Socio
 
 
 
 
 
 
 
   Maupassant est-il un réaliste?? … copyrighted…
Un récit doit contenir un certain nombre de caractéristiques afin de pouvoir être qualifié de réaliste. Les nouvelles de Guy de Maupassant comportent bon nombre de ces particularités dont quelques-unes plutôt thématiques, stylistiques, structurales et documentaires.

Les nouvelles de Maupassant rejoignent les caractéristiques thématiques du mouvement réaliste, la première étant l’influence du milieu où évoluent les personnages. Dans L’Aveu, Céleste, une jeune paysanne, est enceinte. Seulement, si elle avait eu ses dix sous pour payer le cocher, donc si elle avait été plus riche, il n’y aurait jamais eu de « rigolade, fille et garçon » et la mésaventure racontée dans la nouvelle, ce reproche de la part de sa mère n’aurait jamais eu lieu. Ainsi, c’est son statut de paysanne, de sans-le-sou qui a influencé son destin, comme pour la plupart des personnages d’œuvres réalistes. Le quotidien est aussi un aspect thématique utilisé par Maupassant, le liant au réalisme. Dans la nouvelle utilisée plus tôt, il y en a un exemple : « Elles vont traire les vaches. Elles arrivent, posent à terre un sceau, et s’approchent des deux premières bêtes, qu’elles font lever d’un coup de sabot dans les côtes. » Lors de l’écriture de ce récit, soit vers 1884, il était courant qu’une famille de campagne possède des animaux de ferme, dont des vaches que l’on doit traire tous les matins. La scène décrite était donc banale pour les lecteurs de l’époque, faisait partie de leur vie quotidienne. De plus, Maupassant illustre la lutte des classes, notamment des bourgeois moins fortunés enviant les mieux nantis qu’eux. La Parure en est un exemple parfait :

Elle souffrait de la pauvreté de son logement, de la misère des murs, de l’usure des sièges, de la laideur des étoffes. (…) Elle songeait aux grands salons vêtus de soie ancienne, aux meubles anciens portant des bibelots inestimables, et aux petits salons coquets, parfumés, faits pour la causerie de cinq heures avec les amis les plus intimes, les hommes connus et recherchés dont toutes les femmes envient et désirent l’attention.

La femme dont Maupassant parle ci-dessus est en effet jalouse des bourgeois de meilleur rang et ferait des pieds et des mains afin d’être à leur place. On note souvent ce type de situation dans les œuvres réalistes, comme dans La Cousine Bette de Balzac, par exemple, où la vieille fille jalouse devient même malhonnête pour se rapprocher de la couche sociale au-dessus de la sienne.

Les œuvres réalistes possèdent aussi des caractéristiques stylistiques qu’on retrouve dans les récits de Maupassant, notamment la description détaillée qu’on utilise pour exposer les traits d’une femme, les lieux et même les atmosphères. Le Père offre un portrait d’une fille assez précis pour s’en faire une image : « C’était une petite brunette, de ces brunes dont les yeux sont si noirs qu’ils ont l’air de taches, et dont le teint a des reflets d’ivoire. » On y décrit aussi une atmosphère avec détails : « L’air tiède amollissait la chair et l’âme. Le soleil tombant en plein sur le fleuve, sur les feuilles t les gazons, jetait mille reflets de gaîté dans les corps et les esprits. » La ferme où est gardé le cheval Coco est décrite avec un détail semblable :

La cour, immense, entourée de cinq rangs d’arbres magnifiques pour abriter contre le vent violent de la plaine les pommiers trapus et délicats, enfermait de longs bâtiments couverts en tuiles pour conserver les fourrages et les grains, de belles étables bâties en silex, des écuries pour trente chevaux, et une maison d’habitation en briques rouges, qui ressemblait à un petit château.

L’objectivité étant de mise chez les réalistes, l’auteur utilise, comme dans la coutume du mouvement littéraire, un narrateur objectif et neutre, extérieur à l’histoire, comme dans Un Lâche : « Or, un soir, comme il avait accompagné au théâtre deux jeunes femmes de ces amies, escortées d’ailleurs de leurs époux, il leur offrit, après le spectacle, de prendre une glace chez Tortoni. Ils étaient entrés depuis quelques minutes, quand il s’aperçut qu’un monsieur assis à une table voisine regardait avec obstination une de ses voisines. » L’utilisation de dialogue indirect libre, employé souvent dans les récits réalistes, peut aussi être notée dans cette même nouvelle : « Il lui fallait, dès le matin, trouver des témoins. Qui choisirait-il? »

La structure des textes met aussi en évidence le côté réaliste de Maupassant. En effet, au lieu d’utiliser la montée dramatique, comme dans les courants littéraires précédents, les réalistes emploient la structure en tableaux, qui ressemble plus à la vie de tous les jours. Par exemple, si l’on analyse le schéma séquentiel de la nouvelle La Confession , on voit bien que le déroulement s’étale comme un album de photos, les actions succédant à d’autres, sans véritable suspense, décrites en deux séquences enchâssées – un « flash back ».

Les auteurs réalistes, comme Maupassant, sont réputés pour avoir un grand souci de vérité au point où leurs ouvrages peuvent être considérés comme des documentaires sur l’époque où ils les ont écrits. Voulant faire le plus vrai possible, ils utilisent dans leur textes des lieux réels, par exemple Tortoni , nommé dans Un Lâche. Ce café a vraiment existé, comme en témoigne les notices de cette nouvelle qui en donnent même l’adresse. On se réfère aussi à de vrais événements, par exemple la guerre de Prusse, pendant laquelle se déroule Tombouctou .

Après avoir retrouvé les huit caractéristiques thématiques, stylistiques, structurales et documentaires du réalisme dans les nouvelles de Maupassant, il est évident que celui-ci fait parti de ce mouvement. Reste à savoir si ces caractéristiques se retrouvent dans ces trois cents nouvelles et contes et ses six romans aussi.

 
 
   AUTRES RUBRIQUES PERTINENTES
À venir!
 
   
   
     
     
   
 
Pas de
nouveautés dernièrement! Désolée!
 
     
     
   
   
     
     
design : easycreation.com
Hosted by www.Geocities.ws

1