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Chers internautes,
Cela fait déjà quelques mois que le site Vulgairement vôtre a été
lancé et je dois dire que le constat personnel que j'en fais est
plutôt découragent. En effet, à en juger par l'affluence sur le
site, je sens qu'une certaine ferveur populaire tend à s'installer
et j'avoue que ça me fout les boules. Malgré tous mes efforts pour
vous convaincre de ne pas encourager la bêtise humaine dans tout ce
qu'elle a de plus dégradante, vous semblez vouloir vous y accrocher
comme on le ferait envers une forme de culte qui nous a abrutis au
point de ne plus penser aux gestes que l'on pose ou pire encore
comme un poisson qui ne peut résister à mordre l'hameçon qui
constitue pourtant son pilori.
Depuis la mise en place de ce site, il y a quelques mois, pour
lequel je tiens à le répéter, j'ai été forcé d'être l’éditrice, plus
de 15 000 visites ont été enregistrées. Cela me paraît largement
démesuré dans la mesure où ce qui y est offert ne mérite
certainement pas autant d'attention. Pendant ces quelques mois, j'ai
dû moi-même lire et relire, parfois avec dégoût et horreur,
certaines créations de ces deux demi-démons, les frères Duguay.
Évidemment, je n'ai rien approuvé, à part quelques nouvelles
inédites qui étaient à la limite du tolérable et pour lesquelles je
sentais que l'on avait un devoir de diffusion et ce, à des fins de
transparence. Ces vains efforts n'auront servit qu'à ralentir le
processus, car je retrouvais toujours les textes rejetés en ligne,
quelques jours plus tard, souvent sous une forme révisée encore pire
que l'originale.
Je me souviens, avec douleur, de ce mercredi 12 janvier 2003, au
retour du congé du Nouvel An, cette inoubliable réunion de
production qui a tourné au vinaigre. Nous devions faire le point sur
les premiers mois de vie de Vulgairement vôtre et statuer pour
l'avenir. Vous vous doutez bien que je m'étais préparé un dossier en
béton pour flouer ce navire diabolique ! J'avais tout prévu et je
m'attendais à sortir de cette réunion avec une confirmation de la
fermeture définitive du site. À cette réunion participait, en plus
de moi-même et des deux frères Duguay, le chef de production, Jason
Guérin, et, finalement, le PDG de ARK Distribution, producteur de
Vulgairement vôtre, monsieur Arnou St-Amour. J'étais confiante que
des hommes d'affaires intelligents et sensés de la trempe de
messieurs Guérin et St-Amour se rendraient vite à l'évidence de la
grossière erreur qui avait été commise quant au choix de publier ce
site. J'étais confiante que lorsque je leur aurais lu certains
passages du site, publiés à une échelle mondiale, ils voudraient
mettre fin à cette hécatombe ambulante pouvant mettre en péril
l'entièreté de leurs actifs. C'était sans compter sur certains
éléments imprévisibles qui m'ont fait dressé les cheveux sur la tête
(une permanente de 75$ foutue à l'eau).
C'est avec plus de 38 minutes de retard que les frères Duguay ont
pénétré dans la salle de réunion, où j'avais déjà entamé mon travail
de destruction, en ce fameux 12 janvier. Le retard était
répréhensible, oui, mais certainement pas plus que l'allure des deux
hommes. C'est déguisé en père Noël et en fée des glaces qu'ils
firent leur entrée plutôt remarquée. Ils devaient sans doute se
relever d'un party bien arrosé, puisque rapidement la salle s'emplit
d'un parfum de houblon fermenté en un temps record. Roland, à moins
que ce ne fut Armand, je ne les distingue pas encore très bien, a
même eu le culot de s'asseoir sur les genoux du chef de production
en émettant un rot tonitruant et odorant. J'étais tout simplement
choqué, mais à bien y réfléchir ce nouveau geste dépravé allait
servir ma cause. Enfin, je le croyais… Après que les frères eurent
terminé leur spectacle de soûlons, ils s'endormirent sur la table et
commencèrent à ronfler comme des bisons. C'est à ce moment que je
contre-attaquais. Je sortis plusieurs passages dont j'avais
catégoriquement refusé la publication mais que les frères Duguay
avaient tout de même fait paraître sur le site dont celui-ci, un
extrait d'un décompte VV, qui à mon sens, était le clou dans le
cercueil :
"A compris qu'il était finalement allé trop loin le jour où il a
réussi à s'insérer la tasse de café de son patron dans le cul afin
de faire rire ses collègues de bureau."
