de secrétaire de la Municipalité du canton Loranger (je ne saurais dire combien de temps) c'était sous le règne de Borromée, mon frère, qui fut maire du canton Loranger pendant environ vingt ans. Ayant fait beaucoup de surmenage, sa santé se détériora gravement, elle dut tout abandonner et quitter sa maison en 1961. Je l’ai aidé de mon mieux pendant cette difficile période. Mais il était souhaitable qu’elle quitta Nominingue. Depuis, elle demeure à Ste- Rose. Nous sommes toujours demeurées en étroites relations.

 

Annonciata est allées au pensionnat des sœurs Ste-Croix de Nominingue en 1933 et 1934. Elle y a poursuivi ses études régulières plus celles en piano. Plus tard utilisant son bagage de connaissances musicales, elle devint organiste paroissiale à St-Placide, là où elle a passé la majeure partie de sa vie d’adulte. Comme son frère Bernard d’ailleurs, à titre de commerçant et de propriétaire de la beurrerie du village.  Les deux habitent aujourd’hui Sainte-Thérèse de Blainville dans les Basses Laurentides.

 

 

 

 

 

 

Souvenirs de Nominingue

(par Guy Lalande, fils de Bernard et petit-fils d’Alfred)

 

En 1939, mon oncle Frédéric Dubreuil déménageait à St-Placide avec son épouse Henriette Lalande, sœur de mon grand-père Alfred. Ils emmenaient avec eux leur neveu Bernard, mon père, et sa sœur Annonciata. Quelques années après le décès de grand-maman Sylvia, des circonstances difficiles amenèrent tante Henriette et oncle Frédéric à prendre en charge Annonciata et Bernard, tous deux encore bien jeunes. À ce moment-là ils habitaient l’Annonciation où oncle Frédéric exerçait le métier de beurrier. 

 

À son arrivée à St-Placide, Bernard fréquentait déjà Madeleine Brochu de Ste-Scholastique. C’est la cousine Georgette, fille d’oncle Gustave, qui les avait présentés. En 1940, ils s’épousaient et s’installaient à St-Placide.

 

  Cela amène donc la famille à faire le grand voyage St-Placide – Nominingue. J’avais toujours hâte à cette activité annuelle, parfois bi-annuelle, le plus souvent, l’été. Quelle fête d’aller chez grand-père et tante Fernande ! Nous y allions en voiture. Je me souviens d’un ou deux voyages en train, dont celui que j’ai fait lors du décès de grand-père.

 

C’était une épopée dans les années cinquante. Au fil des années, nous avons apprécié l’évolution de l’état des routes. En quittant St-Placide, nous roulions alors sur des routes de gravelle (poussière et brassage) pour retrouver du pavage dans la région de St-Jérôme et le perdre ensuite. Puis le pavage s’est allongeait jusqu’à Ste-Agathe et ensuite jusqu’à la route qui amenait à Nominingue pour enfin rouler en douceur jusque chez grand-papa. 

 

À l’époque, et plus encore maintenant, c’est avec grand bonheur que je viens dans ce coin de pays qui est le berceau immédiat de la famille Lalande. J’apprécie y retrouver les Lalande qui y  vivent toujours en permanence et ceux qui viennent passer la belle saison de l’été près des rives du beau lac Nominingue. Quand j’y viens,  je revois les beaux moments passés à la maison d’Anthime Lalande, mon arrière-grand-père, habitée alors par Carolus. Je revois les oncles Ernest et Émile, les cousines Élizabeth et Lucille (avec sa Studebaker) et le cousin Borromée. Je revois le magasin général de grand-père où j’aimais fouiner dans les grands bacs à bascule remplis de farine, de flocons d’avoine, de sucre, de cassonade et de fèves, et aussi les boites à biscuits qui étaient si tentantes. Il y avait aussi toutes ces tablettes chargées de produits qu’un magasin général offrait à sa population. Je me souviens du grand bâtiment à l’arrière, celui de la Coopérative agricole que je trouvais si loin parce que j’étais petit. Je m’y suis rendu quelques fois dans des charrettes tirées par des chevaux, assis sur des poches de moulée.

 

Nominingue, c’est une terre de pèlerinage pour moi !

