L' U L T I M E R A Z Z I A






2.

« PSY-OPS »










« Ici, mon cher Celse, avouons qu'il nous faut pardonner à ces Paphlagoniens et indigènes du pont, à ces gens épais et incultes, de s'être laissés tromper : ils touchaient du doigt le dragon !(Alexandre accordait cette permission à tous ceux qui voulaient). Ils voyaient, dans la pénombre, cette tête - la sienne, bien sûr ! - ouvrir et refermer sa gueule ! il eût vraiment fallut un Démocrite, voire Épicure lui-même ou Métrodore, enfin quelqu'un de ces hommes dont la raison d'acier résiste à ce genre d'étonnements, pour refuser de croire, pour soupçonner la réalité, et, sinon pour découvrir le secret, du moins pour rester persuadé, à priori, que si le secret de cette sorcellerie lui demeurait caché, tout cela n'était pourtant qu'un mensonge, et ne pouvait pas exister. »

Lucien de Samosate, Alexandre ou le faux prophète.



« Cette terreur panique et tous les faux bruits, qui en accompagnent l'expression profonde, sont utiles à l'union de nos citoyens, et à la perception de nos impôts. On ne se dispute pas, et l'on paie volontiers quand on a peur. »

Anacharsis Cloots, L'orateur du genre humain.







Les attentats du 11 septembre sont avant tout autre chose le plus important événement médiatique de l'histoire universelle. Sur ce terrain, il n'est rien qui puisse leur être comparé. L'écroulement du symbole de la puissance du « commerce mondial » est suivi en direct par des millions de téléspectateurs, avant d'être diffusé en boucle sur toutes les chaînes du monde pendant plus de deux mois. Comble de bonheur, le délai d'un quart d'heure qui s'écoule entre la première et la deuxième attaques permet le déploiement d'une armée de journalistes, dont les caméras braquées sur le World Trade Center enregistrent l'inoubliable séquence du Boeing 757 d'United Airlines se désintégrant en une boule de feu qui fauche la tour sud en son milieu. Mais mis à part ces extraordinaires effets pyrotechniques, le scénario cède à tous les clichés les plus éculés des grandes productions hollywoodiennes : la séquence où les héroïques pompiers de New York se sacrifient en masse pour sauver l'honneur de la Nation américaine est du plus mauvais goût patriotique ; le jeune premier qui joue le rôle de Président est vieux, lamentable et ridicule ; enfin, l'intrigue ne tient pas debout une seule seconde : comment l'un des kamikazes peut-il avoir décidé d'abandonner derrière lui des documents compromettant le chef du complot ? comment le passeport d'un autre peut-il, après avoir miraculeusement échappé à l'explosion, puis à l'incendie, être retrouvé intact au milieu des décombres de Ground Zero ? Heureusement, et comme souvent à Hollywood, l'affreux méchant sauve le film : dissimulé derrière sa barbe diabolique et son nez crochu, terré dans sa grotte avant de disparaître grâce à un réseau secret de souterrains, communiquant à mots couverts par le biais de mystérieuses cassettes vidéo, il incarne à merveille le sommet de la brutalité, de la lâcheté et de la perversion. C'est ainsi que depuis le 11 septembre 2001, les événements décisifs de la politique mondiale ont pris l'aspect de la propagande de masse fabriquée d'ordinaire dans les studios de Californie. Là où la propagande devient réalité, la réalité devient propagande, pour asservir les foules à des sentiments primaires et hystériques d'amour et de haine - et c'est alors que le monde entier devient spectateur du plus barbare de tous les snuff movies.


Les racines de cette situation plongent dans un passé déjà lointain : à l'offensive révolutionnaire qui déferle sur le monde après la grande boucherie de 1914-1918, et qui marque aussi l'effondrement d'un siècle de propagande nationaliste (non, les charniers boches ne puent pas plus que les charniers français !), la domination oppose une triple falsification du « socialisme » - le mensonge bolchevik de l'existence d'une « société socialiste » en Russie ; le délire fasciste d'un « socialisme national » purificateur ; et la mystification « social-démocrate » d'un changement graduel patiemment amené par l'action parlementaire et garanti par le suffrage universel -, soutenue par le développement gigantesque et ininterrompu de l'industrie cinématographique et de la TSF. L'effondrement du fascisme qui résulte de la deuxième guerre mondiale laisse aux prises le « monde libre » américanisé et la dictature « communiste », pour quarante années de « guerre froide » durant lesquelles le contrôle idéologique des populations devient un enjeu toujours plus essentiel des conflits extérieurs et intérieurs. Parallèlement, la télévision, synthèse technique de la radio et du cinéma, se généralise au point de coloniser graduellement la majeure partie du temps « libre » des populations, et devient ainsi le plus formidable instrument de propagande que l'on ait jamais vu. Dans cette guerre idéologique où les mensonges sont les premières armes, rien ne saurait être un plus efficace soutien au « bloc » occidental que cette vérité qui, inexorablement, ronge de l'intérieur le « bloc de l'est » et qui, par contraste, fait apparaître la domination d'Occident comme libérale et supportable : l'incroyable prétention d'un État policier à vouloir contraindre par la terreur ses citoyens-esclaves à penser qu'ils vivent dans le bonheur et la liberté. C'est cette même prétention totalitaire qui s'est aujourd'hui mondialisée ; et qui s'effondre déjà.