Il s'agissait d'un affront à peine voilé au patronat, aux détenant
du pouvoir, à l'autorité suprême elle-même. Je n'obtenus pourtant
pas la réaction espérée. Je dois même avouer que monsieur Guérin et
St-Amour éclatèrent en cœur d'un rire gras et généreux qui me gela
sur place. Ils s'égosillaient devant moi, qui restait bouche bée de
les voir agir ainsi : «Mais, monsieur St-Amour, pourquoi réagir
ainsi devant un tel affront ? J'aurais plutôt cru à une colère noire
et à des gestes punitifs !», que je m'entends encore dire. C'est à
ce moment que le chat est sorti du sac. «Vous savez Édith, je me
souviens tellement bien de ce moment que je ne peux pas m'empêcher
de rire encore et encore. Jason était jeune au moment où il a posé
ce geste plutôt rigolo…», me dit-il sans broncher. Je ne pouvais y
croire, Cet événement disgracieux s'était bel et bien produit et,
par dessus tout, impliquait directement les deux personnes qui
payaient mon salaire. Les frères Duguay ne faisaient donc que
rapporter les faits. À ce jour, je n'ai plus jamais regardé Jason
Guérin dans les yeux : j'en étais tout simplement incapable.
La suite allait s'avérer pire encore. Je tentais d'expliquer, par
des chiffres précis, des tableaux croisés des plus démonstratifs et
des exemples vibrants toute l'importance négative de Vulgairement
vôtre inc. au sein du l'agglomérat d'affaire de monsieur St-Amour et
à cet instant, une deuxième anguille est sortie de sous la roche.
Arnou St-Amour me demanda pour quelle raison je m'acharnais à
vouloir faire retirer le site de l'Internet alors que ses deux
neveux jouissaient de son appui entier et absolu. À ce moment
précis, je me souviens d'avoir prit une pause de 30 secondes. Mon
visage devint pâle, mes mains froides et moites et ma tête se mit à
tourner. Je le fis répéter pour confirmer avec effroi ce que je
venais d'entendre. Les frères Duguay étaient les neveux de mon
propre patron, Arnou St-Amour. J'appris plus tard que Jason Guérin,
qui, semble-t-il, avait inspiré des centaines de mauvaises blagues
vulgaires des frères Duguay, était le mari de la sœur de monsieur
St-Amour.
Alors que j’étais démolie et sans défense, les frère Duguay se
réveillèrent entre deux convulsions d’alcoolique et mirent sur la
table deux nouveaux scripts, écrits au crayon de plomb et couchés
sur des vieux bouts de papiers souillés par la bave, l’alcool et
d’autres substances difficilement identifiables. La suite de La
Falluship de la Cockring : The Tomb Tower et un script sur
une histoire judiciaire titrée Le Procès de Robert Brochu, ce
dernier était sans doute un autre membre peu recommandable de cette
pitoyable famille. À ce moment, je m’en excuse auprès de vous cher
publique, j'avoue avoir eu un moment de faiblesse et je ne pu rien
dire pour empêcher le tout de se produire. Sachez que je compte bien
me racheter, tôt ou tard.
La vie est semée d'embûches et jamais je ne me découragerai. Je suis
ressortie de cette épreuve ébranlée, mais confirmée dans mes
convictions profondes. Je suis seule derrière mon bastion, mais
l'honneur, l'intégrité et la dignité m'obligent à me battre jusqu'au
bout.
Après ce retentissant échec et cette surprenante découverte, il ne
me reste plus que vous, très chers internautes, à qui je peux
m'accrocher. J'aimerais vous faire entendre raison avec plus de
succès que j'en ai eu avec les membres de l'exécutif. Loin de moi
l'idée de vous juger, mais j'aimerais simplement vous faire
comprendre le danger de s'accrocher à de telles immondices.
Saviez-vous qu'un homme, après avoir ingurgité une trop grosse dose
de ce qu’offre Vulgairement vôtre inc. s’est retrouvé dans un asile
psychiatrique dans l’aile des cas lourds et irrécupérables ? Le
pauvre n’en finissait plus d’hurler à tous qu’il était le seul et
l’unique porteur de la Cockring, cet engin maléfique, aux pouvoirs
étranges, dont on parle trop abondamment dans les pages de Lord of
the Cockring, un script tout aussi répugnant que futile.
Je vous invite donc à m’appuyer dans ma démarche et à boycotter ce
site pratiquement inqualifiable tellement il est perfide. Pour me
soumettre tout commentaire ou opinion n’hésitez surtout pas à
m’écrire.
Édith Lavertu
éditrice en chef
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