 

 

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Mon oncle Émile et sa famille

(Claude Lalande avec la collaboration de Roméo Lalande)

 

 Quand deux anciens de Nominingue se rencontrent...

 

En ce début du printemps 2003, je rencontre à sa résidence de Sillery (Québec) mon cousin, Roméo Lalande. Je ne l’avais pas revu depuis 1956 alors qu’il venait d’être nommé sous-ministre de la Colonisation au gouvernement du Québec. J’occupais à ce moment-là le poste de président des étudiants de la modeste école supérieure de Nominingue que,  prétentieusement, avec tout le sans-gêne qui caractérise les étudiants, nous appelions « l’université ».  Et l’allée l’y menant, la rue Démosthène. Rien de moins !

 

J’ai passé plusieurs heures en compagnie de mon cousin.  Roméo a toujours démontré un intérêt marqué pour ce qui touche Nominingue, sa population et son histoire. Il le prouve hors de tout doute lors de notre rencontre. Plongeant dans nos souvenirs, parfois à l’orée de l’oubli, nous parlons pendant des heures de cette magnifique paroisse des Hautes Laurentides, nous remémorant des événements chargés d’émotion tant pour moi que pour lui, même s’il est mon aimé de plus de vingt ans.  Notre conversation nous ramène souvent  au même questionnement. Pourquoi nos grands-parents ont-ils quitté une région des Basses Laurentides, St-Jérôme, déjà prospère à l’époque, pour venir coloniser une région sauvage,  dont la seule perspective assurée était celle de devoir travailler dix-huit heures par jour pour tirer de la terre un maigre revenu, suffisant à peine à nourrir la famille ? « Il faut conquérir le sol » disait le curé Antoine Labelle, sous-ministre de l’Agriculture à Québec à la fin du 19ième siècle.  Nul ne saura exactement comment l’illustre sous-ministre, à la recherche de familles nombreuses pour « ouvrir le Nord », s’y est pris pour convaincre mon arrière-grand-père Anthime Lalande et sa famille de vendre un commerce prospère à St-Jérôme et venir s’établir à Nominingue, participer à l’établissement d’une paroisse naissante, éloignée de tout, dans un difficile contexte de colonisation.

 

Émile Lalande naît le 23 août 1886. Lui et sa sœur Annette, sont les seuls à avoir vu le jour à Nominingue. Tous les autres enfants  sont nés à St-Jérôme. En 1910, mon oncle prend pour épouse  Adéline Adam, sœur de Caroline Adam, mariée à un autre fils d’Anthime, mon oncle Ernest. Issus de leur union, huit filles et trois garçons: Graziella, Lucienne, Annette, Jeanne-d'Arc, Thérèse, Françoise, Marthe, Rhéa, Roméo, Gabriel, Raymond.

 

 

Un père et de enfants nombreux, dont plusieurs encore jeunes, frappés par le deuil maternel

 

Un deuil cruel  vient assez tôt assombrir la vie de la famille de mon oncle Émile. Ma tante Adéline, que je n’ai pas connue, décède en 1934, un an avant ses noces d’argent. Elle était âgée de 39 ans. Son service funèbre est célébré dans la nouvelle église  construite en 1933.  Son service aura été l’un des premiers à être célébré dans ce nouveau lieu de culte remplaçant, dans sa noble fonction, la première église construite en 1892. Ce deuil perturbe gravement la qualité de la vie familiale. Il ne saurait en être autrement quand une mère meurt en  laissant dans le deuil un époux aimant et responsable et onze enfants, dont plusieurs en bas âge.

 

Savoir réagir,  réorganiser la famille et pourvoir à ses besoins

 

Il faut alors réagir courageusement, refouler sa peine et réorganiser le fonctionnement de la maisonnée. Mon oncle Émile  s’y emploie avec succès et se consacre avec une vigueur remarquable à donner à ses enfants le maximum, tant sur le plan de la vie familiale que sur ceux des besoins matériels et éducationnels. C’est ainsi que Graziella, l’aînée, prend en charge l’éducation des plus jeunes, que Lucienne s’occupe de l’intérieur de la maison et Roméo, de l’extérieur. Plus tard, plusieurs enfants iront étudier dans de bonnes écoles, à Montréal ou ailleurs.