La complicité fondamentale des « deux blocs » dans la falsification éclate au grand jour quand le régime stalinien, à bout de forces, décide de se réformer en abandonnant enfin ses vieux oripeaux léninistes. Alors que les médias du « monde libre » font chœur à la Pravda dans l'éloge de la « restructuration » et de la nouvelle « transparence » de la bureaucratie stalinienne, l'explosion du réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl, en 1986, vient révéler ce qu'est vraiment la fameuse glasnost : l'unification mondiale du mensonge de masse sur la base de l'énormité bureaucratique (les autorités françaises par exemple, rivalisant alors de mauvaise foi criminelle avec les autorités dites encore « soviétiques ») - au profit désormais de nouveaux dirigeants « néo-libéraux » qui auront su abandonner les illusions idéologiques de l'époque qui s'achève. C'est seulement après l'établissement d'un tel mensonge unifié que les médias peuvent officiellement proclamer en 1989, à l'occasion de « la chute du Mur de Berlin », la réconciliation historique d'un monde jusque-là divisé. La bureaucratie roumaine convertie au « libéralisme économique » peut alors sacrifier son chef au cours de « la première révolution télévisée de l'histoire » qu'inaugure le célèbre « faux charnier de Timisoara » et que clôt le procès à grand spectacle et l'exécution du monstrueux dictateur et de son épouse démente. Plus tard encore, lors de la première guerre du Golfe, le monde entier communie d'une seule voix dans la dénonciation médiatique du « Nouvel Hitler » commandant à « la quatrième armée du monde », et c'est avec la même unanimité que le chiffre des victimes de cette guerre est partout dissimulé. Mais dans leur triomphe, les États-Unis et les autres « démocraties occidentales » se voient immédiatement confrontés à la dangereuse disparition de l'ennemi ontologique qui était jusque-là incarné par la Russie léniniste : « Je suis à court de démons, et à court de traîtres. Je dois me contenter de Castro et de Kim II Sung », peut déplorer le général Colin Powell peu après l'anéantissement de l'armée de Saddam [1]. C'est cette absence fondamentale qui prédomine pendant dix ans - le tyran Milosevic, à la tête d'une ex-Yougoslavie ravagée par la guerre civile, ne peut guère tenir le rôle que le peu de temps nécessaire à écraser la Serbie sous une pluie de bombes -, période au cours de laquelle s'opère un retour foudroyant de la contestation anticapitaliste internationale - jusqu'à ce que le même Colin Powell, entre-temps promu au rang de chef de la diplomatie américaine, voie ses vœux comblés.


Depuis le 11 septembre 2001, un spectre hante le monde : le spectre d'Oussama Ben Laden. Toutes les puissances du monde se sont unies en une Sainte-Alliance pour traquer ce spectre : Bush et Poutine, la police d'Indonésie et les généraux d'Algérie, les travaillistes britanniques et les barbouzes pakistanais... Quel est l'État qui n'a pas déclaré la « guerre au terrorisme » ? Quel est l'État paria qui, inversement, n'a pas été accusé d'aider ou de cacher les terroristes du réseau Al Qaeda ? Il en résulte un double enseignement : Oussama Ben Laden est reconnu comme l'ennemi médiatique commun de toutes les puissances du monde. Il est grand temps d'exposer son rôle et sa fonction, et d'en finir avec la fiction de ses incroyables aventures.


L'image de Ben Laden donne corps, en premier lieu, au mythe de l'unité de l'islam, pourtant démenti mille fois par les faits les plus têtus (que peut-il y avoir de commun, en effet, entre le Wahhabisme officiel saoudien et la mystique libertaire soufie, sans parler du Grand Schisme entre chi'ites et sunnites, ni des infinies divisions de l'islam confrérique africain ?). Il n'est donc pas surprenant que tant de jeunes musulmans fantasment sur Ben Laden, qui incarne à leurs yeux cet islam unifié censé mettre enfin un terme à la rapacité sans frein de l'Occident mécréant. Leur rêve doit être le cauchemar des autres. On a vu ainsi jusqu'à l'écœurement, depuis le 11 septembre, d'innombrables « experts » en géopolitique réciter les thèses simplistes de l'idéologue américain Samuel Huntington sur Le Choc des Civilisations. En 1996, prétendant démontrer l'inéluctabilité d'une confrontation brutale entre le monde occidental et le monde arabo-musulman, il exprimait plutôt, sur le mode de l'angoisse, le sentiment de vide ressenti par la classe dominante (le professeur Huntington a travaillé pour la puissante trilatérale) confrontée à la disparition du « bloc de l'est », et la nécessité de lui substituer un nouvel ennemi ontologique qui permette, par contraste, de déclarer que le système « démocratique » et « libéral » occidental est la moins pire des dominations. On ne serait pas étonné outre mesure d'apprendre que le livre de Huntington a inspiré les scénaristes [2] du 11 septembre, en leur fournissant un semblant d'idéologie cohérente. À l'inverse, la méchante déformation de l'islam prêchée par les illuminés wahhabites était tout indiquée pour obtenir, non par la volonté d'Allah mais sur ordre de ceux à qui est échu de gouverner un monde unifié, le redoutable statut d'ennemi ontologique unifié, symbole du pire censé advenir si le monde décidait un jour de se passer des bons services de ceux qui nous en protègent.