 

Peu après le décès de son épouse, et une fois le bon fonctionnement de la maison assuré, mon oncle Émile, qui occupe déjà la demeure de son père (Anthime), décédé en 1913, prend en charge le magasin général contigu à sa résidence. L’un et l’autre sont reliés par un passage extérieur. Ils le demeureront jusqu’à la fin des années 1930, période à laquelle mon oncle  Alfred, frère d’Émile, se porte acquéreur du magasin.

 

Déjà, dans ces années-là, les enfants de mon oncle Émile  commencent à quitter la maison familiale pour aller étudier loin de Nominingue. Pour oncle Émile et ses frères, eux qui avaient travaillé dur pendant de longues années sur la ferme ou dans des commerces précaires sans pouvoir se faire instruire comme ils l’auraient souhaité, l’éducation des enfants est une priorité. Ils se sont souvent privés pour  leur assurer la meilleure éducation possible. 

 

L’aînée des enfants, Graziella, avec le sens du devoir qu’on lui a toujours reconnu, accomplit les tâches inhérentes à son rôle d’éducatrice familiale, comme si elle était la nouvelle maman de ses jeunes frères et sœurs. Elle veille à leur éducation jour après jour, tantôt avec fermeté, tantôt avec bonhomie, mais toujours avec amour  et responsabilité.  Cela n’est pas facile. Remplir le rôle de la mère quand on est la sœur de ceux et celles qui doivent obéir, à de quoi amplifier sérieusement la lourdeur d’une tâche déjà complexe. Mon oncle Émile, qui lui avait en quelque sorte délégué une forme d’autorité parentale, l’appuie de son mieux. Mais il s’absente souvent. Il a tant à faire pour pourvoir aux besoins matériels de la famille et de sa paroisse.

  

Pour Graziella, la carrière sera religieuse et littéraire

 

Vers la fin des années 1930, Graziella devient chroniqueuse au quotidien Le Devoir dans les domaines touchant la colonisation et la vie rurale. Elle signe ses articles du nom de Claire Saguay.

 

Et, les années passent. Les enfants vieillissent. Ils ne requièrent plus autant d’attention et de soins.  En 1940, Graziella décide d’embrasser la vie religieuse chez les Sœurs de Ste-Croix, à St-Laurent, près de Montréal. Compte tenu de son âge et de sa maturité, elle franchit très rapidement, de façon exceptionnelle,  les étapes du postulat et du noviciat pour devenir une religieuse à part entière en quelques mois. La communauté ne met pas beaucoup de temps à repérer ses qualités d’administratrice et d’organisatrice. Le rôle qu’elle avait joué au sein de sa famille y est très certainement pour beaucoup. Sœur St-Tharcisius, de son nom de religion, se voit confier rapidement la direction d’écoles à Sainte-Famille d’Aumont, puis plus tard à Gatineau.  Elle se fait aussi  remarquer par la qualité de sa plume. Le prestigieux quotidien Le Devoir lui avait d’ailleurs fourni l’occasion de développer ce talent pendant quelques années. À sa retraite, au début des années 1980, elle devient la rédactrice attitrée de l’histoire des Sœurs de Sainte-Croix au Québec. Octogénaire avancée, elle vit aujourd’hui à la maison-mère de la communauté, à St-Laurent. Elle écrit toujours.

 

 Mon oncle Émile devient maire de Nominingue et dote le village de systèmes d’aqueduc et de distribution d’électricité encore fonctionnels aujourd’hui.

 

Au début des années 1930, mon oncle Émile devient maire de Nominingue. Son mandat ne sera pas très long. Un seul terme électoral, mais combien déterminant pour le progrès du village.  Quatre ans à la tête de la municipalité lui auront suffi pour mener à bien les démarches préparatoires et la construction d’un système d’aqueduc efficace, d’ailleurs encore en usage aujourd’hui. Au cours du même mandat, des démarches semblables sont entreprises auprès de la Gatineau Power en vue de l’électrification du village. Là aussi, le succès est complet. 

 

Mon oncle était venu en politique municipale avec le désir de réaliser ces deux objectifs. Il a réussi. Quant on réfléchit à tout ce que signifie pour un village de colonisation l’arrivée de l’eau courante et de l’électricité, on ne peut que saluer très respectueusement le réalisateur de telles infrastructures.

 

Mon oncle Émile se remarie et la vie s’écoule sans problème...

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Deux ans après le départ de Graziella, mon oncle Émile de plus en plus seul en raison du départ des enfants, se remarie. Il prend pour seconde épouse, Marguerite Leduc. Nous sommes en octobre1942. Marguerite Leduc, que nous les jeunes Lalande de cette époque appelions « tante Margot », était la sœur d’un ancien député à l’Assemblée législative du Québec (aujourd’hui, l’Assemblée nationale), monsieur François Leduc. Ma tante  Margot, avec sa voix forte et déterminée,  projetant la plus totale assurance, nous est toujours apparue fondamentalement humaine et sympathique. Que de bons moments j’ai passé avec cette femme de grand cœur, lorsqu’elle venait rendre visite à ma cousine Fernande à Nominingue, dans le milieu des années cinquante. Mon oncle Émile et ma tante Margot vivront heureux pendant de nombreuses années. Elle parle fort et assez abondamment. Lui, doucement et de façon réservée. Un parfait complément quoi ! Ils quittent Nominingue peu après leur mariage pour aller demeurer à Montréal.

 

...mais la maladie liée à l’âge arrive...

 

Peu de temps après son arrivée à Montréal, mon oncle obtient un emploi au Bureau d’enregistrement des véhicules automobiles non loin de sa demeure, rue Guizot. Il retourne au travail en dépit du diabète qui le mine depuis plusieurs années. Les années passent, les activités ralentissent et l’âge de la retraite arrive. Mais mon oncle continu de s’occuper de sa maison de Nominingue.  Je me rappelle très bien avoir travailler avec lui, au cours de l’été 1959, à en restaurer l’intérieur. Son calme et sa douceur m’impressionnent.

 

Au cours des dernières années de sa vie, l’aggravation de sa maladie, qui déjà affecte sa vue, le force à accepter l’amputation d’une jambe. Nous sommes au début des années 1960. Quelque temps après cette opération, j’ai eu l’occasion de le rencontrer à sa demeure de la rue Guizot, à Montréal. Il m’apparaît serein. Il voit venir la mort avec résignation, s’inquiétant cependant de la possibilité de ne pouvoir revoir tous ses enfants avant de mourir.  Déjà quelques-uns avaient quitté le Québec pour suivre leur mari ou simplement pour entreprendre une carrière à l’étranger. La maladie poursuit son oeuvre et mon oncle devient aveugle. S’il ne peut plus voir ses enfants, il peut les entendre. Cela suffit à lui donner l’envie de vivre encore. « Je peux encore entendre votre voix » répétait-il  à celui ou à celle qui le questionnait sur le sens de sa vie dans le noir. Quelques années passent ainsi, puis il décède le 27 décembre 1964. Ma tante Margot lui survivra plus d’une dizaine d’années.

 

La carrière de Roméo dans la haute fonction publique

 

Roméo, un des fils de mon oncle Émile, a fait sa marque dans la haute fonction publique québécoise. Sur l’invitation d’un prêtre du diocèse de St-Jean sur le Richelieu, il entreprend ses études supérieures au séminaire de l’endroit, à partir de 1929. Il aura sans doute été remarqué pour sa vivacité d’esprit et ses dispositions intellectuelles. En 1936, il devient le secrétaire du député du comté de Labelle et ministre de la Santé, le Dr Albiny Paquette. Peu de temps auparavant, Roméo avait fait la connaissance de Édouard Montpetit de l’Université de Montréal et de Henri Bourassa du Devoir. 

 

Après la défaite de l’Union nationale en 1939, n’étant plus secrétaire ministériel, Roméo, vit au moins un an dans l’attente d’un emploi convenant à ses capacités. De plus sa santé est chancelante à ce moment-là. Il en profite donc pour guérir et reprendre des forces. C’est le gouvernement fédéral qui lui propose un emploi en 1941. Il lui offre de prendre sous sa responsabilité un groupe de personnes chargé de la réhabilitation de soldats blessés et handicapés, revenus de guerre. Roméo accepte. Il occupe le poste jusqu’en 1944, année où l’Union nationale reprend le pouvoir à Québec.  Il retourne alors au service du Dr Paquette, poursuivre le travail entrepris en 1936.  En 1951, il devient sous-ministre adjoint au ministère de la Colonisation et plus tard, en 1955, sous-ministre en titre du même ministère. L’année suivante, tout Nominingue le fête lors d’une réception organisée en son honneur au couvent des sœurs de Ste-Croix. 