C'est pourquoi l'image de Ben Laden, qui rappelle tant les caricatures antisémites de la propagande nazie - comme si elles étaient parvenues, par la magie de la vidéo, à un plus haut degré de réalité -, doit être comprise comme une hallucination collective socialement organisée. Ben Laden se voit médiatiquement revêtu de tous les attributs du vieux satan biblique commandant à ses légions démoniaques, et il est en cela aussi l'héritier du rôle de bouc émissaire tenu par les juifs tout au long de la période de gestation du capitalisme, puis durant son développement sans entraves du XIXe siècle, jusqu'au pogrome industriel du régime hitlérien ; mais contrairement aux juifs, Ben Laden apparaît comme l'instigateur de complots bien réels. Ainsi la propagande la plus moderne, sur le modèle du nazisme, renoue avec les thèmes les plus abjects du christianisme, mais désormais elle peut les prouver par des faits concrets : la conspiration illusoire ourdie par un diable illusoire, Satan, s'est peu à peu matérialisée en une conspiration illusoire ourdie par un diable réel, le Juif, puis en une conspiration réelle ourdie par un diable réel, Ben Laden. C'est dans tous les cas un ennemi universel : Satan bien sûr, par définition ; les Juifs dont la communauté a été dispersée; et Ben Laden dont les agents sont partout. George Orwell, dans son roman 1984, pouvait déjà décrire le résultat prévisible d'un tel processus de personnification du Mal fondamental avec le personnage du Juif Emmanuel Goldstein, qui alimente chaque jour le programme télévisé des « Deux Minutes de la Haine ». On ne soulignera jamais assez la remarquable similitude entre les personnages de Ben Laden et de Goldstein, ce dernier ayant été lui-même inspiré de Léon Trotski qui, avant d'être assassiné, avait semblablement incarné, dans la Russie totalitaire, l'opposition à Staline, prétendument unifiée sous le vocable grotesque d'« hitléro-trotskisme » . Aujourd'hui, la définition médiatique de l' « islamiste » atteint les mêmes sommets dans l'amalgame. Ce mot, qui à l'origine ne signifie rien d'autre que « musulman pratiquant », désigne désormais indifféremment « Arabes », « musulmans », « fanatiques », « terroristes », etc. Certes, la manipulation de ce vocabulaire ne date du 11 septembre, puisqu'elle a déjà fait la fortune de divers partis d'extrême droite européens ; mais le 11 septembre en a fait un thème dominant du discours médiatique et politique mondial.


La seule image de Ben Laden terré dans sa grotte suffit donc pour déclencher, à l'automne 2001, une campagne militaire contre l'Afghanistan qui tourne instantanément à la bouffonnerie tragique. L'étiquette « taliban », signifiant pour l'occasion « complice d'Al Qaeda », justifie les pires exactions des seigneurs de la guerre, commises parfois avec la complicité active des troupes alliées. Qui décide alors, au final, dans le chaos afghan, si tel barbu en turban armé d'une Kalachnikov obéit au régime théocratique pro-pakistanais, et en conséquence doit être appelé un « barbare taliban », ou s'il obéit à un Dostom ou à un Atta Mohammed, et doit alors être appelé un « combattant de la liberté » ? Les centaines, peut-être les milliers de prisonniers entassés dans des conteneurs, exposés au soleil du désert et morts asphyxiés sont évoqués en passant comme étant les « dommages collatéraux » d'une grande victoire du féminisme : la possibilité pour les Afghanes - à leurs risques et périls... - d'ôter la grille de leur burqa. Massoud mort est élevé à la dignité de « grand démocrate », alors que la victoire des talibans, en 1996, est liée entre autres au fait que les Kaboulis la considéraient comme un moindre mal que celle de « l'Alliance du Nord », qui les avait déjà pillés et massacrés. Sous prétexte de traquer Ben Laden, c'est encore toute la zone du chantier du pipe-line de la compagnie pétrolière américaine Unocal - l'Afghanistan utile - qui peut être « nettoyée » : personne n'ira évoquer le probable rapport de cause à effet entre l'usage massif de bombes « antiblockhaus » lors des pilonnages alliés et le « tremblement de terre » qui frappe la région, permettant de camoufler des milliers de victimes civiles des bombardements en victimes d'une calamité imprévisible, et qui donne lieu à un répugnant débordement de cynisme « humanitaire ». C'est enfin l'épisode burlesque de la fuite, barbe au vent sur sa mobylette, de l'agent du Pakistan qui s'est fait mondialement connaître sous le nom de « mollah Omar », avant que « l'assemblée traditionnels des chefs coutumiers », la misérable « Loya Jirga », ne finisse par désigner, le plus sérieusement du monde, un salarié d'Unocal à la tête du nouvel État afghan... Et sous la direction éclairée de ses nouveaux maîtres, ce malheureux pays est replongé tout entier dans l'horreur d'une interminable de guerre de factions qui a désormais pour nom : pax Americana.