 

En 1960, Roméo vit la fusion des ministères de la Colonisation et de l’Agriculture et est nommé sous-ministre associé du nouveau ministère, désormais désigné uniquement sous le nom de ministère de l’Agriculture. Il conserve ce poste jusqu’en 1966. De cette date, jusqu’en 1972, (année de sa retraite de la fonction publique), il  assume la charge de sous-ministre en titre. 

 

Mais, sa vie active ne se termine pas avec sa retraite du gouvernement du Québec. Loin de là.  En 1973 et jusqu’en 1985, il dirige les destinées de l’Association meunière du Québec, dans le domaine de la préparation des nourritures animales. Il allie à sa nouvelle fonction celle de rédacteur en chef du journal « Le Meunier ».

 

Maintenant (2003), âgé de 87 ans, Roméo habite toujours Québec (Sillery) et, en bonne santé, vigoureux, il demeure seul dans la maison qui a vu naître ses enfants. Son épouse est décédée subitement en 1991. Roméo continue de  voir et de  recevoir régulièrement ses enfants, particulièrement au temps des fêtes et à Paques, ces temps forts des grandes réunions familiales... ou encore à l’occasion d’une bonne partie de pêche !

 

Les autres membres de la famille : réussites mais aussi morts précoces dont une, tragique

 

Un autre fils de mon oncle Émile, Gabriel, a connu une carrière intéressante dans le domaine des communications. Elle s’annonçait brillante. Mais, elle devait prendre fin de façon brutale et dramatique en juin 1970. Un accident de voiture qui ne pardonne pas.  Il était vice-président de Young & Rubicom, une firme de premier plan dans le secteur de la publicité et des communications.  « Gaby » n’avait pas encore atteint la cinquantaine.

 

Un autre fils de mon oncle Émile, Raymond, devait mourir en 1962, à l’âge de 34 ans, des suites d’une péricardite, héritage d’une importante fièvre remontant à son enfance. Je me rappelle avoir rencontrer Raymond à Nominingue, un été, après la grande messe dominicale, alors qu’il devait avoir environ 29 ans. Déjà cette maladie cardiaque difficilement traitable le minait jour après jour. Elle se manifestait jusque dans son apparence physique. Le teint pâle, les traits légèrement tirés et surtout ses cheveux déjà tout blancs, nous révélaient le véritable état de sa santé. Même s’il se savait condamné,  le calme et la sérénité pouvaient se lire sur sa figure...

 

Parmi les autres enfants décédés, il faut mentionner Annette (1936). Elle avait 19 ans quand elle fut emportée par une septicémie. Puis, Jeanne d’Arc en1970 et Lucienne en 2002. Elles étaient  respectivement âgées de 55 et de 89 ans

 

Outre Graziella et Roméo, les autres enfants de mon oncle Émile encore vivants sont : Thérèse, mariée à un médecin, réside à Ottawa ; Françoise, aussi mariée à un médecin, demeure au Costa Rica et Marthe, épouse d’un publiciste, vit à Montréal.  Rhéa, veuve, demeure toujours à Buffalo (USA).

 

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Mon oncle Ernest et sa famille

(Texte par Claude Lalande en collaboration avec Béatrice Lalande)

 

De tous mes grands oncles, mon oncle Ernest est sans aucun doute celui que j’ai le mieux connu et le plus apprécié et pour qui j’ai toujours eu une forme de respect presque filial.  Ses nombreuses années passées à la direction de la chorale paroissiale de Nominingue, un temps une des plus réputées du diocèse de Mont-Laurier, lui avaient permis de se faire connaître et apprécier de tous, tant par sa compétence musicale que par sa bienveillance assimilable à celle d’un père sachant démontrer calmement son savoir-faire et distribuer discrètement, conseils, encouragements, sourires compréhensifs…

 

Mon oncle Ernest ne restera pas dans ma mémoire que pour la seule raison d’avoir guidé mes premier solos à l’église paroissiale alors que je n’avais que seize ans. Il y a eu beaucoup plus...

 

Je me rappelle…

 

Je me rappelle mon oncle Ernest prenant place au podium du directeur de la chorale à la tribune de l’orgue, en ce moment solennel du début de la messe de minuit, juste avant que les premiers accords graves et puissants du « Minuit, Chrétiens » ne retentissent dans toute l’église pleine à craquer. Et, de sa voix de ténor, encore riche malgré ses 70 ans, entonner le célèbre air d’Adolphe Adam.

 

Je me rappelle très bien ces jours de l’an où, après la grand’messe, à peu près tous les membres de la chorale et plusieurs paroissiens se réunissaient chez lui pour les souhaits de bonne et heureuse année. Sa parenté y était : celles d’ici, de Montréal ou d’ailleurs,  mon père, mes frères... Et ensemble, au milieu des éclats de voix, des rires, de chants de Noël et du Jour de l’An, nous levions nos verres à l’arrivée de la nouvelle année que nous nous souhaitions bonne et heureuse et parfois … sainte.  Mon oncle Ernest devait sans doute être conscient de l’importance du rôle qu’il remplissait en ce premier jour de l’année à titre de patriarche de Nominingue, du plus âgé des Lalande de la paroisse encore vivant et de fils d’un des plus illustres fondateurs de Nominingue et premier maire, Anthime Lalande. Il fallait le voir marchant lentement et fièrement  au milieu de ces dizaines de personnes, souriant et parlant à chacune comme si elles avaient été des ami(e)s de longue date. Ces après grand-messe du jour de l’an resteront gravés dans ma mémoire comme un des plus beaux souvenirs familiaux de mon adolescence et de jeune adulte.

 

Je me rappelle mon oncle Ernest, aidé de sa canne rustique et solide, taillée dans la branche d’un arbre, marchant lentement sur le chemin du grand lac Nominingue pour se rendre à ses chalets locatifs,  voir à leur entretien et s’assurer qu’aucun locataire ne manque de quoi que ce soit. « Une bonne marche de santé » me disait-il un jour, en refusant de monter dans la voiture que je conduisais. Au début des années 1930, mon oncle Ernest était devenu propriétaire de quelques chalets sur le bord du grand lac Nominingue, non loin de la première demeure de son père Anthime. Cette première maison existe toujours et est, aujourd’hui, habitée par son petit-fils François après l’avoir été par son fils Carolus pendant des nombreuses années. Anthime et Carolus y ont élevé leur famille.    

 

Je me rappelle mon oncle Ernest en ce dimanche précédant le décès de son fils Carolus, où après avoir dirigé la chorale durant toute la messe sans émotions apparentes, assumant pleinement sa charge de maître de chapelle, il s’est agenouillé à la rampe de la tribune de l’orgue pour, dans un murmure suppliant, demander à Dieu d’épargner la vie de son fils, père de jeunes enfants, et de prendre la sienne en retour … un murmure qui n’a pu échapper à mon oreille alors que je passais près de lui.

 

Je me rappelle mon oncle Ernest quand, sur le chemin de l’école primaire, je l’observais se rendre au petit poulailler à l’arrière de la maison pour servir le repas du matin à ses poules. Parfois son regard croisait le mien. Alors il souriait et doucement m’adressait ce bonjour que seul un grand-père sait offrir à ses petits enfants

Je me rappelle mon oncle Ernest gravissant chaque matin l’escalier qui mène à l’église pour aller chanter la messe  de 7 heures, alors que moi-même je m’y rendais pour la servir. Quelques années plus tard, parfois malade ou absent,  il m’a demandé de la remplacer à la tribune du chantre.

 

Je me rappelle mon oncle Ernest (et son épouse, ma tante Caroline), maître de poste, distribuant, à la fois joyeusement et professionnellement, le courrier aux gens de la place qu’il connaissait tous par leur prénom. À l’époque, le bureau de poste occupait une partie de la demeure familiale. Mon oncle fut maître de poste du début des années 1930 jusqu’en 1958. Près de trente ans !