De la même façon, c'est le seul fantôme de Ben Laden, associé au souvenir de la « psychose de l'anthrax », qui permet aux États-Unis de faire dans la foulée main basse sur l'Irak et son pétrole tant convoité. L'affaire n'est cependant pas aussi simple qu'en Afghanistan : il leur faut d'abord briser l'accord de statu quo en vigueur depuis 1991, qui remet à plus tard (peut-être au jour de la mort de Saddam ?) le partage du butin irakien entre les vainqueurs de la guerre du Golfe. Dans ce but, les autorités américaines - et, sur leur même modèle, les alliés britanniques et australiens - n'ont pourtant qu'à appliquer la recette de la « menace bioterroriste », assaisonnée des habituels « liens présumés avec Al Qaeda », le tout reposant comme il se doit sur d'irréfutables « preuves secrètes ». Le résultat de ces manipulations est transmis aux médias sous la forme de délirants « rapports d'expertise » censés garantir scientifiquement que l'Irak de Saddam (ou plutôt ce qu'il en reste) s'apprête à détruire le monde à coups de gaz de combat et de virus mutant. L'invasion est dès lors inéluctable, quoi que puisse faire la diplomatie franco-allemande, représentante des intérêts de conglomérats comme Total, Dassault ou Bayer, pour repousser son échéance, notamment en imposant une vaine « médiation » de l'ONU et de ses ridicules experts : car, ayant déjà une fois fait semblant de croire les mêmes mensonges à propos de l'Afghanistan [3], les dirigeants européens sont tous devenus prisonniers de la logique « antiterroriste » qu'ils ont adoptée avec tant d'enthousiasme en septembre 2001. Ceux qui ont ainsi été parmi les principaux complices de la provocation du 11 septembre ne peuvent pas non plus échapper à ses conséquences, quelques néfastes puissent-elles être pour eux-mêmes. Les polémiques diplomatiques autour de l'Irak ont aussi fait apparaître immédiatement la précarité de la propagande « antiterroriste » unifiée mondialement. Moins de dix-huit mois après le « traumatisme » historique du 11 septembre, celui-ci ne suffit déjà plus à justifier la politique américaine ; et de fait, comme l'a montré la bourde d'une Condoleeza Rice grisée par la victoire avouant avoir menti au sujet de la présence d' « armes de destruction massive » en Irak, il est devenu clair que l'État américain a très largement gaspillé les bénéfices politiques et diplomatiques qu'il a engrangés le 11 septembre, et dont il n'a sans doute jamais mesuré l'ampleur réelle. Sa gestion désastreuse de cette « crise irakienne » qu'il a créée de toutes pièces a été à l'origine d'un mouvement pacifiste international qui, s'il a dans un premier temps été en grande partie phagocyté par la diplomatie franco-allemande, a pris aux États-Unis, en un temps record, une dimension qui a pu évoquer à nombre d'observateurs les grandes manifestations contre la guerre du Viêt-nam ; et l'armée américaine paraît vouloir confirmer cette menaçante comparaison, elle qui s'enlise toujours plus profondément dans « le bourbier irakien ». Même la capture, après neuf mois de chasse, du vieux bourreau Saddam n'a guère remonté le moral des GI's, qui s'effondre au rythme de leurs pertes - goutte après goutte. Ils doivent donc se satisfaire de ce que leur déclarait leur brillant chef suprême, dans une nouvelle tirade historique, à savoir que l'intensification de la résistance à l'occupation est le signe infaillible de son essoufflement imminent. C'était là le premier slogan orwellien de la propagande américaine, enfin en harmonie avec la réalité du terrain : car aujourd'hui, en effet, en Irak comme en Afghanistan, LA GUERRE C'EST LA PAIX.


La réalité impose ainsi d'ores et déjà à l'État américain de surenchérir dans le mensonge s'il veut espérer un soutien durable de ses citoyens à sa politique. Mais on l'a vu avec la « crise irakienne », au cours de cette inflation inéluctable, plus le mensonge est énorme, plus il nécessite la complicité générale des États et des médias du monde entier pour pouvoir être soutenu quelque temps, et plus il se fragilise, prêtant toujours plus le flanc aux attaques émanant des contestataires aussi bien que des clans concurrents de la domination. Il exige donc qu'augmente en proportion la crédulité des populations, qui doivent avaler des récits toujours plus fantaisistes, admettre des explications toujours plus rocambolesques, à un rythme qui défie les capacités de l'entendement : rien d'étonnant, dans ces conditions, à ce qu'arrive un moment où, en gros, plus personne ne croit plus rien de ce que matraquent les principaux médias. Politiciens, experts et journalistes sont tous, à juste titre, entièrement discrédités. C'est alors qu'on assiste à une division et à une spécialisation du travail dans le secteur de la propagande : le grossier mensonge de masse a désormais pour fonction principale de conforter dans ses dogmes fastidieux la foule des plus abrutis ; les autres, de plus en plus nombreux, qui manifestent des velléités de penser et de s'informer par eux-mêmes, doivent symétriquement obtenir satisfaction à leur légitime exigence d'un discours critique, qui émane des cercles moins compromis et moins discrédités. Ils peuvent être ensuite dirigés vers d'inoffensifs débats préfabriqués à leur intention, dans le cadre de ce que l'on pourrait appeler une propagande sournoise. Seule l'action conjuguée de ces deux faces du mensonge moderne garantit encore l'adhésion des masses au discours de la domination.


C'est la deuxième grande vague révolutionnaire du XXe siècle, celle des années 1960, qui a imposé cette manœuvre stratégique. Dans le cours de la répression, qui prend parfois des allures de guerre civile secrète, l'État américain a vite fait de théoriser sa pratique nouvelle en forgeant le concept d' « opération psychologique » (en novlangue officielle « psy-op »): celle-ci est destinée à manipuler une « opinion publique » devenue rebelle, à coups de fausses nouvelles qui se basent indifféremment sur des rumeurs invérifiables, des preuves falsifiées ou des aveux truqués, et qui prennent forme et corps au sein de cercles contestataires connus pour diffuser habituellement quelques vérités critiques. Plus personne aujourd'hui ne devrait pouvoir encore de bonne foi nier la réalité, ni même sous-estimer l'importance, de cet aspect du mensonge dominant, qui se présente d'ores et déjà comme la plus solide défense de l'ordre public.


Ainsi, quelques jours seulement après le 11 septembre, Noam Chomsky, le célèbre linguiste américain, membre de l'organisation anarcho-syndicaliste Industrial Workers of the World, et symbole de la « gauche radicale » universitaire américaine, entame une série d'entretiens donnés à des journalistes « indépendants » de divers pays, qui sont dès l'automne 2001 publiés en recueil sous le titre 11/9, Autopsie des terrorismes. Dans ce best-seller mondial, Chomsky affirme son soutien inconditionnel à la « guerre contre le terrorisme » déclarée par l'administration Bush : reconnaissant s'être engagé, avec ce qu'il appelle - sans doute par antiphrase - « les élites » intellectuelles, sur le chemin d'« une réflexion d'un genre qui aurait été inimaginable il y a peu de temps », il récite la leçon de la « défaillance des services de renseignement » qui aurait laissé le champ libre à l'« impénétrable » réseau Al Qaeda. A l'opposé des Wobblies dont il se prétend l'héritier, qui ont, eux, toujours su dénoncer sans compromission les provocations de l'État américain, au point d'en être eux-mêmes finalement victimes, Chomsky mérite donc désormais d'être considéré comme l'anarchiste d'État du crapaud Bush Junior (qui lui-même n'a sans doute jamais pu imaginer bénéficier un jour de l'appui d'un si respectable professeur) : sa fonction est de prouver, par l'exemple de son intarissable logorrhée, que la liberté d'expression existe toujours aux États-Unis. C'est la seule raison de son succès. En cela, Chomsky ne fait pourtant que tomber, à l'automne 2001, dans un piège aussi grossier que celui dans lequel on l'avait déjà si facilement pris à la fin des années 1970, quand il était devenu le Juif de caution de l'universitaire français Faurisson, qui mettait au goût du jour la version nazie de l'histoire niant que l'antisémitisme du régime hitlérien ait abouti à un programme d'extermination délibérée. Enfin, depuis son opus magnum sur les attentats du 11 septembre, Chomsky a tant multiplié les bourdes qu'il devait bien finir par s'attirer les foudres de l'un ou l'autre « anarchiste » orthodoxe. En France, cette tâche est acquittée par un certain Claude Guillon qui, dans un article intitulé justement « L'effet Chomsky ou l'anarchisme d'État », paru en octobre 2002 dans une revue intitulée Oiseau-tempête, reproche au linguiste d'avoir renié leur doctrine commune. Mais un Guillon, qui s'est lui-même radicalement refusé à comprendre ce qui s'est passé le 11 septembre (puisqu'il partage l'opinion de Chomsky sur le sujet), ne peut guère reprocher à Chomsky que d'être devenu (?) « réformiste », et non de cautionner une nouvelle fois des mensonges malodorants. Cette petite histoire ne manque pas, au final, d'une certaine dose d'inquiétante ironie, quand on sait que Claude Guillon assume sans problème sa vieille camaraderie [4] avec un autre défenseur repenti du nazi Faurisson, Serge Quadruppani, auteur de romans policiers et activiste de la mouvance « ultra-gauche » française.