 

Je me rappelle mon oncle Ernest assis sur le balcon de son logement de Montréal-Nord où il vécu à la fin de sa vie. Un jour que je passais devant sa demeure avec mon cousin Pierre, il nous reconnut et nous salua, la main tendue, presque suppliante, laissant paraître son désir profond  de nous voir s’arrêter pour lui rendre visite. Mon oncle a souffert de solitude malgré la visite fréquente de ses enfants. Déraciné par la maladie du coin de pays où il avait passé toute sa vie, il parvenait difficilement à s’adapter à son nouvel environnement. Il se sentait seul dans cette foule montréalaise qu’il ne connaissait pas. Que je regrette de ne pas être monté chez lui ce jour-là, même si j’étais pressé de me rendre à je ne sais quel rendez-vous. Je m’étais alors promis d’y aller à la première occasion. Hélas ! l’occasion n’est pas venue, et son regard suppliant de ce jour-là devait être le dernier qu’il m’adressa. Il restera gravé dans ma mémoire longtemps.  Mon oncle devait mourir assez peu de temps après.  Il y a parfois de ces occasions perdues…

 

 

Ernest Lalande : naissance, jeunes années, mariage 

Mon oncle Ernest est né en 1885 à Saint-Jérôme et est arrivé à Nominingue à l’âge de 9 mois seulement. Son père Anthime, suite à l’engagement qu’il avait pris envers le curé Antoine Labelle de Ste-Adèle, devait venir s’installer à Nominingue et ouvrir un magasin général. Sa mère, Henriette Wilson, dont le père se nommait Alexandre, était issue de la famille Glaubeskind vel Globensky de Saint-Eustache (voir chapitre 3).

 

Mon oncle a toujours eu de l’intérêt pour la musique. Dès l’âge de neuf ans, il entreprit d’apprendre le chant grégorien très populaire à l’époque. En effet, c’est à la fin du dix-neuvième siècle que la musique grégorienne prit sa forme actuelle après avoir été réécrite et popularisée par les moines de Solesmes (France), à la demande du pape. Auparavant on parlait surtout de plain-chant. Ses études en grégorien chez les Sœurs de Sainte-Croix à Nominingue  devait préparer mon oncle Ernest à remplir efficacement la fonction de maître de chapelle dès l’âge de vingt ans. Un poste qu’il occupera pendant plus de cinquante-cinq ans.

 

Mon oncle s’est marié le 13 septembre 1910 à Caroline Adam de Paquetteville – St.-Venant, dans les Cantons de l’Est, quelques semaines seulement après son frère Émile qui lui, devait unir son destin à Adeline Adam, la sœur de Caroline, le 16 mai de la même année. Ma tante Caroline était arrivée à Nominingue à l’âge de 14 ans Elle décéda au début des années 1970 à l’âge de 83 ans. Mon oncle Ernest l’avait précédée en 1966. Il avait 81 ans.

 

 

Les enfants de mon oncle Ernest

 

Du mariage de mon oncle Ernest avec Caroline Adam, devait naître huit enfants : cinq garçons et trois filles dont deux sont encore vivants : Béatrice (nées en 1928) et Laurent (1929).

 

Béatrice vit actuellement à Sherbrooke, mais passe ses étés sur les bords du lac Nominingue, dans un des chalets ayant appartenu à son père. Béatrice est infirmière et travaille encore comme bénévole dans un hôpital de Sherbrooke spécialisé en soins palliatifs. Après avoir fait ses études d’infirmière et travaillé quelque temps dans la région de Montréal, elle se maria à Jacques Boisvert en 1954 pour, quelques années plus tard, en 1957, déménager avec son époux à Sherbrooke et entreprendre une carrière de 23 ans dans la recherche sur les soins de longue durée. Béatrice prit sa retraite en 1962. Elle est la mère de quatre enfants. Tous travaillent dans le domaine de la santé : deux filles et un garçon comme infirmiers et  l’autre garçon, comme pharmacien.