Le premier, en 1865, le socialiste français Maurice Joly constatait, dans son extraordinaire Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu, la volonté de l'État moderne, en l'occurrence du Second Empire, d'unifier secrètement sous le contrôle de sa police toutes les nuances de l'opposition politique, jusqu'aux plus extrémistes, de manière à « détruire les partis, à dissoudre les forces collectives partout où elles existent, à paralyser dans toutes ses manifestations l'initiative individuelle », créant ainsi les conditions de son pouvoir absolu. Le Dialogue aux enfers, sur-le-champ censuré, son auteur emprisonné, sombre dans l'oubli avant d'être lourdement confirmé par l'histoire. Il réapparaît en effet au début du XXe siècle, réécrit par la section parisienne de l'Okhrana, la sinistre police secrète du tsar, sous le titre Protocoles des Sages de Sion, et diffusé dans le monde entier comme étant le programme secret d'une conspiration juive mondiale. Ce faux document, qui n'exprime finalement, dans le langage le plus moderne, qu'un très vieux fantasme antisémite, peut être considéré comme le manifeste de la première véritable « théorie de la conspiration ». Certes, les Juifs comme aussi les Jésuites ou les francs-maçons, ont avant cela souvent été accusés d'ourdir les plans les plus machiavéliques pour maintenir leur prétendue domination sur la société ; mais les Protocoles sont partout présentés comme la première preuve concrète de ces accusations, apparaissant du coup comme une étape fondamentale dans le processus, nécessaire au maintien de l'ordre, de matérialisation d'un ennemi ontologique. Le montage des Protocoles n'atteint pas son but initial, qui est de sauver le régime tsariste pourrissant : c'est seulement Staline qui saura, dans les années qui suivent la deuxième guerre mondiale, canaliser la colère de la population russe dans des pogromes antisémites. Le thème du complot juif est aussi, bien sûr, au fondement du succès de la propagande nazie, et aujourd'hui, nombreux sont les États arabes (où les Protocoles se sont même vu adaptés pour la télévision, en un feuilleton de trente épisodes intitulé Al Shatat) qui en ont fait un instrument essentiel de leur politique intérieure. Ceci explique directement, sans aucun doute, ce fait que tant de musulmans ont pensé que les attentas du 11 septembre étaient une provocation des services secrets israéliens, sur la foi de cette insistante rumeur selon laquelle les Juifs travaillant dans les tours du World Trade Center auraient tous été prévenus de ne pas s'y rendre au matin de l'attaque. Ce mensonge aberrant est parvenu à semer la confusion dans les esprits des musulmans des ghettos de France ou d'ailleurs, mais son origine antisémite est trop choquante pour qu'il soit possible d'être pris au sérieux par les non-musulmans.


En mars 2002, paraît à Paris L'Effroyable Imposture (sic !), un livre écrit par un ancien séminariste reconverti dans l'antifascisme militant, Thierry Meyssan, dans lequel sont réunies les thèses qu'il divulgue depuis l'automne par le biais du Réseau Voltaire, un organisme indépendant qui s'est acquis par ses enquêtes sur l'extrême droite européenne une certaine crédibilité et une petite notoriété. Meyssan soutient que la destruction de l'enceinte extérieure du Pentagone n'est pas due à l'impact d'un Boeing détourné par des kamikazes, mais plus probablement à l'explosion d'un véhicule piégé, ou à un tir de missiles ; et il conclut en affirmant que les terroristes appartiennent sans doute à des groupes néo-nazis infiltrés dans l'armée américaine. Cette « théorie », à première vue semblable à tant d'autres qui ont fleuri sur Internet dès le premier jour, obtient néanmoins un surprenant succès d'audience ; les médias de masse s'en emparent, parfois pour la défigurer (nombre de journalistes malveillants écrivent que Meyssan nie tout bonnement qu'il y ait eu un attentat à Washington), et entreprennent de la démolir méthodiquement, la dénonçant également comme étant le pendant « de gauche » des délires antisémites des Protocoles ou d'un Faurisson. Il est vite et aisément démontré qu'elle est tout à fait fantaisiste - au point que les journalistes peuvent, en s'en moquant, tenter une énième fois de refourguer leur marchandise avariée en l'étiquetant sans rire « information sérieuse et objective » -, et dès lors sa réfutation accompagne partout sa diffusion. Il est évident que les thèses de Thierry Meyssan n'ont pu accéder à la plus vaste tribune médiatique qu'à la double condition qu'elles y soient suffisamment réfutées, et que toute remise en cause de la version officielle leur soit amalgamée, et soit ainsi discréditée, sous le nom générique de « théorie du complot ». Trois mois après le livre de Meyssan paraît L'Effroyable Mensonge (re-sic !), signé par deux des principaux experts français des services secrets : tout en se conformant trait pour trait au schéma exposé ci-dessus, ce petit livre dévoile la genèse de ce qu'on peut appeler « l'opération Meyssan » ; les auteurs racontent, sans vouloir évidemment en tirer la moindre conclusion, comment Meyssan était en fait manipulé, depuis plusieurs années, par un commissaire en fonction de la Direction centrale des renseignements généraux, la police politique française. A la lumière de cette révélation, on se prend à penser que le mystère qui entoure les images restées secrètes de l'attentat contre le Pentagone a été peut-être organisé dans le but délibéré de laisser le champ libre aux thèses d'un Thierry Meyssan. Quant à ce dernier, rémunéré pour ses loyaux services par de juteux droits d'auteur, il a finalement obtenu un résultat certain et exemplaire : la destruction radicale de la crédibilité du Réseau Voltaire, désormais universellement considéré avec autant de sérieux qu'une secte d'ufologues. C'est cette liquidation totale dans le ridicule qui terrorise, à juste titre, tous les groupes et journalistes contestataires, et qui les pousse donc à écrire ce qu'on les autorise à écrire, à penser ce qu'on leur dit de penser. Leur survie sociale est l'enjeu de ce chantage.