 

Laurent demeure actuellement à Sainte-Marguerite du Lac Masson. Il s’est marié en 1953 à Jacqueline Walker et est le père de trois enfants. Il a fait sa marque dans le domaine du meuble, plus particulièrement le rembourrage, allant même jusqu’à posséder sa propre entreprise. Malheureusement, la manufacture fut la proie des flammes et Laurent choisit de poursuivre sa carrière en travaillant pour une entreprise spécialisée dans la réparation après sinistre de meubles rembourrés. Il est à sa retraite depuis quelques années et vient passer ses étés au grand Lac Nominingue,  non loin de sa sœur Béatrice.  

 

 

Les autres enfants de mon oncle Ernest, maintenant décédés, sont comme suit :

 

Carolus   (1911 – 1959)

Jean   (1912 - début des années 1970)

Gaston  (1915 - début des années 1970)

Estelle  (1917 - 1991)

Côme  (1921 - début des années1990)

Denise    (1925 - 2002)

                                              

 

Carolus, le plus âgé, fut le premier à nous quitter. Au moment de son décès, il habitait la maison paternelle construite par son grand-père au début du vingtième siècle. En plus de vivre des revenus de la terre, il travaillait régulièrement pour les touristes des environs qui désiraient faire entretenir ou améliorer leur propriété. Père de nombreux enfants, je me souviens de mon cousin Carolus pour son attitude de personne très responsable et toujours prêt à rendre service. Il était un bourreau de travail.

 

J’ouvre ici une parenthèse pour dire que j’ai très bien connu deux fils de Carolus : Gérard et Clément. Le premier pour avoir été à l‘école avec lui en 1956 et 1957 à l’École supérieure de Nominingue, que nous appelions fièrement « l’université » situé au sommet de l’étroit passage que nous désignions sous le nom de « Démosthène » (la jeunesse autorise bien quelques excès !), et le second pour avoir habité avec lui à Montréal au moment de ses études universitaires.

 

Une dizaine d’années après Carolus, ce fut au tour de Jean  et de Gaston de partir pour le grand voyage, à peine six mois  l’un après l’autre. Le premier était un homme d’affaires jovial et bon vivant et le second, Gaston, un militaire qui avait connu une carrière remarquable dans l’armée canadienne en parvenant au grade de capitaine. Il avait participé au débarquement de Normandie et  servi principalement à Caen (France). 

 

Puis vint le tour d’Estelle en 1990. Elle avait été enseignante à Loranger, près du village de Nominingue, au début de sa carrière et plus tard à Montréal. Côme, lui aussi militaire, décéda peu avant Denise (2002), laquelle connut une carrière intéressante dans l’enseignement. Quelques années avant sa mort, elle occupait le poste de commissaire à la Commission scolaire de Montréal.

 

 

Ernest Lalande : un homme modeste mais impliqué 

On le constate assez facilement, mon grand oncle Ernest a jouer un rôle actif dans l’organisation et le fonctionnement de la vie paroissiale de Nominingue. D’abord à titre de directeur de la chorale et maître- chantre, puis de maître des postes. Deux fonctions de premier plan pour un jeune village né à la fin du dix-neuvième siècle ; fonctions qu’il devait occuper pendant plusieurs décennies. Il l’a fait de façon tout aussi modeste que responsable et efficace.   

 

Je me rappelle mon oncle Ernest exposé à l’Hôtel de ville de ce Nominingue qu’il a tant aimé. Ce jour-là, alors que je jetais un dernier regard à ce grand oncle que je n’ai jamais cessé de respecter et d’aimer, je n’ai pu faire autrement que de penser qu’il avait droit à cet important lieu de la vie de Nominingue pour recevoir les derniers hommages de ses concitoyens. De plus n’y avait-il pas siégé à titre de conseiller du canton Loranger durant les année 1930, alors que son frère Arthur en était le maire. Son rôle actif au sein de la communauté le rendait aussi éligible au parquet de l’Hôtel de ville pour accueillir ceux et celles  qu’il avait si bien servi durant sa vie, dont plusieurs avait probablement été reçu chez lui lors de ces après grand’messe du jour de l’an. Et puis, n’était-il pas le dernier fils vivant à Nominingue de celui qui avait présidé à la construction de l’Hôtel de ville, au début du vingtième siècle (1908), Anthime, premier maire de la paroisse.

 

Avec le décès de mon oncle Ernest, une page importante de l’histoire de Nominingue se tournait…

 

 

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