« L'opération Meyssan » n'est que le couronnement médiatique, à destination du « grand public », d'une manœuvre qu'on peut observer depuis plusieurs années déjà, et qui consiste en une séparation arbitraire de toutes les opinions, plus ou moins marginales ou contestataires, en deux catégories opposées : d'une part, les « théories du complot », dites parfois aussi « théories de la conspiration », sur le modèle de l'expression américaine conspiracy theory, encore désignées par des néologismes : « théorie complotiste », ou « conspirationniste », « complotisme » et même « conspirationnisme » ; et les autres, dont certains ne craindront pas de s'autoproclamer « anticomplotistes », d'autre part. Cette opposition artificielle a pris une intensité spéciale aux États-Unis, depuis qu'ont été officiellement révélées quelques-unes des plus scandaleuses pratiques du FBI et de la CIA, et plus récemment en France - ce qui s'explique notamment par la présence de nombreux réfugiés italiens échappés à la répression « antiterroriste » des « années de plomb » [5], par l'écho remarquable obtenu par les fameux Commentaires sur la société du spectacle de Guy Debord, ou par l'étroitesse des liens tissés avec l'Algérie - ; mais elle n'épargnera bientôt plus aucun pays. Le 11 septembre, en exacerbant ce débat, en a aussi montré la complète fausseté : qui peut en effet nier que les attentats sont le résultat d'un complot véritable ? L'affirmer ne peut donc suffire à être étiqueté « complotiste » - à ce compte-là, qui ne l'est pas ? N'est en réalité appelée « complotiste » qu'une théorie, qu'elle soit sérieuse ou fantaisiste importe peu, qui se permet de prendre en considération certains faits qui sont purement et simplement niés par les autorités. Dans le cas particulier du 11 septembre, la dénonciation en général des « théories de la conspiration » revient dans la pratique à entériner l'explication officielle d'un complot mené à bien de bout en bout par la seule « nébuleuse » Al Qaeda : seule cette théorie complotiste - qui est au demeurant moins crédible encore que les élucubrations d'un Meyssan, et de surcroît suffisamment réfutée par d'innombrables révélations - ne mérite pas d'être appelée « complotiste », selon un procédé de définition autoritaire du vocabulaire qu'aucun parti totalitaire ne renierait. Par ailleurs, suivant une méthode aujourd'hui bien rodée, c'est dans la presse contestataire autoproclamée la plus « radicale » qu'apparaît, à propos du 11 septembre, une première dénonciation en bloc du « complotisme ». Début décembre 2001 en effet, bien avant le déclenchement de « l'opération Meyssan », est diffusé en France un numéro spécial, gratuit, de la revue Oiseau-tempête consacré au 11 septembre ; on peut y lire dans un article en première page que poser la question « à qui profite le crime ? » relève d'une « logique de commissariat ». Voilà bien tout le contenu véritable des querelles préfabriquées entre « complotistes » et « anticomplotistes » : une fastidieuse litanie de calomnies et d'insultes, où l'on a de part et d'autre bien de la peine à distinguer, en effet, autre chose qu'une « logique de commissariat ». Car ce qui se dégage de tout cela, c'est seulement une confusion des esprits qui interdit toute compréhension claire du mouvement réel de l'histoire. Il ne faudrait pas pour autant conclure que tous ceux qui dénoncent en bloc les « théories de la conspiration » sont nécessairement insincères : car si celles-ci sont désormais attaquées sans répit, et avec tant de haine, par les journalistes aux ordres et par les groupes contestataires altermondialistes ou anarchistes, c'est d'abord parce qu'elles sont souvent plus crédibles que les creux discours tenus par tout ce beau monde. Dans ce contexte si précaire, une ultime digue, en dernière analyse, protège d'un discrédit général et irréversible tous les « leaders d'opinion », et réfrène encore pour quelque temps un rejet insurrectionnel des menteurs aussi profond qu'en Argentine en décembre 2001 : la dénonciation compulsive et permanente d'une pseudo-idéologie « complotiste » risible d'incohérence, puisque forgée de toutes pièces par une très réelle police qui ne saurait être mieux définie que par l'expression d'Orwell, police de la pensée. Appelé à s'envenimer de jour en jour dans un climat de confusion croissante, ce faux débat est venu confirmer une sinistre conclusion du Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu : « la vérité ne pourra se faire jour nulle part.»


Tous ces phénomènes, considérés dans leur globalité, s'organisent distinctement comme les éléments encore épars d'une nouvelle superstructure idéologique universelle en formation - la religion unifiée d'un monde unifié -, au sein de laquelle les phénomènes idéologiques et religieux les plus divers tendent de plus en plus à s'intégrer, et qui peut d'ores et déjà se définir comme suit : cette religion est primitive, en ce qu'elle naît spontanément dans un environnement perçu comme dangereux et hostile [6] ; elle se développe selon une vision du monde manichéenne, dualiste, qui unifie en un tout cohérent des forces opposées, en laissant place à une certaine contestation à la fois secrète et publique, réprimée et entretenue ; elle procède d'une pensée magique, qui interprète tout en termes de forces occultes, partiellement maîtrisables par le biais de cérémonies magiques ; enfin elle prétend ouvertement dominer les esprits pour l'éternité. Cette nouvelle religion doit être ainsi comprise comme la conscience non scientifique des forces occultes qui dominent un environnement hostile. La comparaison s'impose d'emblée avec la religion dite « animiste » ou « fétichiste » qu'on rencontre en Afrique, récemment sortie des profondeurs de la brousse pour croître, en proportion de la misère et l'ignorance, dans les faubourgs géants des mégapoles de ce continent sinistré. Le fétiche est un puissant et dangereux instrument qui permet d'intervenir magiquement sur le cours des choses : dans la société moderne, ce rôle n'est-il pas de toute évidence tenu par l'image médiatique ? Dans cette perspective, les images des attentats du 11 septembre peuvent être considérées comme le fétiche qui a permis d'envoûter les populations occidentales, et les images de Ben Laden comme celui qui a permis d'exorciser leur légitime terreur. Comme le fétiche-objet primitif, le fétiche-image moderne contribue dans un même mouvement à établir et à masquer les véritables rapports sociaux. Comme lui, il apporte dans la pratique à son utilisateur un pouvoir effectif sur des individus paranoïaques.


Et certes, dans le cadre spirituel primitif et étriqué de la société moderne, la conscience de l'individu, en termes psychanalytiques, est sans conteste poussée chaque jour davantage à la paranoïa : s'enfonçant peu à peu dans un marais fait de rumeurs, de contre-rumeurs, de révélations invérifiables, de démentis douteux et d'exigences insensées, n'est-il pas normal qu'elle panique, jusqu'à chercher refuge dans le monde des anges et des démons ? Cette profonde déchirure intérieure qui torture l'être social contemporain - le « citoyen », comme l'appellent ceux qui refusent d'admettre que ce mot a depuis longtemps été vidé de tout son sens - est l'expression du refoulement d'une profonde et réelle déchirure sociale : l'incompatibilité devenue visible entre le mythe « démocratique » et la police totalitaire.









[1]. Dans le Defense News du 8 avril 1991 (cité par Howard Zinn dans A people's History of the United States 1492-Present, chapitre XXIII).

[2]. Nous entendons par « scénaristes » aussi bien ceux qui ont directement commandité les attentats que ceux qui ont orchestré sa médiatisation instantanée ; sans qu'ils soient forcément de mèche, à un même degré de de volonté consciente, il est certain qu'ils ont en commun les mêmes références, les mêmes goûts, les mêmes valeurs.

[3]. Les prétendues « preuves » d'un lien entre le régime taliban et les kamikazes du 11 septembre n'ont en effet pas davantage existé ; on sait même qu'au contraire, un officiel taliban a prévenu le gouvernement américain d'un risque imminent d'attaque.

[4]. (...) Faurisson présente l'intérêt d'avoir, dans le même temps où il prétend dénoncer un mensonge vieux de quarante ans, effectivement révélé de nombreux mensonges, et suscité parmi ses contradicteurs l'une des plus formidables productions de nouveaux mensonges de la décennie. » « Si l'on ne nous mentait pas, autant, et si maladroitement, sur Baader ou les chambres à gaz, il serait plus facile de distraire notre attention. » (Extraits de Suicide, mode d'emploi, par Claude Guillon et Yves Le Bonniec, Paris, 1982, éditions Alain Moreau, p.205 et 206).

[5]. Nombre de ces réfugiés italiens (au premier rang desquels le vieillard sénile Toni Negri) se sont mués, en dépit - ou plutôt à cause - du fait qu'ils ont été les premières victimes de manipulations policières, en hérauts de l'« anticomplotisme » le plus fanatiquement dogmatique : par naïveté, par fierté, pour ne pas voir s'écrouler certaines illusions, ou par fausse conscience.

[6]. Qu'on n'aille pas limiter ce constat à la « situation sécuritaire » internationale : il s'agit bien d'abord du désastre de l'hygiène et de la santé publiques, de la misère grandissante, du bouleversement climatique, etc.









Chapitre 3
Avant-propos

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